GEOPO_28 IFRI IFRI r�cup�ration du fichier au format texte Mai Ho-Dac cr�ation du header Mai Ho-Dac pretraitement et balisage du texte selon la TEI P5 Mai Ho-Dac 14/09/2009 CLLE-ERSS
Maison de la recherche 5 all�es Antonio Machado F 31058 TOULOUSE CEDEX

exploitable et diffusable pour la communaut� scientifique

ne peut �tre utilis� � des fins commerciales

Ga�l Raballand G�O�CONOMIE DU BASSIN CASPIEN IFRI www.ifri.org/files/Raballand_Caspienne.pdf

ANNODIS

projet financ� par l'ANR (Agence Nationale pour la Recherche), CNRS, 2007-2010, dirig� par Maire-Paule P�ry-Woodley, universit� de Toulouse - UTM

objectif : cr�ation d'un corpus de fran�ais �crit annot� discursivement

encodage des textes selon la norme de la Text Encoding Initiative, TEIP5

http://www.tei-c.org/release/doc/tei-p5-doc

GEOPO article document de travail geopolitique
french

ifri

G�O�CONOMIE DU BASSIN CASPIEN Ga�l Raballand Chercheur en �conomie lesballand@noos.fr

Document de travail

Le pourtour Caspien est capital pour le d�veloppement des pays d'Asie centrale et du Caucase. Pourtant, si on exclut l'Iran et la Russie (dont le centre de gravit� �conomique ne se trouve pas autour de la mer Caspienne), les �conomies de la r�gion sont de petite taille. Evalu� � parit� de pouvoir d'achat, le Produit Int�rieur Brut des cinq pays d'Asie centrale est inf�rieur � 200 milliards de dollars. Ce chiffre ne souffre d'aucune comparaison avec les grands pays asiatiques. Ainsi, le poids de la r�gion est inf�rieur � celui de la Malaisie, il repr�sente moins du tiers du PIB de l'Indon�sie, moins du quart de celui de la Cor�e et plus de 20 fois inf�rieure � la Chine ou au Japon.

L'exploitation des hydrocarbures doit renforcer consid�rablement le poids �conomique de ces Etats.

Quelles sont les sp�cificit�s des �conomies de la r�gion par rapport aux autres pays en transition ou par rapport aux autres pays riches en hydrocarbures ? En outre, comme elles ont choisi des politiques �conomiques parfois totalement oppos�es, il est pertinent de s'interroger sur les diff�rences de trajectoires. Pour avoir une approche comparative coh�rente, l'�tude se consacrera essentiellement aux pays de Transcaucasie et d'Asie centrale en se consacrant sur les pays riverains de la Caspienne et de facto en excluant l'Iran et la Russie.

En analysant les �conomies de la r�gion, il s'av�re que les �conomies du bassin Caspien sont confront�es � trois handicaps communs (I), et m�me si les trajectoires �conomiques se sont r�v�l�es bien diff�rentes (II), le syst�me �conomique sovi�tique reste tr�s pr�sent dans le bassin (III).

1. Les �conomies du bassin Caspien sont confront�es � trois handicaps communs
A) Le handicap g�ographique : des �conomies enclav�es

Les pays du bassin Caspien sont les seuls Etats du monde enclav�s avec des ressources importantes en hydrocarbures si on excepte le cas du Tchad. Comme l'a r�sum� Gian Maria Gros-Pietro, pr�sident d'ENI, "�tant donn� que le transport maritime est le mode de transport le moins on�reux, la principale question (pour le bassin Caspien) revient � d�terminer quel est le port le plus int�ressant �conomiquement. G�ographiquement, le Golfe Persique poss�de le plus d'attrait mais, dans ce cas, le p�trole Caspien sera en concurrence avec celui du Moyen-Orient".

L'Asie centrale est la r�gion au monde la plus �loign�e de la mer. Effectivement, le Golfe Persique est le plus proche d�bouch� sur la mer mais il se trouve, tout de m�me, � plus de 2000 kilom�tres � vol d'oiseau. Or, Tachkent se trouve � 4000 kilom�tres de P�kin, � 5000 kilom�tres de S�oul, � plus de 5500 kilom�tres de Singapour et � pr�s de 5000 kilom�tres de la mer Noire.

L'absence d'acc�s � la mer a un impact �conomique n�gatif. L'enclavement provoque un d�ficit de croissance tr�s important par rapport � un Etat c�tier. L'�tude empirique la plus large et la plus r�cente prouve que les Etats enclav�s souffrent par rapport aux Etats c�tiers d'un d�ficit de 1,5 % par an pour les pays � revenu faible et moyen. L'impact est tout aussi n�gatif sur le commerce, par rapport � un Etat c�tier, un pays enclav� commerce en moyenne 70 % de moins � niveau de d�veloppement et � taille �gaux.

La principale explication r�side dans le surco�t de transport li� � cette position g�ographique. Le transport maritime s'est consid�rablement d�velopp� depuis des si�cles car �tant le moyen de transport le moins on�reux. Il a �t� estim� que le transport continental est deux fois plus �lev� que le transport maritime. D'apr�s les calculs du FMI, les co�ts de transport sont, pour un Etat enclav� en d�veloppement, deux fois sup�rieurs � ceux consacr�s par un pays c�tier en d�veloppement. Ce surco�t est, par exemple, li� au passage des fronti�res. Au sein des pays de la CEI, la corruption, la faiblesse de l'Etat, l'�tat des infrastructures, l'absence de routes alternatives conf�rent une rente de situation aux Etats de transit et contribuent ainsi � l'appauvrissement des pays du bassin Caspien (cf. figure pour les m�canismes de transmission de l'enclavement sur le d�veloppement �conomique).

B) Le handicap historique : des pays en transition

L'analyse de l'h�ritage du syst�me �conomique sovi�tique est capitale pour comprendre les �conomies de la r�gion car, nonobstant des conditions initiales tr�s diff�rentes, elles ont atteint un stade de d�veloppement proche, notamment pour les pays du flanc sud de la Russie.

1. L'h�ritage du syst�me sovi�tique

M�me si les �l�ments n�gatifs pr�dominent, le sovi�tisme a eu des aspects positifs sur le d�veloppement �conomique de l'Asie centrale.

Tout d'abord, cette r�gion jouit d'un capital humain important : malgr� des signes peu encourageants aujourd'hui, l'analphab�tisme a toujours �t� inexistant dans la r�gion : 1 � 3 % de la population alors que ce pourcentage est proche de 40 % dans le cas de pays � faible revenus (ce que sont les pays d'Asie centrale).

