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Fran�ois Vergniolle de Chantal Les �lections de mi-mandat aux Etats-Unis (5 novembre 2002) IFRI www.ifri.org/files/CFE/midterm02.pdf

ANNODIS

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french

Le Centre fran�ais sur les Etats-Unis

CFE

Les �lections de mi-mandat aux Etats-Unis (5 novembre 2002) Fran�ois Vergniolle de Chantal Fran�ois Vergniolle de Chantal est docteur en Science Politique de l'IEP de Paris. Il est actuellement charg� de recherche au CFE (IFRI), et Ma�tre de Conf�rences en Civilisation Am�ricaine � l'Universit� de Bourgogne.

POLICY BRIEF DU CFE

15 JANVIER 2003

Les derni�res �lections de mi-mandat sont en opposition avec les sch�mas �lectoraux traditionnels : ce point a �t� soulign� � maintes reprises dans la presse. La victoire du GOP (Grand Old Party) s'inscrit en faux contre cette " loi d'airain " de la d�mocratie am�ricaine selon laquelle le parti du Pr�sident au pouvoir perd des si�ges aux �lections de mi-mandat. L'�lection de 2002 rejoint en ceci les pr�c�dents de 1934 et de 1998, o� des Pr�sidents d�mocrates ont r�ussi � enregistrer des gains �lectoraux durant leur mandat. A chaque fois, l'Ex�cutif a pris avantage de cette situation pour faire passer son programme dans des conditions ais�es. Le cas de FDR est, de ce point de vue, exemplaire. En 2002, le r�sultat de Bush est d'autant plus surprenant que le L�gislatif est rarement de la m�me orientation politique que le Pr�sident, et ce de mani�re de plus en plus fr�quente depuis la fin des ann�es soixante.

A un premier niveau, il semble ainsi que l'�lection de 2002 mette un terme aux blocages partisans trop souvent caract�ristiques de la vie politique am�ricaine. Le Parti r�publicain est maintenant en position de totale responsabilit�, tandis que le souvenir de la derni�re pr�sidentielle s'efface et, avec lui, le discr�dit qui entachait � la fois la Cour Supr�me et la Pr�sidence. N�anmoins, dans les faits, cette conclusion exag�re l'impact de la victoire r�publicaine. Comme on le verra, la fin d'un Congr�s d�mocrate est loin d'�tre suffisant pour modifier les �quilibres institutionnels : le mandat de Bush est fragile, et les contraintes qui p�sent sur ses d�cisions restent puissantes. A partir d'un bilan ponctuel de ces �lections, on tentera donc de valider notre �valuation plus g�n�rale.

I. Les �lections de mi-mandat du 5 novembre 2002 : une victoire de la Pr�sidence

Les �lections mettaient en jeu les 435 si�ges de la Chambre des Repr�sentants, 34 si�ges au S�nat, et 36 postes de Gouverneurs. Malgr� le second tour de l'�lection s�natoriale en Louisiane le 7 d�cembre dernier et l'�lection d'une S�natrice d�mocrate, les r�sultats d�finitifs constituent une victoire assez nette pour les r�publicains : ils d�tiennent dor�navant une majorit� de 51 si�ges au S�nat (47 d�mocrates), de 228 si�ges � la Chambre (203 d�mocrates), et de 26 Gouverneurs (24 d�mocrates). Ainsi, ils poss�dent maintenant tous les leviers institutionnels du pouvoir - la Cour Supr�me �tant majoritairement conservatrice depuis les ann�es quatre-vingt -, ce qui constitue une configuration extr�mement rare � l'aune de la pratique politique des vingt derni�res ann�es. Le " divided government ", l'opposition partisane entre Congr�s et Pr�sidence, caract�risant la vie politique am�ricaine de fa�on particuli�rement marqu�e depuis la fin des ann�es soixante. Bush Jr. se retrouve maintenant en position de force ; et tous les commentateurs ont soulign� la facilit� que cela lui procurait dans la lutte anti-terroriste, aussi bien que dans la gestion de la crise irakienne. Nous allons ici nous pencher sur les cons�quences purement partisanes et politiques sur la sc�ne publique am�ricaine.

