exploitable et diffusable pour la communaut� scientifique
ne peut �tre utilis� � des fins commerciales
ANNODIS
projet financ� par l'ANR (Agence Nationale pour la Recherche), CNRS, 2007-2010, dirig� par Maire-Paule P�ry-Woodley, universit� de Toulouse - UTM
objectif : cr�ation d'un corpus de fran�ais �crit annot� discursivement
encodage des textes selon la norme de la Text Encoding Initiative, TEIP5
http://www.tei-c.org/release/doc/tei-p5-doc
A la veille de l'�lection pr�sidentielle, un groupe de r�flexion a r�uni chercheurs et diplomates ayant �t� impliqu�s depuis de nombreuses ann�es, dans les relations entre la France et les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient et appartenant � des sensibilit�s politiques diff�rentes. Leur point commun est leur conviction que la France se doit d'entretenir des relations politiques, �conomiques et culturelles fortes avec les pays d'une zone particuli�rement sensible o� elle a des int�r�ts vitaux. Il leur est apparu opportun de faire conna�tre leur analyse sur la situation actuelle de cette r�gion et de proposer quelques pistes de r�flexion qui pourraient �tre utiles � nos d�cideurs. Tel est l'objet du rapport joint � cette note de pr�sentation.
Le Moyen-Orient et, de fa�on plus g�n�rale, la zone qui s'�tend du Maroc � l'Afghanistan a toujours �t� une r�gion sensible o� se sont affront�s l'Orient et l'Occident, mais �galement les grandes puissances. De 1945 � 1989, elle fut le champ clos de la guerre froide sur fond de conflits isra�lo-arabes, ce � quoi s'est ajout�e la vision missionnaire de la r�volution iranienne. Aujourd'hui, apr�s le 11 septembre et les affrontements militaires qui se sont d�roul�s en Afghanistan, en Irak puis, tout r�cemment, au Liban, cette zone se trouve au coeur de turbulences d'une ampleur inconnue jusqu'alors qui repr�sentent non seulement pour les pouvoirs en place mais �galement pour notre s�curit�, au sens large, un d�fi majeur.
L'Irak est un pays en plein naufrage politique, �conomique et social ; le Liban est paralys� par le jeu d'influences contradictoires et le spectre de la guerre civile r�appara�t ; la s�curit� d'Isra�l a �t� gravement affect�e par son intervention contre le Hezbollah ; la question palestinienne est dans l'impasse ; l'Iran �merge, � travers les communaut�s chiites et l'affirmation de sa souverainet� nucl�aire, comme une menace qui affecte la r�gion et au- del� ; des acteurs non �tatiques qui recourent parfois � la violence se sont multipli�s ; des Etats se sont �croul�s ou se d�litent dans une sorte de processus de � somalisation � ; la menace terroriste s'est globalement amplifi�e.
Face � cette situation, les Etats-Unis, pi�g�s en Irak, sont sur la d�fensive ; l'Europe est politiquement marginalis�e m�me si son appui � la souverainet� du Liban peut �tre jug� positivement ; la Russie est de retour dans une zone traditionnelle d'influence ; l'Iran s'affirme comme une puissance r�gionale et un acteur incontournable.
Il en r�sulte que les perspectives d'avenir, si les tendances actuelles devaient se confirmer, sont pr�occupantes. Apr�s l'�chec de la Pax Americana, on peut craindre des �volutions plus radicales : un ordre islamiste, tout au moins dans certains pays, un chaos g�n�ralis�. Au mieux se v�rifierait une �volution moins extr�me comme un processus de d�gradation progressif et modul� selon les pays.
De telles �volutions ne sont pas une fatalit�. Pour arr�ter l'engrenage de violences dans lequel tombe cette r�gion ou la menace d'une telle �volution, il convient que, du c�t� des pays occidentaux, se d�veloppe une politique plus d�termin�e et soutenue. La France peut et se doit d'y apporter sa contribution.