L'Asie centrale et le Caucase se sont d�velopp�s moyennant des subventions directes ou indirectes, en grande majorit�, en provenance de la Russie. Au sein de l'Union, les deux pays les plus b�n�ficiaires de cette aide �taient le Kazakhstan et l'Ouzb�kistan. C'est ainsi que le premier a re�u des subventions �quivalentes en moyenne � 14,7 % par an de son produit national utilis� et 5,3 % pour le second. En terme de montant, les subventions vers�es au Kirghizstan et au Tadjikistan �taient inf�rieures. N�anmoins, en pourcentage, celles-ci �taient tr�s importantes tout du moins pour le Kirghizstan (15,5 %) et un peu plus faibles pour le Tadjikistan (8,8 %). Ainsi, dans le cas du Kirghizstan, par exemple, pr�s d'un sixi�me des biens consomm�s et des capitaux investis, chaque ann�e, �taient, en fait, des dons en provenance des autres R�publiques. Gr�ce � la distorsion de prix au sein de l'URSS, la fiction d'un commerce assez peu d�s�quilibr� �tait entretenue. Or, avec des estimations aux prix mondiaux en 1988, seul le Turkm�nistan et la Russie conservaient un commerce exc�dentaire tandis que le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizstan accusaient un d�ficit commercial sup�rieur � 15 % du PIB. La cons�quence de ce syst�me �tait une inefficacit� �conomique croissante. En 1970, le revenu national produit par habitant �quivalait � 83 % de la moyenne de l'URSS, en 1979, ce pourcentage �tait tomb� � 66 % et 51 % en 1989.

La contrepartie �conomique r�sidait dans une d�pendance des R�publiques du sud de l'Union vis-�-vis de Moscou notamment pour l'approvisionnement, la technologie et l'exportation.

Granberg (1993) a calcul� l'interd�pendance existant entre R�publiques de l'URSS. Il appara�t que, si les liens �conomiques avec les autres R�publiques avaient �t� coup�s � la fin des ann�es 80, le Kazakhstan et les autres R�publiques d'Asie centrale auraient tout juste produit le quart de leur produit national. La part de la Russie �tait pr�pond�rante puisque respectivement 42,5% et 36,3% du produit national du Kazakhstan et des autres R�publiques d'Asie centrale �taient le fait de la Russie. L'Asie centrale ne pouvait se passer �conomiquement de la Russie. Les exportations des pays de la r�gion vers les autres R�publiques d'URSS repr�sentaient au minimum 90 % du total des exportations et 85 % des importations avec des records pour le Turkm�nistan (avec 92 % pour les exportations).

L'h�ritage sovi�tique a produit des effets tr�s importants dans la phase de transformation post-socialiste dans la derni�re d�cennie.

2. Les difficult�s actuelles de la stabilisation macro�conomique

Tous les Etats du flanc sud de la Russie ont �t� confront�s aux m�mes ph�nom�nes macro�conomiques.

Malgr� les sp�cificit�s de chaque pays, la transition peut �tre caract�ris�e par plusieurs �tapes :

baisse tr�s importante des agr�gats de production entre 1990 et 1992 ; �clatement de la zone rouble � l'automne 1993 ; hyperinflation au cours des ann�es 1993 - 1994 ; reprise de la croissance en 1995 - 1996 ; impact de la crise russe (1998 - 1999).

Sur la d�cennie, le PIB a baiss� en moyenne d'un tiers pour les R�publiques de la CEI, le Kazakhstan ayant accus� une baisse de 30 % mais la chute �tant de pr�s de 50 % pour le Turkm�nistan.

Encore aujourd'hui, la stabilisation macro�conomique est difficile. Ces pays sont confront�s � un d�ficit chronique de la balance commerciale. Dans un contexte d'�rosion des ressources fiscales tr�s rapide, l'endettement est structurellement croissant.

L'endettement concerne aujourd'hui tous les pays de la r�gion (cf. tableau 1).

Les �conomies de la r�gion peinent � sortir de l'h�ritage �conomique sovi�tique et sont, de plus en plus, en voie de tiers-mondisation.

C) Le handicap �conomique : des �conomies en voie de tiers-mondisation
1) La paup�risation de l'Etat et des populations

A cause de la r�cession transitionnelle et l'�rosion des recettes, la marge de manoeuvre des autorit�s �conomiques s'est r�duite graduellement. Il est symptomatique de constater que l'illettrisme a notablement progress� dans la derni�re d�cennie. C'est d'ailleurs la seule r�gion au monde qui s'est trouv�e dans ce cas. La scolarisation dans les �coles primaires est ainsi en baisse sensible. Alors que ce pourcentage �tait proche de 100 % durant l'�poque sovi�tique, il est proche de 80 % aujourd'hui en Asie centrale selon l'UNICEF.

Malgr� les investissements du centre en p�riph�rie au sein de l'URSS, l'Asie centrale �tait la r�gion la plus pauvre de l'Union. Alors que le pourcentage de pauvres �tait en moyenne de 12,5 % au sein de l'URSS, cette moyenne �tait pour les cinq pays d'Asie centrale de 45 %. L'in�galit� et la pauvret� �taient ainsi pr�sentes en Asie centrale du temps de l'URSS, ces tendances ont �t� renforc�es dans la derni�re d�cennie. Hormis les deux grandes puissances r�gionales, Russie et Iran, tous les pays de la r�gion sont des pays � faible revenu, si ce n'est le Kazakhstan qui est � revenu moyen (cf. tableau 2).

La hausse de la d�mographie contribue encore au renforcement de la pauvret�. Hormis le cas du Kazakhstan et de l'Arm�nie, les pays de la r�gion ont connu une expansion d�mographique tr�s importante, atteignant presque 2 % par an dans le cas du Turkm�nistan et de l'Ouzb�kistan.

Les populations de la r�gion sont ainsi de plus en plus jeunes et avec des ressources limit�es. Aussi, l'�conomie parall�le, pour ne pas dire, criminelle, se d�veloppe. M�me si la production de drogue en Asie centrale reste assez faible, limit�e au Tadjikistan (vall�e de Pendjikent) et � l'Est du Turkm�nistan pour l'opium et les r�gions d'Issyk-Koul et du sud-Kazakhstan pour le cannabis, la r�gion est devenue la principale r�gion de transit de l'opium afghan. Il a �t� estim� que de 30 � 50 % de l'activit� �conomique au Tadjikistan est li�e � la production ou au commerce de drogue. Ce commerce pourrait �tre plus ou moins institutionnalis� si on se reporte aux scandales des derni�res ann�es impliquant des gardes-fronti�res russes, des officiels en charge de la lutte contre le trafic de drogue voire m�me d'officiels proches du Pr�sident turkm�ne, S.Niyazov. Avec les probl�mes d'autorit� rencontr�s par l'Etat et la pauvret� croissante des populations, la criminalisation des �conomies se renforce avec la multiplication des trafics (contrebandes, drogue) dans des r�gions fragilis�es comme le Tadjikistan, le sud Kirghizstan ou la G�orgie.

2. Une d�pendance accrue vis-�-vis de l'ext�rieur

Les �conomies de la r�gion sont ainsi devenues de plus en plus d�pendantes de l'aide et de l'investissement �trangers.

L'IDE (investissement direct �tranger) est n�cessaire pour mettre en valeur les ressources de la r�gion. Pourtant, il reste encore tr�s faible. Parmi les pays en transition, l'Asie centrale est le parent pauvre du point de vue de l'IDE. La BERD a calcul�, sur la p�riode 1989 - 1999, que l'IDE par habitant avait �t� de 668 dollars pour les pays d'Europe centrale et orientale. Pour les pays de la CEI, ce ratio �tait pr�s de cinq fois inf�rieur, s'�levant � 140 dollars. Si on excepte le Kazakhstan qui a attir� pr�s de 80 % de l'IDE en Asie centrale, l'IDE est inf�rieur � 50 dollars par habitant. Malgr� les hydrocarbures et les m�taux, l'Asie centrale n'a re�u que 0,3 % des IDE investis dans le monde sur la p�riode 1998 - 2000. Ce chiffre �tait nul dix ans plus t�t mais seuls les pays en d�veloppement du Pacifique sud ont attir� moins de capitaux que les pays d'Asie centrale sur cette p�riode de trois ann�es.