Mais auparavant, il faut imm�diatement souligner que ce succ�s est imputable � la strat�gie individuelle du Pr�sident Bush. Il s'est personnellement impliqu� dans le d�roulement de la campagne, en jouant pleinement sur les r�gles localistes du scrutin. En premi�re approche, il semble que cette participation individuelle extr�mement forte, en proportion inverse de sa fragilit� issue de 2000, ait eu des cons�quences positives pour les r�publicains. Sa popularit� personnelle tr�s solide (60% de satisfaits) a rejailli sur son parti. N�anmoins, une analyse plus fine r�v�le rapidement que le comportement du Pr�sident a surtout eu des cons�quences sur le camp adverse, celui des d�mocrates. Ils ont �t� priv�s de toute marge de manoeuvre pour se distancier d'un Pr�sident qui n'a pas h�sit� � jouer la carte nationaliste pour s'assurer une vaste popularit�. C'est donc d'abord la focalisation sur le Pr�sident, sensible pendant toute la campagne, qui a conduit � la d�faite des d�mocrates. Leur absence de message fort a �t� flagrante. Tout comme le manque de figure charismatique pour se faire entendre, � l'exception, contestable, de Tom Daschle, S�nateur d�mocrate du Dakota du Sud (depuis 1986), et actuel pr�sident du groupe d�mocrate au S�nat (Senate Minority Leader depuis 1995). Si on prend les trois grands th�mes importants - les imp�ts, la s�curit� du territoire (homeland security), et l'Irak - les d�mocrates ont apport� la preuve de leurs divisions, tout particuli�rement en ce qui concerne la s�curit� du territoire. En effet, la r�organisation de l'Etat f�d�ral impuls�e par l'�quipe Bush a une cons�quence sociale lourde : elle conduit � modifier le statut de plusieurs cat�gories de fonctionnaires f�d�raux, dans le sens de la remise en cause de certains de leurs acquis sociaux. Le mouvement de consolidation des structures f�d�rales � l'oeuvre se traduit concr�tement par le regroupement des fonctionnaires f�d�raux sur le plus petit d�nominateur social commun. Etant donn� le poids des syndicats au sein du Parti d�mocrate, on aurait pu s'attendre � une r�action vigoureuse de leur part. Or il n'en a rien �t�. Le discours nationaliste l'ayant tr�s largement emport� de part et d'autre, il s'est av�r� �tre un pi�ge �lectoral particuli�rement efficace pour les d�mocrates. Au niveau des classes moyennes mod�r�es, les �lecteurs se sont tourn�s de pr�f�rence vers l'original plut�t que vers la copie : ils ont suivi les r�publicains plut�t que les d�mocrates. A l'inverse, au niveau des �lecteurs traditionnellement d�mocrates, le parti a souffert de son manque d'affirmation, de sa faible diff�renciation par rapport au GOP. Sur les autres sujets, le Pr�sident est aussi en mesure de mettre en oeuvre son programme. Il peut cr�er son fameux " Minist�re de la S�curit� du Territoire ". Il va pouvoir aussi faire p�renniser plus facilement son programme de baisse des imp�ts : Thomas Daschle n'est plus en position de s'opposer. De m�me, d'autres projets devraient b�n�ficier de cette nouvelle configuration politique : celui de la privatisation des retraites (Social Security), ou encore l'exploitation des r�serves �nerg�tiques de l'ANWR (Alaska National Wildlife Refugee), ch�re � un grand nombre des contributeurs de la campagne r�publicaine.