Contribuer plus efficacement � la solution des principales crises r�gionales, ce qui comporterait les actions suivantes :
En conclusion, les turbulences qui affectent le Moyen-Orient ont atteint un niveau de haute intensit� qui repr�sente, pour les pays occidentaux et, plus sp�cialement, pour l'Europe, de grands risques, notamment dans le domaine de la s�curit� au sens large du terme : accroissement du terrorisme, perturbations dans notre approvisionnement en hydrocarbures, attaques contre nos forces au Liban, dislocation des Etats. En Afrique du Nord, la situation para�t plus contr�l�e, mais les menaces sont �galement pr�sentes et tendent � se renforcer comme l'ont confirm� les attentats d'avril 2007 en Alg�rie et au Maroc.
Traditionnellement tr�s pr�sente dans cette r�gion qui lui est si proche, la France, face � une �volution si pr�occupante, se doit d'�tre active et non pas seulement r�active comme elle a tendu � l'�tre au cours de la p�riode r�cente. Pour �tre une ann�e � risques, 2007 peut �galement constituer une ann�e d'opportunit�s qu'il nous appartient de saisir.
Les Etats-Unis, enlis�s en Irak, sont conduits � adopter un comportement plus pragmatique dans leur approche de la r�gion et, en particulier sur la question palestinienne, � prendre davantage en compte les vues de leurs partenaires occidentaux. L'Union Europ�enne, sous pr�sidence allemande, se veut d'ailleurs plus pr�sente tandis que le monde arabe, sous l'impulsion de l'Arabie Saoudite qui a r�ussi, notamment, � int�grer dans un m�me gouvernement palestinien le Fatah et le Hamas, �volue vers des positions sur lesquelles nous pourrions nous rejoindre � la faveur d'un dialogue intensifi�. En Iran, les �l�ments les plus durs, dont le chef de file est le Pr�sident Ahmadinejad, se heurtent � une contestation interne mesurant les risques d'un isolement international. Aussi l'initiative peut-elle et doit-elle �tre reprise, en partenariat, notamment, avec ceux qui, en Europe, partagent nos pr�occupations, dans une d�marche prenant bien entendu en compte le fait que les Etats-Unis demeurent pour la r�gion un acteur incontournable.
Cinq ans et demi apr�s les attentats du 11 septembre 2001, le bilan de � la guerre contre le terrorisme � para�t bien sombre au Moyen-Orient. Les combats font rage en Afghanistan, le nombre de tu�s ne cesse d'augmenter, l'influence des talibans s'�tend. En Irak, la situation est encore plus pr�occupante : le pays s'enfonce dans la guerre civile. Le Liban a �t� ravag� par le conflit de l'�t� 2006 et les clivages internes ont d�bouch� sur une guerre civile silencieuse. Enfin, en Palestine, aucune avanc�e vers un r�glement politique n'a �t� effectu�e, tout au contraire. Si l'on ajoute, aux deux � extr�mes �, le Pakistan et la Somalie, ainsi que la vaste zone du Sahara, on voit se dessiner un arc de crises ouvertes, une extension du domaine des guerres, une simultan�it� de celles-ci, sans pr�c�dents dans l'histoire de la r�gion.
De multiples liens s'�tablissent d�sormais entre chacun de ces conflits ; les hommes et les id�es circulent d'un bout � l'autre de l'arc. Ainsi, le d�veloppement des attentats-suicides en Afghanistan (inconnus pendant les dix ans de lutte contre l'occupation sovi�tique) est la cons�quence directe de l'exp�rience irakienne ; l'affrontement entre milices chiites et sunnites en Irak a contribu� � creuser le foss� entre les deux communaut�s dans toute la r�gion, particuli�rement au Liban. L'autonomie du Kurdistan irakien facilite la reprise des activit�s du PKK en Turquie. Les ing�rences iraniennes au Liban s'accentuent avec les pressions exerc�es par les Etats-Unis sur le dossier nucl�aire. Enfin, la question palestinienne reste, pour les opinions et les dirigeants, l'enjeu symbolique essentiel et sa r�solution demeure la condition n�cessaire � toute stabilisation de la r�gion.