L'investissement est faible. Les pays de la r�gion ont ainsi recours � l'endettement ext�rieur. L'endettement total des pays du Caucase m�ridional et d'Asie centrale a d�pass� les 25 milliards de dollars, ce qui repr�sente en moyenne plus de 60 % du PIB de cette r�gion (voir tableau). Plus que le chiffre, c'est le rythme d'accroissement qui est inqui�tant. En effet, partis sans dette en 1992, ces Etats ont eu recours massivement � l'endettement � tel point que des pays de la r�gion font d�j� partie des pays les plus endett�s au monde dix ans apr�s l'ind�pendance, � l'instar du Kirghizstan et du Tadjikistan. La majorit� des pays Africains ont �t� confront�s � ces m�mes probl�mes dans les ann�es 80, � savoir trois d�cennies apr�s l'ind�pendance.

Dans ce contexte de n�cessit� de commercialiser les ressources naturelles pour faire face aux probl�mes de financement, l'exploitation des hydrocarbures rev�t une importance capitale pour ces �conomies. Les �conomies riches en hydrocarbures de la r�gion, Azerba�djan, Kazakhstan et Turkm�nistan, deviennent ainsi de plus en plus des �conomies de rente. Le commerce des pays de la r�gion se rapproche de plus en plus d'un pays en d�veloppement : ils exportent des mati�res premi�res et importent des biens � forte densit� technologique. Ainsi, la part du coton et de l'or dans les exportations totales de l'Ouzb�kistan est de 60 %, les m�taux et le p�trole repr�sentent 45 % des exportations totales du Kazakhstan et le gaz et p�trole, 50 % des exportations totales du Turkm�nistan.

3. Des �conomies de rente :

Les derni�res �tudes empiriques montrent que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les pays avec d'importantes ressources naturelles ont connu des taux de croissance plus faibles que ceux qui n'en avaient pas. "La mal�diction des ressources naturelles" est la r�gle et non l'exception.

Comme le remarquent Sachs et Warner (2001), aucune explication th�orique de ce ph�nom�ne n'est pour lors reconnue universellement. Plusieurs canaux de transmission de cette relation n�gative entre ressources naturelles et croissance ont �t� avanc�s : (1) un faible investissement dans l'�ducation (2) un comportement rentier de la part des dirigeants de ces pays (3) une confiance excessive dans l'avenir qui conduit � l'adoption de politiques �conomiques inappropri�es (4) la th�orie de la maladie hollandaise.

Il est important de savoir si les pays du bassin Caspien semblent ou non �chapper � la mal�diction des ressources naturelles en �tudiant la situation dans laquelle sont ces Etats pour ces diff�rentes questions.

Les pays du bassin Caspien sont, de toute fa�on, extr�mement d�pendants des hydrocarbures comme le montre le tableau 3.

D'apr�s Gylfason (2001), un pays est moins enclin � investir dans le capital humain (l'�ducation) lorsqu'il poss�de des revenus confortables tir�s des ressources naturelles. Empiriquement, cette corr�lation n�gative est v�rifi�e. Dans le cas des pays du bassin Caspien, il y a bien investissement plus faible dans l'�ducation mais ce mouvement est g�n�ral dans les pays de la CEI depuis l'ind�pendance. Cette baisse serait m�me moins faible pour l'Azerba�djan et le Kazakhstan (mais plus forte pour le Turkm�nistan), cf. tableau 4.

En revanche, on peut redouter de plus en plus le comportement rentier de la part des dirigeants des pays du bassin Caspien. Ainsi, l'Azerba�djan et le Kazakhstan se sont dot�s de fonds p�trole qui r�unissent tout ou partie des revenus li�s aux exportations d'hydrocarbures. Mais, dans les deux cas, contrairement aux recommandations des organisations internationales, ces fonds sont plac�s sous l'autorit� du pr�sident avec un droit de regard limit� pour le parlement, voire nul dans le cas de l'Azerba�djan. En outre, dans ce dernier, ce fonds est extra-budg�taire ayant pour cons�quence de siphonner une bonne partie du budget az�ri accroissant ainsi l'opacit� dans la gestion budg�taire.

La confiance excessive dans l'avenir est pr�sente dans les discours officiels puisque ces Etats se sont proclam�s "Kowe�t de l'Asie centrale" comme l'Azerba�djan et le Turkm�nistan. Pourtant, on en peut nullement les comparer � un pays du Moyen-Orient. Comme d�montr� dans la seconde partie, cette confiance a s�rement conduit le Turkm�nistan � l'adoption d'une politique �conomique vou�e � l'�chec.

L'une des questions r�currentes � propos de ces �conomies concerne la maladie ou plut�t le syndrome hollandais (dutch disease). Ces pays connaissent-ils aujourd'hui ce syndrome ?

Rosenberg et Saavalainen (1998) ont montr� qu'une adaptation aux �conomies en transition �tait n�cessaire pour appliquer les mod�les de base de cette th�orie. Les principaux sympt�mes de ce syndrome sont l'appr�ciation excessive du taux de change r�el (overshooting) apr�s la d�couverte massive d'hydrocarbures, un d�s�quilibre croissant des comptes courants et surtout une croissance sectorielle d�s�quilibr�e.

Dans le cas des �conomies en transition, le taux de change r�el est consid�r� comme sous-�valu� � l'�quilibre. Le ph�nom�ne d'overshooting et ses cons�quences sur l'�conomie r�elle ( perte de comp�titivit� internationale et d�s�quilibre des comptes courants, inflation par exemple...) est donc plus limit�. En outre, l'arriv�e de capitaux est normale dans le cas des pays en transition, voire n�cessaire, s'il est provoqu� par des investisseurs �trangers qui renforcent la capacit� productive du pays (dans le p�trole, le raffinage ou autre secteur productif � moyenne ou forte densit� technologique, par exemple).

Le principal souci, pour ces �conomies, concerne le d�s�quilibre de la croissance. D'apr�s la th�orie, on doit assister � un accroissement du secteur des biens non-�changeables (services) ainsi que celui du secteur extractif au d�triment des biens �changeables (manufacturier et agricole). Avec l'appr�ciation du taux de change r�el, la cons�quence est la perte de comp�titivit� du secteur des biens �changeables hors p�trole et, � terme, une hypertrophie du secteur des hydrocarbures. Or, c'est ce qui se passe aujourd'hui dans la r�gion. Ainsi, en Azerba�djan, c'est le secteur p�trolier et gazier qui a connu la plus faible baisse de sa production (-15 % entre 1992 et 1999). En revanche, tous les autres pans de l'�conomie ont connu des baisses catastrophiques : -68% pour la chimie et la p�trochimie, -71% pour la production cotonni�re, -84 % pour l'industrie agroalimentaire, -90% pour l'industrie l�g�re et m�me -93% pour la m�tallurgie. Le secteur p�trolier en Azerba�djan se d�veloppe en marge du reste de l'�conomie.