En fin de compte, le Parti d�mocrate donne l'impression d'avoir perdu sur les deux tableaux. Il semble �galement que les responsables du parti aient, tout comme dans les ann�es quatre-vingt, sous-estim� l'impact du " personnage " politique que s'est construit Bush : celui du Pr�sident " proche ", d�pourvu de toute pr�tention intellectuelle, mais honn�te, et capable de prendre une d�cision simple le moment venu. Reagan avait d�j� utilis� cette caract�ristique de la vie politique am�ricaine, qui revient r�guli�rement sur le devant de la sc�ne depuis Andrew Jackson dans les ann�es 1830. Dans une p�riode de crise et d'incertitude, les discours de type " Axe du Mal " sont bien per�us par l'�lectorat, � la diff�rence des flottements enregistr�s c�t� d�mocrate. Les responsables d�mocrates ont laiss� une impression d'inutile sophistication. On pourrait ais�ment prendre d'autres exemples en politique interne, mais l'id�e resterait la m�me : les d�mocrates n'ont pas saisi ce besoin de proximit� des �lecteurs, � la diff�rence d'un Pr�sident qui, lui, en use et abuse, notamment avec la lutte anti-terroriste.

C'est dans ce cadre g�n�ral que prend place la recomposition des forces au Congr�s et au niveau des Etats. Nous aimerions maintenant �voquer quelques-unes des personnalit�s marquantes qui �mergent de cette �lection, en commen�ant par le Congr�s, puis en se penchant sur les Gouverneurs. Une fois ce panorama achev�, nous conclurons sur les limites qui, � court terme, vont sans doute conduire le Pr�sident � une certaine mod�ration. Enfin, nous tenterons de tirer quelques conclusions g�n�rales sur l'�tat du syst�me politique am�ricain.

II. Les cons�quences partisanes de l'�lection

C'est bien s�r au Congr�s que la situation �volue le plus, et d'abord pour les d�mocrates. Face au Pr�sident Bush, les d�mocrates semblent tiraill�s entre un besoin de retour aux sources id�ologiques et une poursuite de la politique de mod�ration mise en oeuvre par Bill Clinton. Le choix de Nancy Pelosi, �lue de San Francisco, comme Minority Leader (responsable de la minorit� d�mocrate) � la Chambre des Repr�sentants, et le maintien de Tom Daschle � la t�te du groupe d�mocrate au S�nat traduisent, respectivement, cette tension. Nancy Patricia d'Alesandro Pelosi est une des plus �lues les plus " lib�rales " de la nation, c'est-�-dire, engag�e � gauche. Elle repr�sente le 8�me district de Californie depuis 1987, en �tant confortablement r��lue � chaque fois. Elle a construit sa carri�re sur la lutte contre le SIDA, et la fermet� de sa position vis-�-vis de la Chine. Malgr� son opposition au Pr�sident Clinton sur de nombreux points - et en particulier la question chinoise - elle est un des plus efficaces contributeurs (fund-raiser) du Parti d�mocrate. Elle si�ge par ailleurs � la Commission du Renseignement (Intelligence Committee) depuis le 107�me Congr�s, et dans celle d'attribution des cr�dits (Appropriations Committee) depuis le 102�me Congr�s. D�s janvier 2002, elle avait obtenu le poste de Minority Whip, ce qui l'avait propuls� � un des deux postes les plus importants du groupe minoritaire. A premi�re vue, ce sont les contributions financi�res obtenues par Pelosi qui lui ont valu cette importante promotion. Mais il reste que le message id�ologique est �galement clair : son engagement � gauche est un signal de radicalisation des d�mocrate.