Dans ces crises, on assiste � la multiplication des acteurs non �tatiques : le r�le des groupes arm�s en Afghanistan, en Irak, au Liban et en Palestine rend toute solution politique plus complexe que s'il s'agissait de n�gocier avec des Etats, d'autant que ces groupes sont soumis � la surench�re terroriste d'Al Qa�da. De plus, et la situation � Gaza comme au Liban le prouve, la possession par ces groupes de mat�riels parfois sophistiqu�s modifie les rapports de forces militaires : ainsi, pour la premi�re fois depuis la guerre de 1948 - 1949, une fraction importante de la population isra�lienne a d� abandonner ses foyers ou vivre dans des abris. L'hypoth�se d'une � somalisation � d'une partie de la r�gion ne peut �tre �cart�e dans un contexte de repli sur des bases communautaires, confessionnelles ou tribales.
L'affirmation de la puissance iranienne a �t� amplifi�e par les r�sultats de l'intervention am�ricaine en Irak. En �liminant deux de ses rivaux, le r�gime de Saddam Hussein et celui des talibans, les Etats-Unis ont favoris� un � d�s�quilibre � r�gional. L'Iran inqui�te d'autant plus ses voisins sunnites qu'ils agitent la menace d'un � croissant chiite � allant du Liban � l'Iran en passant par l'Irak et la Syrie, sans oublier les communaut�s chiites du Golfe. La rh�torique anti-am�ricaine et anti-isra�lienne du pr�sident Ahmadinejad rencontre un immense �cho dans toute la r�gion, populations sunnites incluses.
La situation r�gionale est aussi marqu�e par l'affaiblissement de la cr�dibilit� et la d�gradation de l'image des Etats-Unis, y compris aupr�s de leurs plus proches alli�s. Alors que le Pr�sident Bush a encore vingt mois devant lui, montent les interrogations de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte et de la Jordanie � l'�gard de l'administration am�ricaine qu'ils n'h�sitent plus � critiquer ouvertement. On le constate avec l'affirmation d'une diplomatie saoudienne qui a parrain� les accords de La Mecque et tente de r�concilier majorit� et opposition libanaise, sur des bases qui ne sont pas totalement conformes � la politique de Washington. Cet engagement de Riyad ne peut cependant masquer ni la faiblesse des pays arabes traditionnels (notamment l'Egypte), ni l'absence de l'Union europ�enne qui appara�t, sur la plupart des dossiers, soit paralys�e, soit � la remorque des Etats-Unis. L'effacement relatif des Etats-Unis offre cependant une occasion � d'autres puissances (la Russie, la Chine, la France, l'Union europ�enne) de pouvoir jouer un r�le sur tel ou tel dossier.
Cette situation de crises est d'autant plus pr�occupante qu'elle survient dans une r�gion bloqu�e politiquement, socialement et �conomiquement. Le Moyen-Orient est la seule partie du monde qui n'a connu aucune alternance politique r�elle depuis la chute du mur de Berlin : les m�mes dirigeants (ou leurs fils) sont au pouvoir, appuy�s sur des structures client�listes et r�pressives d'une ind�niable efficacit�. D'autre part, les retards dans tous les domaines du d�veloppement s'accumulent, comme le rappellent les diff�rents rapports du Programme des Nations unies pour le D�veloppement, suscitant le d�sespoir des populations, notamment des jeunes et des personnes qualifi�es, qui cherchent dans l'�migration � tout prix la solution de leurs probl�mes. La principale force d'opposition organis�e et disposant d'un soutien populaire est repr�sent�e par les mouvements islamistes, notamment les Fr�res musulmans, qui sont cantonn�s aux marges du pouvoir. La rh�torique � nous ou la dictature islamique � mani�e habilement par les r�gimes en place trouve une oreille complaisante aux Etats-Unis comme en Europe, d'autant que les oppositions nationalistes, lib�rales et progressistes se sont tr�s sensiblement affaiblies. Cette absence totale de perspectives collectives et individuelles alimente aussi les discours d'Al Qa�da et permet � cette organisation terroriste, en fonction de situations locales, de relancer p�riodiquement des attentats d�stabilisants, du Maroc � l'Arabie Saoudite.