Enfin, la manne p�troli�re et gazi�re permet de faire perdurer le syst�me de contrainte budg�taire molle en subventionnant des entreprises dans les secteurs hors p�trole et gaz et ainsi maintient les dysfonctionnements des entreprises ainsi que les ph�nom�nes de gaspillage. La soci�t� p�troli�re nationale az�rie facture � ses clients un prix trois � quatre fois inf�rieur aux prix mondiaux. Avec les arri�r�s de paiement, on estime ainsi � 14% du PIB az�ri qui est vers� aux entreprises sous forme de subventions indirectes en �nergie. Aussi, il n'est pas �tonnant de constater encore aujourd'hui que l'intensit� �nerg�tique est tr�s forte dans les pays du bassin Caspien. L'Azerba�djan et surtout le Turkm�nistan (ainsi que l'Ukraine et l'Ouzb�kistan) sont les pays au monde qui produisent le moins rapport�s � un kilogramme d'�quivalent p�trole d'apr�s une �tude de la Banque Mondiale. En effet, en 1997, seulement 1,33 dollar �taient produits avec 1 kilogramme d'�quivalent p�trole d'�nergie consomm�e en Azerba�djan et ce chiffre n'�tait que de 0,98 pour le Turkm�nistan. En outre, en 1989, ce chiffre �tait sup�rieur (1,39 dollar) pour l'Azerba�djan, c'est � dire que l'on produisait plus avec la m�me quantit� d'�nergie consomm�e. Bien �videmment, dans les pays voisins, pauvres en ressources, l'�nergie consomm�e est bien mieux utilis�e. En Arm�nie, ce ratio �tait de 4,3 en 1997 et 7,7 en G�orgie, c'est � dire qu'on produisait pr�s de 6 fois plus avec la m�me quantit� d'�nergie.

M�me si le mod�le th�orique de dutch disease ne s'applique pas in extenso dans le bassin Caspien, des sympt�mes apparaissent d�j� tels que croissance sectorielle d�s�quilibr�e.

Les pays du bassin Caspien cumulent des handicaps li�s � l'histoire (avec la sortie du syst�me �conomique sovi�tique), � la g�ographie (avec l'enclavement) et � la fatalit� �conomique (avec la sortie du sous-d�veloppement).

Face � ces multiples d�fis, les Etats ont essay� de r�pondre de diff�rentes mani�res.

2. Aujourd'hui, il appara�t que les trajectoires �conomiques se sont r�v�l�es bien diff�rentes dans le bassin Caspien

Les politiques �conomiques men�es dans la derni�re d�cennie par le Kazakhstan et l'Azerba�djan, d'une part et par l'Ouzb�kistan et le Turkm�nistan, d'autre part ont �t� diam�tralement oppos�es. Pourtant, dix ans apr�s l'ind�pendance, les r�sultats des deux voies sont mitig�s. Plus que des choix voulus par les autorit�s en place, ils apparaissent plus comme des options impos�es par les conditions �conomiques initiales dans lesquelles se trouvaient les Etats de la r�gion.

A) La multiplicit� des trajectoires
1. Deux grandes approches : l'ouverture ou la substitution aux importations.

Deux grandes approches de politique �conomique s'affrontent sur le flanc sud de la Russie. La premi�re rassemble la majorit� des Etats de la r�gion. Il fut conforme aux souhaits de la communaut� internationale avec une ouverture commerciale et du march� des taux de change avec la convertibilit� de la monnaie nationale, un effort de privatisation des moyens de production pour attirer les capitaux �trangers. Le Kazakhstan et surtout l'Azerba�djan ont suivi tr�s t�t cette voie. Tous les pays de la r�gion sont, plus ou moins, se dirigent dans cette m�me direction.

La seconde approche regroupe l'Ouzb�kistan et le Turkm�nistan. Dans ce dernier pays, cette politique est men�e � son paroxysme. Ces deux Etats s'appuient sur un mod�le de d�veloppement autocentr� avec une substitution des importations. L'�conomie reste tr�s r�glement�e avec une absence d'ouverture commerciale et du march� des changes. Dans ces deux pays perdure l'Etat producteur. Ce syst�me repose sur un taux de change artificiel sur�valu� qui facilite l'importation de machines ou de biens n�cessaires � l'industrialisation du pays. Mais cette politique a un co�t �lev� qui explique les probl�mes actuels de financement de ces pays. Par le biais de la sur�valuation du taux de change officiel, un m�canisme d'incitation � l'importation a �t� mis en place au d�triment des exportations. Le FMI a ainsi calcul� que le transfert des exportateurs vers les importateurs �tait �quivalent � 16 % du PIB. Les trois piliers de ce syst�me sont la distorsion de prix, la ponction sur le secteur agricole (notamment sur celui du coton) et le m�canisme de redistribution au profit de secteurs class�s comme strat�giques par le r�gime. Il est indispensable que le coton soit achet� aux producteurs � un prix inf�rieur aux prix mondiaux. Le profit engrang� par l'Etat ouzbek, par exemple, permet ainsi l'investissement industriel. En 1996, le prix d'achat impos� aux producteurs (qui s'impose � tout producteur) �tait inf�rieur de 30 % aux prix mondiaux. Ce syst�me se d�veloppe �galement au Turkm�nistan au d�triment de l'agriculture et plus particuli�rement des petits producteurs. Le FMI a calcul� que l'Etat turkm�ne ach�te (au taux de change officiel) le coton et le bl� entre 50 et 60 % des prix mondiaux, ce qui repr�sente annuellement un transfert de l'agriculture au profit du reste de l'�conomie �quivalent � 15 % du PIB.

2. Des fortunes diff�rentes

En analysant le tableau sur la performance de la production entre 1989 et 1998, il appara�t clairement que c'est l'Ouzb�kistan qui sort vainqueur de cette confrontation avec le Kazakhstan et l'Azerba�djan. En effet, la baisse de la production cumul�e n'a pas d�pass� 15 % alors que la moyenne pour les douze pays de la CEI s'est �tablie � plus de 50 % sur la m�me p�riode.

N�anmoins, il serait r�ducteur de vouloir sacrifier le mod�le d'ouverture pr�n� par les organisations internationales dans la r�gion. En effet, le Turkm�nistan a connu des r�sultats bien plus mauvais que le Kazakhstan en pratiquant la politique inverse.

Plus que la politique �conomique, c'est la structure m�me de l'�conomie � l'ind�pendance qui a largement conditionn� le choix des politiques �conomiques suivies au cours de la derni�re d�cennie.

B) L'importance d�cisive des conditions initiales
1. L'importance de la politique �conomique

Sans nul doute, les options de politique �conomique choisies ont eu un impact sur les dix ann�es de transition.

En effet, la non-ouverture de l'�conomie ouzbek et la subvention de nombreux combinats par diff�rents biais comme les arri�r�s interentreprises ou le financement gr�ce � des banques publiques ont limit� la baisse du PIB. La production est ainsi rest�e artificiellement �lev�e dans certaines entreprises.