Face � cette recomposition d�mocrate, les r�publicains ne sont pas en reste. Tout comme chez leurs adversaires, la tendance est nettement � la radicalisation id�ologique. Nancy Pelosi doit ainsi apprendre � cohabiter avec le Repr�sentant Tom Delay, Whip du parti, alli� indispensable du Speaker J. Dennis Hastert, et �lu du Texas depuis 1984. Sa r�putation de strict conservateur n'est plus � faire. Malgr� ses relations tumultueuses avec l'ancien Speaker Newt Gingrich, c'est bien T. Delay qui a r�dig� l'essentiel du programme conservateur de 1994 (Le Contrat avec l'Am�rique), en s'en prenant notamment � l'extension du pouvoir f�d�ral. Il aurait largement contribu� � la chute de Gingrich en 1997 et son remplacement par Hastert, le tout avec le soutien du " Majority Leader " Dick Armey. Ce trio - avec T.Delay occupant donc la troisi�me place - est plus que jamais fermement � la t�te du Parti r�publicain. Hastert est clairement le plus mod�r� des trois. Ancien professeur d'histoire, Hastert est un �lu r�publicain depuis 1986 pour la 14�me circonscription de l'Illinois. Sa promotion de Chief Deputy Majority Whip � celle de Speaker remonte � 1998, et fut organis�e avec comme message explicite de calmer les haines partisanes au sein de la Chambre. On ne peut pas en dire autant du Majority Leader, Dick Armey, nettement plus id�ologue. Elu de la 26�me circonscription du Texas depuis 1986, il est un ancien universitaire, �conomiste, partisan acharn� de Reagan, et qui acquiert sa position de pr��minence lors du 104�me Congr�s. Ses conceptions fiscales extr�mement conservatrices sont connues : il est partisan d'un taux unique d'imp�t f�d�ral sur le revenu - la fameuse " flat tax " � 17% - et s'�tait violemment oppos� � Bush Sr lors de l'augmentation des imp�ts en 1990. Son activit� intellectuelle est encore intense : outre une partie du programme de 1994, il a aussi �crit une s�rie de livres d'actualit� sur les n�cessaires r�formes � mener : Price Theory : A Policy-Welfare Approach (1977), The Freedom Revolution (1995) et The Flat Tax (1996).

Au S�nat, la situation est plus stable par d�finition. Mais l� aussi, le constat est identique : l'activisme id�ologique est de plus en plus marqu�, tout particuli�rement du c�t� r�publicain. C�t� d�mocrate, en effet, le pragmatisme des " Nouveaux d�mocrates " chers � Bill Clinton semble se poursuivre. Tom Daschle, Senate Minority Leader depuis plusieurs ann�es, repr�sente, avec, jusqu'� r�cemment, Richard Gephart � la Chambre, une poursuite du pragmatisme clintonien. Le Pr�sident trouvait en eux d'utiles relais au sein du l�gislatif, m�me si les ambitions des uns et des autres pouvaient occasionnellement perturber les relations. Apr�s les derniers r�sultats, la d�mission de Gephart a ouvert la voie � Pelosi, Daschle restant seul. Sa pratique des r�publicains au cours du 104�me Congr�s l'a habitu� � adopter une position souple, tout en tenant efficacement la base. Il a ainsi pu r�former les r�gles du S�nat lors du 107�me Congr�s dans un sens favorable aux d�mocrates. Son opposition au programme de Bush Jr est ferme - comme p.ex. sur les baisses d'imp�ts - mais sans caract�re id�ologique ou revendicatif comme certains le craignent de Pelosi. Daschle est maintenant consid�r� comme un des pr�sidentiables d�mocrates potentiels en 2004, et ce d'autant plus que Gore a officiellement annonc� en d�cembre dernier qu'il ne se repr�senterait pas. Mais au sein du GOP, la situation est radicalement diff�rente. Malgr� le d�part de certains " poids lourds " de la droite r�publicaine - Jesse Helms (Caroline du Nord) et Strom Thurmond (Caroline du Sud) - la rel�ve est assur�e par des �lus clairement ancr�s � droite : en l'occurrence Elizabeth Dole (�lue � 54%) et Lindsay Graham (qui recueille 55% des voix). Le principal responsable du groupe r�publicain �tait le S�nateur du Missouri Trent Lott jusqu'en d�cembre 2002. Elu en 1988, il devient le " Majority Leader " du S�nat en 1996, � la fin du 104�me Congr�s, lorsque Bob Dole se lance dans la campagne pr�sidentielle. Son parcours de r�publicain mod�r� - il travaillait pour un Repr�sentant d�mocrate lorsqu'il est arriv� � Washington en 1968 - a �t� r�guli�rement marqu� par des d�clarations embarrassantes. Par ailleurs, son arriv�e comme " Majority Leader " a coincid� avec l'�rosion de la majorit� r�publicaine. Lott n'a jamais r�ellement r�ussi � consolider ses troupes. Ses tentatives pour atteindre un consensus sont fragiles, et ne r�sistent pas � sa propension � tenir haut et fort des propos trop controvers�s. Le pragmatisme contrari� de Lott est le r�sultat direct de l'amenuisement de la majorit� r�publicaine jusqu'en 2002. Qu'en est-il maintenant que le GOP est dans une situation plus confortable, non seulement au S�nat, mais �galement � la Chambre et au niveau des Etats ? Peut-on s'attendre � une �volution sensible, peut-�tre plus radicale, du Parti r�publicain ? Pour l'instant, le nouveau responsable du GOP au S�nat, B. Frist, semble adopter une politique de stricte adh�sion � la Pr�sidence Bush. Mais il est encore trop t�t pour dire s'il va s'agir d'une personnalit� de transition ou bien s'il pourra s'affirmer.