La position singuli�re de la France en M�diterran�e et dans le monde arabe est un legs de l'Histoire. Elle proc�de tout � la fois de notre pr�sence s�culaire au Levant et de la colonisation fran�aise en Afrique du Nord. Sur la base de cet h�ritage s'est d�velopp�e une politique marqu�e d'une grande continuit� et b�n�ficiant d'un r�el consensus. Notre pays n'en est pas moins confront� dans cette r�gion aujourd'hui � des d�fis politiques, �conomiques et culturels majeurs.
Notre r�seau diplomatique reste le plus implant� � c�t� de celui des Etats-Unis. Notre pr�sence culturelle et commerciale est certes concurrenc�e, mais demeure primordiale. Des centaines de milliers de Fran�ais vivent et travaillent dans la zone. La France y conduit avec presque tous les pays des op�rations de coop�ration ambitieuses (coop�ration multiforme au Maghreb, politique libanaise, relation �troite avec l'Egypte, coop�ration militaire avec les pays du Golfe, int�r�ts �nerg�tiques, etc.).
La diplomatie fran�aise, � l'exception de celle des Etats-Unis, est incontestablement la plus active et la plus constante dans les prises de positions r�gionales. Elle a � son cr�dit, de la d�claration de Venise � l'accueil d'Arafat � Paris, de notre action au Liban � notre position sur l'Irak, un ensemble d'initiatives salu�es par la communaut� internationale. Cette politique arabe et proche-orientale participe � notre image internationale et lui vaut tout � la fois cr�dibilit�, authenticit� et soutien, mais aussi contestation dans le camp occidental.
L'Institut du Monde Arabe � Paris, institution intergouvernementale cog�r�e avec nos 22 partenaires arabes, est une magnifique vitrine de cette politique avec tout ce qu'elle comporte comme atouts en termes de r�alisation mais aussi de difficult�s en terme de gestion.
Au Maghreb, les gouvernements attendent de nous concours et, pour chacun d'entre eux, soutien exclusif. Les populations sont plus attentives � la coop�ration, � la libert� de circulation et � la situation des immigr�s chez nous.
Au Proche-Orient, nos prises de parole sont scrut�es et analys�es dans le d�tail. Nous y sommes attendus, sollicit�s et esp�r�s tant l'image d'une France compagnon de route des grandes causes arabes demeure encore enracin�e.
L'approche est diff�rente dans le Golfe o� nous sommes vus comme un partenaire privil�gi� pour se soustraire � un t�te-�-t�te trop exclusif avec les Etats-Unis.
Les perspectives pour la France dans tous les domaines y sont remarquables. En t�moignent tout r�cemment les op�rations du Louvre et de la Sorbonne � Abou Dhabi.
En d�pit des relations nou�es par le Pr�sident Chirac, de l'investissement personnel et politique consenti pendant les quinze derni�res ann�es, la relation semble d�senchant�e et incertaine.
Sans doute payons-nous le prix d'une personnalisation excessive et g�n�ralis�e de la relation politique. Nous avons fait un usage extensif des termes de coop�ration privil�gi�e, d'alliances exceptionnelles et de liens personnels au risque de diluer nos priorit�s, de banaliser notre relation et de donner le sentiment d'une politique plus th��trale que concr�te.