De m�me, les politiques kazakhe et az�ries ont provoqu� une paup�risation des populations d'autant que l'Etat joue de moins en moins le r�le de garant des politiques sociales. La politique �conomique est, pour une certaine part, responsable de la baisse des revenus et de la hausse du ch�mage. N�anmoins, elle a permis une reprise plus forte de la croissance dans la seconde moiti� des ann�es 90. Alors que le Turkm�nistan et l'Ouzb�kistan sont encore confront�s � des probl�mes structurels de stabilisation macro�conomique, le coeur du probl�me au Kazakhstan et en Azerba�djan est d�sormais la gouvernance �conomique et la gestion de la rente.

Ainsi, malgr� l'importance des politiques, il semble que des raisons plus profondes expliquent les diff�rences de trajectoires macro�conomiques dans les pays de la r�gion.

2. Pourtant la trajectoire macro�conomique r�sulte principalement des conditions initiales

Plus qu'un choix, c'�tait un devoir pour le Kazakhstan et l'Azerba�djan d'ouvrir leurs �conomies. En effet, ces deux pays avaient cruellement besoin de capitaux. La capacit� de financement domestique �tant trop limit�e, un syst�me autarcique �tait impossible dans ces deux pays. Ils avaient besoin de capitaux pour reconvertir l'appareil de production et d�velopper l'exploitation des hydrocarbures ou d�velopper la production m�tallurgique. Le Kazakhstan a toujours �t� une �conomie fond�e sur les industries extractives. Ainsi, en 1990, plus des deux tiers de la production industrielle kazakh provenait de ces industries. En revanche, l'Ouzb�kistan, est un pays agricole sp�cialis� dans l'industrie cotonni�re. Ainsi, les industries extractives ne repr�sentaient que 12 % de la production industrielle en 1990. C'�tait aussi le pays le moins industrialis� de tous les pays de l'ex-bloc de l'Est. Gr�ce � ses ressources, ce pays avait la possibilit� de devenir rapidement autosuffisant dans les domaines �nerg�tique et alimentaire. Enfin, la garantie de poss�der des revenus � l'exportation importants du fait du coton et de l'or (3 � 4 milliards de dollars annuels) pouvait permettre � l'Ouzb�kistan de mener une politique de substitution aux importations.

Le Turkm�nistan s'est, quant � lui tromp� de choix de politique. En effet, ce pays n'a pas les ressources suffisantes pour mener une politique de d�veloppement autocentr�. L'autosuffisance alimentaire est quasiment impossible �tant donn� la croissance d�mographique et les facteurs climatiques (son territoire est constitu� � 85 % de d�sert) si ce n'est au prix de graves dommages � l'environnement. Cons�quemment, les politiques d'investissement et de construction publiques se font au d�triment des cultures commercialisables comme le coton et en ayant recours massivement � l'endettement ext�rieur. La p�rennit� d'un tel syst�me est ainsi en cause d'autant que la principale hypoth�que r�side dans la volatilit� des revenus. En effet, encore aujourd'hui, ce pays est totalement d�pendant de la Russie pour ses exportations de gaz qui repr�sentent 80 % des exportations.

Nonobstant les conditions initiales tr�s diff�rentes et les politiques �conomiques diam�tralement oppos�es, les caract�ristiques �conomiques des Etats de la r�gion restent assez proches. Ceci s'explique par une r�manence du syst�me �conomique sovi�tique encore aujourd'hui. La sortie totale du syst�me n'a pas encore eu lieu et, sur de nombreux points, les �conomies de la r�gion fonctionnent encore sensiblement de la m�me mani�re.

3. Le syst�me �conomique sovi�tique reste tr�s pr�sent dans le bassin Caspien

M�me parmi les pays de l'ex-URSS, les Etats du bassin Caspien sont en retard dans les r�formes structurelles. Ainsi, aussi bien le Kazakhstan que l'Azerba�djan ou le Turkm�nistan poss�daient des indices cumul�s de lib�ralisation �conomique inf�rieurs aux pays de la CEI. De nombreuses caract�ristiques h�rit�es de la p�riode sovi�tique ont perdur�.

A. Un fonctionnement sovi�tique de l'�conomie : la subordination de l'�conomique au politique

Qu'on parle de jouzisme, de tribalisme ou de n�potisme selon les Etats, la r�alit� reste peu diff�rente. L'�conomie est subordonn�e � la politique dans la r�gion. Or, la pratique politique est, elle-m�me, le produit de plusieurs influences.

1. Les interactions actuelles entre soci�t�, pouvoir et �conomie, r�sultat de nombreux h�ritages.

Les soci�t�s centre-asiatiques se sont forg�es au contact de nombreuses influences ext�rieures. Ces diff�rents emprunts ont contribu�, d'une mani�re g�n�rale, � la constitution d'un pouvoir fort, voire autocratique, ayant une mainmise sur tous les pans de la soci�t� y compris l'�conomie.

Les pr�sidents de la r�gion ont repris une pratique autocratique du pouvoir. Ce qu'on appelle aujourd'hui la "m�moire de la d�mocratie" (democracy memory) est pour ainsi dire inexistante en Asie centrale. C'est pourtant un mythe relev� par Martha Brill Olcott (2001) que de penser que seuls les pr�sidents dirigeant avec une main de fer peuvent se maintenir au pouvoir dans la r�gion. Bien �videmment, le pouvoir pr�f�re se r�f�rer � la pratique autocratique mongole ou aux khanats de la p�riode pr�-sovi�tique pour diriger sans compromis aujourd'hui. Pourtant, comme l'explique Olcott, la majorit� des �lites urbaines (notamment dans les capitales) voudraient une solution plus d�mocratique. Mais ces Etats sont majoritairement ruraux et, m�me au sein des villes, la mentalit� est emprunt�e de cette conscience h�rit�e des campagnes. Or, dans la majorit� des campagnes centre-asiatiques, la conscience politique est tr�s faible et la majorit� des populations de la r�gion consid�rent que le pouvoir en place doit �tre symbolis� par un homme fort. Dans ces conditions, la soci�t� comme l'�conomie doivent �tre au service du pouvoir.

Li� � cette conscience politique dans les campagnes, on peut se r�f�rer � l'influence du milieu naturel. A ce propos, la th�se de Wittfogel (1977) sur l'Etat hydraulique semble tr�s pertinente en Asie centrale. D'apr�s lui, l'�conomie hydraulique qui a pour but l'irrigation et le contr�le des eaux est n�cessairement politique. Pour d�velopper efficacement l'agriculture, elle requiert une forte hi�rarchisation et une grande coop�ration entre les individus. Cette derni�re d�veloppant ainsi un fort communautarisme. Dans ces conditions, "le caract�re despotique du gouvernement hydraulique n'est pas s�rieusement contest�". Dans l'�conomie hydraulique, existerait m�me "une tendance cumulative au pouvoir incontr�l�". C'est d'autant plus pertinent pour l'Asie centrale que le Turkm�nistan, l'Ouzb�kistan ou le sud du Kazakhstan sont des pays d'oasis. Dans la r�gion, l'eau a jou� un r�le capital dans le d�veloppement des villes, r�gions et puis des Etats. En suivant le raisonnement de Wittfogel (1977), on peut mieux comprendre pourquoi un pouvoir autocratique s'est d�velopp� dans la r�gion. Cette influence de l'Etat hydraulique est probablement lointaine. N�anmoins, elle induisait une certaine pratique autocratique du pouvoir et une subordination de l'�conomique au politique. C'est exactement ce que le syst�me sovi�tique a promu en Asie centrale et dans le Caucase m�ridional. Et c'est cette influence, qui s'appuie probablement sur de nombreux h�ritages, qui reste tr�s vivace.