Au niveau des Gouverneurs, les changements sont moins massifs qu'au sein du L�gislatif. N�anmoins, ce n'est pas une fonction � n�gliger : tous les derniers Pr�sidents d'envergure - Clinton, Bush Sr, Reagan et Carter - ont �t� des Gouverneurs avant d'atteindre la Pr�sidence. Que ce soit l'Arkansas, la Californie, ou le Texas, l'accession au poste de Gouverneur semble maintenant �tre un marche-pied efficace pour atteindre le poste le plus �lev� du pays. A ce niveau, une autre figure montante du Parti d�mocrate a acquis une certaine visibilit�. Il s'agit de Bill Richardson, qui vient d'�tre �lu Gouverneur du Nouveau Mexique en battant le r�publicain John Sanchez, 57% � 38%. En Europe, sa r�putation vient essentiellement de son action diplomatique, notamment � l'ONU, entre 1997 et 1998. Il �tait devenu membre de l'�quipe pr�sidentielle de Clinton en 1998, comme Secr�taire � l'Energie, avant de se lancer dans une carri�re politique nationale. Sa r�cente �lection constitue ainsi son premier succ�s sur la voie de l'enracinement �lectoral, un �l�ment qui, jusqu'� pr�sent, avait toujours manqu� � ce haut fonctionnaire. Ses prises de position traduisent une mod�ration certaine, m�me si ses engagements en faveur de la lutte contre la pollution ou l'extension de la couverture-sant� (health care) sont solides. A part ce nouveau venu sur la sc�ne �tatique, les autres r�sultats �taient attendus. La r�election de Jeb Bush en Floride n'est pas une surprise �tant donn� la soutien massif que son Pr�sident de fr�re lui a apport� : 56% contre 43% pour Bill McBride. En Californie, le d�mocrate mod�r� Gray Davis a �t� ais�ment r��lu (48% contre 42% pour son adversaire, Bill Simon), de m�me que le r�publicain - lui aussi mod�r� et lui aussi �lu en 1994 - de New York, George Pataki (� 50% contre 33% pour Carl McCall). La seule " surprise " vient peut-�tre du changement � Hawa� : cet Etat, historiquement d�mocrate, est pass� aux r�publicains en �lisant Linda Lingle � 52% contre 47% pour son adversaire. Les d�mocrates ont aussi recul� en G�orgie, en Caroline du Sud et dans le Maryland, o� leur candidate, Kathleen Kennedy Towsend, est la fille a�n�e de Robert Kennedy. Ils ne l'ont emport� clairement que dans des Etats industriels comme l'Illinois, le Michigan (avec Jennifer Granholm, une des �lues les plus en vue du Parti d�mocrate), et la Pennsylvanie.