Du temps de l'URSS, la culture, l'�conomie et tous les pans de la soci�t� devaient �tre, co�te que co�te, au service de l'id�al politique qui �tait la construction du premier Etat communiste de l'histoire. Bien �videmment, ce syst�me politico-�conomique a eu des cons�quences f�cheuses sur l'�conomie qui restent pr�sentes m�me dans les entreprises. Par exemple, l'absence de responsabilisation des salari�s dans les entreprises est largement h�rit�e de cette �poque. Le probl�me de la comp�tence au sommet de l'entreprise est un probl�me �conomique r�current dans la r�gion.

Plusieurs influences expliquent ainsi l'absence de fronti�re claire entre pouvoir politique et �conomie. Ceci a des cons�quences tr�s importantes sur le fonctionnement actuel de ces �conomies. Cet effet pourrait m�me encore se renforcer si on se r�f�re aux ph�nom�nes apparus dans les Etats riches en hydrocarbures.

2. L'apparition de la maladie politique hollandaise dans le bassin Caspien

Empiriquement, il a �t� montr� qu'un afflux soudain de ressources financi�res li� � l'exploitation de mati�res premi�res renforce l'in�galit� de revenus. Lam et Wantchekon (2000) ont essay� de d�montrer quel �tait l'impact de cet afflux financier sur la gestion politique d'un pays. Dans ce cas, appara�t ce qu'ils ont appel� un ph�nom�ne de "political dutch disease" ou de maladie hollandaise politique. L'abondance des ressources provoque directement et indirectement une plus grande in�galit� de revenus. L'effet direct s'explique par l'enrichissement de l'�lite au pouvoir, l'effet indirect induit un appauvrissement de la population � cause des ph�nom�nes de maladie hollandaise. En �tant responsable de la distribution de la rente, l'�lite au pouvoir consolide son pouvoir car elle peut cr�er des groupes de pression de poids � peu pr�s �gal mais concurrents et ainsi diviser pour mieux r�gner. Ainsi, si cette th�orie �tait valid�e dans la Caspienne, le pouvoir des Pr�sidents Aliev, Nazarbaev et Niyazov ne seraient pas v�ritablement menac�s pour peu qu'ils sachent redistribuer une partie de leurs revenus � une partie de l'oligarchie dirigeante.

Le type d'exploitation des hydrocarbures est intimement li� � la situation politique comme le montrent Luong et Weinthal (2001) dans le cas des pays du bassin Caspien. En effet, elles expliquent que les strat�gies de d�veloppement des hydrocarbures sont fonction de deux �l�ments : la possibilit� ou non de se procurer des ressources alternatives � l'exploitation des hydrocarbures et le niveau de la contestation politique. Ainsi, en Ouzb�kistan et au Turkm�nistan, l'agriculture (et notamment le coton) fournit d'importants revenus aux budgets nationaux si bien que le pouvoir a pr�f�r� un engagement assez limit� des entreprises �trang�res et conserver aux mains de l'Etat le secteur p�trolier et gazier pour p�renniser le statu quo h�rit� de la p�riode sovi�tique. L'Azerba�djan a h�rit�, � l'ind�pendance, d'un appareil �conomique d�pendant �conomiquement des hydrocarbures et avec des ressources nationales de financement faibles. Aussi, a-t-elle d� faire appel aux entreprises �trang�res tout en conservant la mainmise sur ce secteur en maintenant dans le secteur public la compagnie p�troli�re nationale. En Russie, la privatisation du secteur a �t� "nationale" avec une faible participation �trang�re pour acc�der aux demandes des barons locaux et a, en cons�quence, limit� la contestation politique. Enfin, le Kazakhstan avait crucialement besoin de l'exploitation des hydrocarbures car ne poss�dant pas de source alternative de revenus sans investissement massif. Aussi, ce pays a eu recours � la participation importante des entreprises �trang�res. Comme la contestation politique a toujours �t� assez forte dans ce pays, Astana est all� plus loin en privatisant une partie du secteur pour faire rejeter la responsabilit� sociale de la crise �conomique sur les entreprises �trang�res. Tous ces points sont r�sum�s dans le tableau 6.

Cons�quemment, il appara�t que les strat�gies de d�veloppement des hydrocarbures sont li�es � des conditions �conomiques mais surtout � la situation politique. La gestion de la rente est corr�l�e � la force des institutions. Karl (2000) explique qu'au regard des exp�riences au Moyen-Orient et en Am�rique latine que de v�ritables institutions politiques et sociales aient �t� mises en place avant que le boom p�trolier n'intervienne.

On peut douter de l'efficacit� �conomique des institutions politiques aujourd'hui dans le bassin Caspien. Von Hirschhausen et Waelde (2001) d�crivent l'Etat dans les �conomies du bassin Caspien comme �tant "autocratique, domin� par des structures de clan..., (pays) o� il n'existe pas de s�paration entre Etat et �conomie". L'Etat est devenu source de profit car le secteur priv� reste assez faible et vuln�rable lorsqu'il n'est pas li� au pouvoir. Il existe aujourd'hui une r�manence du dirigisme �tatique. M�me le pays o� le secteur avait �t� le plus ouvert, le Kazakhstan, proc�de � une certaine reprise en main avec la constitution d'un monopole d'Etat, Kazmouna�gaz, au printemps 2002. Reviennent �galement r�guli�rement des d�clarations d'officiels pour remettre en cause les contrats d�j� sign�s avec les entreprises �trang�res.

Dans la r�gion, l'Etat est de plus en plus discr�dit� par le secteur priv�. Parmi vingt pays en transition �tudi�s en 2001, l'Azerba�djan �tait le pays o� l'indice de capture de l'Etat �tait le plus �lev�, c'est dire que les entreprises interrog�es percevaient une corruption de l'Etat � tous les �chelons. Le probl�me crucial aujourd'hui reste celui de la gestion de la rente. En 2000, sur 90 pays �tudi�s par Transparency International pour conna�tre la perception de la corruption, le Kazakhstan �tait 66�me, la Russie 83�me et l'Azerba�djan 87�me. En 2002, ces pays sont respectivement 88�me, 74�me et 95�me sur 102 pays �tudi�s, c'est dire que la situation s'est am�lior�e sensiblement en Russie mais s'est d�t�rior�e au Kazakhstan et reste catastrophique en Azerba�djan. Dans tous les pays de la r�gion, le pouvoir politique a d�sormais la mainmise sur le secteur p�trolier. En Azerba�djan, le fils du pr�sident, Ilham Aliev, est vice-pr�sident de la compagnie p�troli�re nationale et au Kazakhstan, le second gendre du pr�sident, Timour Koulibaev, est vice-pr�sident de la compagnie p�troli�re et gazi�re nationale, Kazmouna�gaz.

Comme dans le syst�me sovi�tique, l'�conomie, notamment avec le secteur p�trolier et gazier, est subordonn�e au pouvoir politique. Mais le syst�me �conomique sovi�tique reste pr�sent notamment dans le fonctionnement m�me de ces jeunes �conomies.