II. Les limites de la victoire r�publicaine.

Au-del� de ces r�sultats, on peut lire les �lections de 2002 comme un effacement des controverses de la pr�sidentielle de 2000. Certes, les attentats du 11 septembre 2001 ont d�j� tr�s largement permis au Pr�sident d'asseoir sa l�gitimit�. Cette victoire charismatique a d'ores et d�j� �t� mise au cr�dit du Pr�sident. L'apport des derni�res �lections est un peu diff�rent, mais tout aussi sensible. Comme on le sait, la fragile majorit� r�publicaine du 107�me Congr�s (2000 - 2002) avait �t� remise en cause par la d�fection d'un S�nateur r�publicain mod�r�, qui, en se d�clarant non-inscrit, avait fait passer la majorit� du S�nat aux d�mocrates. Cet accident de parcours a maintenant �t� effac�. Les r�publicains ont r�cup�r� leur majorit� et ne d�pendent plus du vote d'un S�nateur non-inscrit. De m�me, la Cour Supr�me a maintenant retrouv� de son prestige, pourtant largement entam� par la " r�solution " de la crise de l'�lection pr�sidentielle en 2000. Son soutien en faveur du candidat Bush Jr se trouve maintenant valid� politiquement. Le Pr�sident peut ainsi consid�rer � nouveau la possibilit� de nommer des Juges conservateurs non seulement � la Cour Supr�me mais aussi aux cours f�d�rales inf�rieures. Alberto Gonzales est de plus en plus cit� comme choix potentiel du Pr�sident en remplacement de Rehnquist, actuellement Pr�sident de la Cour (Chief Justice), ou de la Juge O'Connor. Par ailleurs, le Pr�sident pourrait aussi tenter � nouveau de choisir le Juge Charles W. Pickering pour un poste dans une Cour d'Appel, pourtant rejet� par la Commission Judiciaire du S�nat en mars 2002. En clair, et plus g�n�ralement, les �lections de 2002 constituent une sortie de la crise de l�gitimit� issue de la pr�sidentielle de 2000. Tous les �l�ments ralentis ou d�cr�dibilis�s depuis la d�but de la Pr�sidence Bush sont dor�navant d�bloqu�s politiquement et institutionnellement.

N�anmoins, malgr� cette situation, il semble que le parti du Pr�sident doive mod�rer ses ambitions et g�rer un grand nombre de contraintes. Ainsi, en d�pit de la victoire des r�publicains, il faut largement en nuancer l'importance. Les caract�ristiques de l'�lection sont telles qu'il faut se garder de toute conclusion de long terme quant � la pr�sidentielle de 2004.

La participation �lectorale ne permet pas d'avoir une vue compl�te de l'�lectorat. La participation s'est �tablie � 39.3%, en hausse l�g�re de 2 points par rapport � l'an 2000. La participation n'a �t� v�ritablement �lev�e que dans quelques Etats bien pr�cis, comme le Minnesota (avec le soudain d�c�s du S�nateur P. Wellstone et la mobilisation autour de son remplacement), le Dakota du Sud, Etat d'origine de Tom Daschle : dans ces deux cas, la participation a pu atteindre 60%. Certains taux sont par contre curieusement bas. Ainsi des 45% du Maine, o� la participation est normalement beaucoup plus �lev�e. Ou encore, la Floride, dont le taux ne d�passe pas 43%, alors que les enjeux y �taient particuli�rement importants. Le Gouverneur de l'Etat, Jeb Bush, ayant en effet b�n�fici� d'un important soutien du Pr�sident, la m�diatisation de l'�lection a �t� particuli�rement intense. Dans ces conditions, il n'y a pas vraiment de raz-de-mar�e �lectoral en faveur du Pr�sident, et encore moins de r�alignement �lectoral. Une analyse plus pr�cise confirme ais�ment ce diagnostic :

A la Chambre des Repr�sentants, l'�lection s'est jou�e sur 30 circonscriptions au maximum, et 15 semblaient �tre r�ellement ouvertes (sur les 435 de l'ensemble). Les marges �lectorales ont �t� faibles, les probl�matiques �taient locales, et le financement a �t� surdimensionn� par rapport aux gains �lectoraux enregistr�s. Au S�nat, l� aussi les th�matiques nationales ont disparu, que ce soient les imp�ts, la question du remboursement des m�dicaments, ou encore le d�ficit budg�taire.