B. Le fonctionnement des �conomies du bassin reste tr�s sovi�tique

Bien �videmment, avec la d�sint�gration de l'URSS, les �conomies du flanc sud de la Russie ont entam� une s�rie d'�volutions capitales. Pourtant, derri�re certains chiffres se cache une r�alit� un peu diff�rente mettant en exergue la perp�tuation de l'ancien syst�me �conomique.

1) malgr� la d�sint�gration commerciale, la Russie reste le principal partenaire �conomique dans la r�gion.

Il est vrai que le commerce entre ex-R�publiques de l'URSS a fait une chute sans pr�c�dente puisque pour les pays d'Asie centrale, il est pass� d'environ 90 % � 30 % en moyenne. Pourtant, les ex-R�publiques, notamment la Russie, sont encore des partenaires commerciaux privil�gi�s. Le commerce avec la Russie repr�sente encore plus du quart du commerce total (et plus de 40 % des importations).

Le commerce avec la Russie a d�clin� dans la mesure o� ces Etats riches en hydrocarbures n'exportent pas d'hydrocarbures vers la Russie, elle-m�me productrice. Ainsi, c'est la part des autres pays d'ex-URSS qui reste assez importante : le Turkm�nistan commerce ainsi � pr�s de 30 % avec les autres ex-R�publiques (hors Russie) et l'Azerba�djan � plus de 10 %. Des pays comme l'Ukraine sont ainsi devenus des partenaires incontournables de ces pays producteurs de p�trole et de gaz. Le d�senclavement avec le flanc sud, symbolis� par l'Iran, reste encore assez hypoth�tique. Pour T�h�ran, le commerce avec toutes les ex-R�publiques de l'URSS (hors Russie) repr�sente moins de 3 % de son commerce total. M�me le Turkm�nistan, qui poss�de pr�s de 1000 kilom�tres de fronti�re avec l'Iran, ne commerce que faiblement avec son voisin du sud (11 % du commerce total).

Ceci est symptomatique du r�le �conomique encore jou� par Moscou. Derri�re les chiffres, perdurent certaines d�pendances �conomiques vis-�-vis de la Russie. Ainsi, le Kazakhstan et le Turkm�nistan sont, pour lors, quasiment exclusivement d�pendants de la Russie pour l'exportation de leurs hydrocarbures. Moscou poss�de ainsi un moyen de pression tr�s fort. Ainsi, suite au diff�rend opposant l'Etat turkm�ne � la soci�t� Gazprom � propos du montant des droits de transit pour l'utilisation du gazoduc de la soci�t� russe, le PNB turkm�ne avait chut� de 25 % en 1997.

L'Azerba�djan est, dans une m�me situation inconfortable, vis-�-vis de la Russie concernant la situation �nerg�tique int�rieure, tout comme le Kazakhstan. La production gazi�re est, aujourd'hui exclusivement consacr�e � la consommation int�rieure. En revanche, les exportations de p�trole sont en constante augmentation. C'est principalement du p�trole brut qui est export�. Le niveau actuel des cours de p�trole brut rend attractive cette option pour les Az�ris. En outre, le raffinage a consid�rablement chut� depuis 1992. En th�orie, la capacit� de traitement est de 20 millions de tonnes, mais certains experts l'estiment plut�t � 14 millions et la production de produits raffin�s n'a �t� que de 8 millions en 2000. Certaines r�gions sont ainsi confront�es � des probl�mes de p�nuries d'�nergie, principalement dans les r�gions rurales. L'Azerba�djan doit donc se r�soudre chaque ann�e � importer du gaz de Russie depuis 2000 pour ne pas conna�tre � nouveau la grave crise �nerg�tique qu'il avait travers�e � l'hiver 1999 - 2000. La soci�t� p�troli�re nationale a alors sign�, � l'hiver 2000, deux accords de livraison de gaz, l'un avec le duo de soci�t�s russe Itera et allemande Debis et l'autre avec la soci�t� russe Transnaphta. En 2002, Itera a livr� pr�s de 4 milliards de m�tre cube de gaz.

Ainsi, malgr� la chute des relations commerciales, la Russie reste extr�mement pr�sente dans le domaine �conomique sur son flanc sud.

2) Le tissu �conomique reste impr�gn� du syst�me �conomique sovi�tique

Le tissu �conomique, dans les pays d'Asie centrale et du Caucase m�ridional, reste empreint du syst�me �conomique ant�rieur de par la gestion, les pratiques etc. Les entreprises de la r�gion restent li�es aux anciens r�seaux fournisseurs et clients. A titre d'exemple, les anciennes pratiques commerciales, comme le troc ou les �changes de compensation, survivent.

L'imbrication des �conomies est illustr�e par le secteur crucial de l'�lectricit� au Nord du Kazakhstan. Ainsi, les compagnies russes d'�lectricit� conservent des positions fortes dans cette r�gion � cause d'arri�r�s croissants dans le domaine de l'�nergie. D�s 1996, Sverdlovskenergo (filiale du monopole Electricit� de Russie) avait acquis deux mines de charbon (Severnyi et Bogatyr) dans le bassin d'Ekibastouz (r�gion de Pavlodar, Nord Kazakhstan) pour mettre fin aux arri�r�s de paiement li�s aux fournitures d'�lectricit� vers cette r�gion. Un second pas a �t� franchi en septembre 2000 lorsque ces deux mines ont �t� int�gr�es dans une nouvelle soci�t� d�nomm�e Uraltek. Le charbon extrait est ainsi convoy� en Russie pour servir de combustible � quatre centrales thermiques russes. En janvier 2000, les Kazakh avaient annonc� qu'ils allaient se lancer dans la construction d'une voie de chemin de fer entre la r�gion de Pavlodar et la r�gion russe d'Omsk pour r�duire les co�ts de transport du charbon kazakh. Electricit� de Russie continue une politique o� le Nord du Kazakhstan est totalement int�gr� au r�seau sud-sib�rien. Ainsi, le monopole russe a acquis, en avril 2000, la moiti� des actions de la grande centrale thermique du Nord du pays (Ekibastouz-2). Cette prise de participation a �t� le fruit d'un accord intergouvernemental sign� en janvier 2000 � Moscou. Cela a mis fin � un diff�rend concernant la dette �nerg�tique du Kazakhstan vis-�-vis de son voisin du nord.

Le syst�me sovi�tique est ainsi toujours pr�sent. Joomart Otorbaev, vice-premier ministre kirghize le d�clarait derni�rement : " Il y a encore beaucoup de sovi�tique en nous, la mentalit� et les m�thodes pour la prise de d�cision... le syst�me sovi�tique de gestion qui a �t� enterr� avec l'Union sovi�tique est encore avec nous". Cette d�claration est d'autant plus int�ressante qu'Otorbaev semble �tre l'arch�type de l'�lite centre-asiatique "occidentalis�e". Parlant couramment anglais, ayant enseign� aux Etats-Unis, il fut repr�sentant de Philips pendant de nombreuses ann�es. M�me si les apparences semblent contraires, le syst�me sovi�tique est loin d'avoir disparu en Asie centrale et dans le Caucase m�ridional.

Conclusion

Azerba�djan, Kazakhstan et Turkm�nistan sont confront�s � des d�fis �conomiques communs tels que l'enclavement, la transformation post-socialiste ou encore tout simplement le sous-d�veloppement.

Pourtant, des deux c�t�s de la mer Caspienne, les politiques �conomiques men�es ont �t� fort diff�rentes. Malgr� ces diff�rences de choix, les trajectoires �conomiques de ces Etats restent assez semblables. Ces jeunes Etats restent encore bien empreints par le syst�me �conomique sovi�tique qui a fond� leur mod�le de d�veloppement pendant soixante-dix ans.

La perspective la plus cr�dible de sortie pour ces Etats devrait vraisemblablement provenir de leurs richesses min�rales. Encore faut-il �viter l'�cueil des Etats rentiers. Ceci est le plus important d�fi auxquels sont confront�es ces nouvelles �conomies ind�pendantes.

Bibliographie Alam (Asad) et Banerji (Arup), "Uzbekistan and Kazakhstan : a tale of two transition paths ?", Working paper, Banque Mondiale, Washington, num�ro 2472, novembre 2000, 25 pages. Beilock (Richard), Boneva (Palina), Jostova (Gergana), Kostadinova (Katerina) et Vassileva (Diana), "Road conditions, border crossings and freight rates in Europe and Western Asia", Transportation quarterly, Eno transportation foundation, Lansdowne (VA), volume 50, num�ro 1, hiver 1996, pages 79 � 90. Belkindas (Misha) et Sagers (Matthew), "A preliminary analysis of economic relations among Union Republics of the USSR : 1970 - 1988", Soviet geography, V.H. Winston & son, Silver Spring (MD), volume 31, num�ro 9, novembre 1990, pages 639 - 640. BERD, Transition report, BERD, Londres, 2000. CNUCED, World investment report 2001, CNUCED, Gen�ve, 2001. de Melo (Martha), Denizer (Cevdet), Gelb (Alan) et Tenev (Stoyan), "Circumstance and choice : the role of initial conditions and policies in transition economies", World Bank economic review, Banque Mondiale, Washington, volume 15, num�ro 1, janvier 2001. Djalili (Mohammed-Reza) et Kellner (Thierry), G�opolitique de la nouvelle Asie centrale, PUF, 2003. Esanov (Akram), Raiser (Martin) et Buiter (Willem), "Nature's blessing or nature's curse : the political economy of transition in resource-based economies", EBRD working paper, BERD, Londres, num�ro 65, novembre 2001. Eshanova (Zamira), "Central Asia : class struggles-extreme poverty endangers education", RFE/RL Report, RFE/RL, Prague, 31 ao�t 2002. Firdmuc (Jan) et Firdmuc (Jarko), "Disintegration and trade", CEPR discussion paper, CEPR, Londres, num�ro 2641, d�cembre 2000, 37 pages. Fischer (Stanley) et Sahay (Ratna), "The transition economies after ten years", IMF working paper, FMI, Washington, num�ro 00/30, f�vrier 2000, 44 pages. Fonds Mon�taire International, recent economic developments and selected issues, Fonds Mon�taire International, Washington, IMF Staff country report n� 00/121, septembre 2000, page 57. Granberg (Alexander), dans Williamson (John), "The economic interdependence of the Former Soviet Republics", Economic consequences of Soviet disintegration, Institute for international economics, Washington, 1993, pages 47 � 77. Gylfason (Thorvaldur), "Natural resources, education and economic development", European economic review, Elsevier, Amsterdam, volume 45, num�ro 4 - 6, mai 2001, pages 847 � 859. Hellman (Joel S.), Jones (Geraint), Kaufmann (Daniel) et Schankerman (Mark), "Measuring governance corrpution, and state capture", Working paper, Banque Mondiale, Washington, num�ro 2312, avril 2000. International Crisis Group, "Central Asia : drugs and conflict", ICG Asia report, num�ro 25, ICG, Och/Bruxelles, 26 novembre 2001, 31 pages. Kaiser (Robert G.), "U.S. plants footprint in shaky Central Asia", Washington post, 26 ao�t 2002. Karl (Terry Lynn), "Crude calculations : OPEC lessons for the Caspian region" dans Ebel (Robert) et Menon (Rajan), Energy, conflict in Central Asia and the Caucasus, Rowman & Littlefield, Lanham (MD), 2000, pages 29 � 54. Lam (Ricky) et Wantchekon (Leonard), "Political dutch disease", mimeo, ao�t 2000, 16 pages. Luong (Pauline Jones) et Weinthal (Erika), "Prelude to the resource curse", Comparative political studies, Sage, Thousand Oaks (CA), volume 34, num�ro 4, mai 2001, pages 367 � 399. MacKellar (Landis), W�rg�tter (Andreas) et W�rz (Julia), "Economic development problems of landlocked countries", IHS working paper, Institut fur H�here Studien, Vienne, num�ro 14, janvier 2000, 11 pages. McAuley (Alastair), dans Williamson (John), "The Central Asian economy in comparative perspective", Economic consequences of Soviet disintegration, Institute for international economics, Washington, 1993, pages 137 � 156. Narzikulov (Rustam) "The Central Asian republics" dans Williamson (John), Economic consequences of Soviet disintegration, Institute for International Economics, Washington, 1993, pages 429 � 452. Olcott (Martha Brill), "Revisiting the twelve myths of Central Asia", Working papers, Carnegie endowment for international peace, num�ro 23, septembre 2001, 22 pages. Pastor (Gonzalo) et Van Rooden (Ron), "Turkmenistan-the burden of current agricultural policies", IMF working paper, FMI, num�ro 00/98, juin 2000, 24 pages. Petri (Martin), Taube (G�nther) et Tsyvinski (Aleh), "Energy sector quasi-fiscal activities in the Former Soviet Union", IMF working paper, FMI, Washington, num�ro 02/60, mars 2002, 33 pages. Radelet (Steven) et Sachs (Jeffrey D.), "Shipping costs, manufactured exports, and economic growth", mimeo, 1 janvier 1998. Rosenberg (Christoph) et Saavalainen (Tapio) "dealing with Azerbaijan's oil boom", finance and development, FMI, Washington, volume 35, num�ro 3, 11 pages. Rosenberg (Christoph) et de Zeeuw (Maarten), "Welfare effects of Uzbekistan's foreign exchange regime", IMF working paper, FMI, Washington, num�ro 00/61, mars 2000, 24 pages. Sachs (Jeffrey D.) et Warner (Andrew M.), "The curse of natural resources", European economic review, Elsevier, Amsterdam, volume 45, num�ro 4 - 6, mai 2001, pages 827 � 838. Safronov (Rustem), "Turkmenistan's Niyazov implicated in drug smuggling", 29 mars 2002, www.erkin.net. Van Selm (Bert), The economics of soviet breakup, Routledge, Londres, 1997. Vavilov (Andrey) et Vjugin (Oleg), dans Williamson (John), "Trade patterns after inegration into the world economy", Economic consequences of Soviet disintegration, Institute for international economics, Washington, 1993, chapitre 6, pages 99 � 174. Von Hirschhausen (Christian) et Waelde (Thomas W.), The end of transition : an institutional interpretation of energy sector reform in Eastern Europe and the CIS", Most, Kluwer, Dordrecht, volume 11, num�ro 1, 2001, pages 91 � 108. Wittfogel (Karl A.), Le despotisme oriental, Editions de Minuit, 1977.
ANNEXE I : R�partition du commerce des pays du bassin Caspien en 2001