Ainsi, la pauvret� des marges �lectorales, auxquelles s'ajoutent le localisme des d�bats font de cette �lection une victoire r�publicaine � l'arrach�, bien loin de la pr�sentation journalistique sur le th�me de " l'exception " historique. En fait, la surr�action m�diatique est la grande caract�ristique de l'�lection de 2002. Les observateurs pr�voyant en majorit� une continuation de l'effritement des positions r�publicaines, les quelques gains du GOP ont, au contraire, conduit � accorder trop d'importance � des r�sultats somme toute ponctuels et/ou difficiles, sans tenir compte d'autres facteurs : la participation �lectorale et la " fragmentation " du d�bat nationale, bien s�r, mais aussi des facteurs plus institutionnels.

Au S�nat par exemple, la vraie majorit� n'est pas de 50, mais de 60, puisque c'est l� la majorit� n�cessaire pour emp�cher une obstruction parlementaire (filibuster). Dans ces conditions, et malgr� le renforcement de la majorit� r�publicaine, la continuit� devrait �tre la r�gle en pratique ! Le GOP n'a aucune chance d'atteindre ce seuil. D'une mani�re plus g�n�rale, et comme toujours dans le syst�me am�ricain, la complexit� de la proc�dure l�gislative est telle, qu'elle assure une mod�ration des r�publicains majoritaires. Autre �l�ment qui devrait favoriser la prudence de l'�quipe actuelle, la fragilit� de la structure �lectorale du GOP. Le Nord-Est est une partie du pays d�terminante pour les futurs succ�s du GOP : en effet, le Maine ayant �lu deux S�natrices r�publicaines mod�r�es, Susan Collins et Olympia Snowe, et celles-ci sont tout � fait n�cessaires pour n'importe quelle majorit�, m�me simple, au S�nat. Or ces deux �lues sont tout particuli�rement mod�r�es sur les questions de moeurs (l'une d'elle, Olympia Snowe, est m�me pro-choice). Dans ces conditions, le Parti r�publicain ne peut qu'adoucir ses prises de position, afin de conserver ses l�gers avantages sur les d�mocrates. Et ceci non seulement dans le domaine social, mais aussi dans d'autres. Ainsi, les derniers changements � la t�te de la Commission de l'Environnement (Environment and Public Works) au S�nat en t�moignent. La r�putation d'opposant syst�matique � l'EPA (Environment Protection Agency) du nouveau Pr�sident, James M. Inhofe, devrait s'alt�rer devant les n�cessit�s du compromis partisan. Ce sch�ma devrait se r�p�ter et se g�n�raliser au niveau de la collaboration institutionnelle.

Conclusion

Les �lections de 2002 ne permettent pas de conclure sur un mandat clair pour le Pr�sident Bush. Sa victoire, ind�niable, est somme toute modeste, et les gains enregistr�s au Congr�s ne sont pas tels qu'ils permettent au Pr�sident d'assurer le passage de ses principales mesures. A l'inverse, l'opinion publique, elle, per�oit bien les r�publicains comme �tant maintenant responsables � part enti�re. Dans ces conditions, les d�mocrates peuvent s'assurer un certain rebond �lectoral s'ils �vitent la marginalisation partisane qui est leur principal risque.

La seule conclusion � long terme que l'on semble pouvoir tirer de ces �lections est le quasi-�quilibre entre les diff�rentes institutions. Il y a une forme d'entropie institutionnelle qui ressort des chiffres d�finitifs de l'�lection rappel�s au d�but de cet essai. Cette situation est en clair contraste avec les �lections de 1994 : l'engagement id�ologique avait �t� tel que les impasses auxquelles cela a conduit ont traumatis� les �lus. Depuis lors, les responsables politiques jouent de pr�f�rence la carte de la mod�ration, au point que le rapport de force partisan s'�quilibre et bloque le processus d�cisionnel. En effet, la recherche de la mod�ration ne va pas jusqu'� cultiver le consensus avec le parti adverse. Il semble tout simplement que le risque politique ne paie plus sur la sc�ne publique am�ricaine.