Mais ce constat, pour �tre �quilibr�, doit aussi conduire � reconna�tre que la qualit� et la chaleur des relations entretenues depuis quinze ans demeureront dans les esprits comme une r�f�rence positive, m�me s'ils s'accompagnent d'une certaine perte de sens de la coop�ration franco-arabe. Nous n'avons plus, comme au temps du G�n�ral de Gaulle, une vision pr�cise de ce qui fait l'originalit�, la constance et la force de notre rapport avec le Maghreb ou avec l'Egypte. Il faudra, � l'�vidence, reconstruire un syst�me de priorit�s, red�finir une perspective, se fixer des objectifs intelligibles et r�alisables pour nos opinions afin de combattre �galement une certaine lassitude de notre propre c�t�.
En for�ant le trait, nous jouons un r�le majeur dans les probl�mes mineurs et un r�le mineur dans les probl�mes majeurs. L'exemple palestinien est le plus probant m�me si le cas libanais semble le contredire.
A l'�chelle de la zone, on peut se demander si nous n'avons pas laiss� s'effriter la priorit� qui nous lie naturellement au Maghreb. Sans doute la coop�ration y reste-t-elle importante en chiffres ; mais l'investissement politique, la place d�volue � la relation �conomique, la valeur de l'aide fran�aise ne semblent pas � la mesure de ce que repr�sente et repr�sentera le Maghreb pour notre s�curit�, notre prosp�rit� et aussi pour l'harmonie de notre construction nationale au XXIe si�cle.
Plus g�n�ralement, nous semblons avoir perdu de vue la coh�rence de la construction euro- m�diterran�enne. Nous avons laiss� ce partenariat s'enliser sans marquer autant que nous aurions pu le faire l'importance majeure qu'il rev�t � moyen terme pour la France et pour l'Europe. De m�me, nous avons sembl� nous r�signer � ne figurer qu'� la marge dans les probl�mes globaux de la r�gion.
Ainsi, nous avons eu un r�le d�clamatoire tout � fait estimable sur les grands conflits palestinien et irakien, mais nous n'avons gu�re pes� sur le cours des �v�nements, m�me si notre position sur le dossier irakien, � c�t� de celle d'autres pays europ�ens et du Vatican, a affaibli tous ceux qui parlaient de la guerre en Irak comme d'un conflit de civilisation. De la m�me fa�on, la question iranienne et la d�fense du Trait� de Non Prolif�ration nous ont permis un ensemble d'initiatives remarqu�es au niveau europ�en. Mais nous n'avons pas abord�, comme cela sans doute aurait pu se faire, le probl�me plus large mais essentiel d'un syst�me de s�curit� collective r�gionale ; et nous n'avons m�me pas tent� de relancer l'initiative d'une charte de s�curit� en M�diterran�e dont nous �tions pourtant les initiateurs.
Enfin, sur le plan de la culture, de la communication, du rapprochement des soci�t�s, nous avons pratiquement abandonn� au niveau national comme au niveau europ�en l'entreprise urgente de constitution d'une politique d'�change et de dialogue avec les soci�t�s de la rive Sud de la M�diterran�e.
Plus g�n�ralement, notre diplomatie demeure marqu�e par le pass� et ne semble pas assumer les d�fis de la relation euro-arabe dans le si�cle qui s'ouvre. Nos partenaires ne sont pas seulement les h�ritiers de la relation historique de la France du XIXe avec le monde arabe de Mohamed Ali. Nous devons penser qu'ils sont et qu'ils seront de plus en plus des membres des jeunes �lites am�ricanis�es du Golfe et du Maghreb ou des �lites islamis�es de la r�gion.
Tout exercice d'anticipation sur une zone aussi sensible que le Moyen-Orient est � l'�vidence tr�s risqu�. Il ne peut �tre abord� qu'avec prudence et humilit�. Sur la base de la situation particuli�rement pr�occupante qui pr�vaut au Moyen-Orient et des tendances actuelles, plusieurs sc�narios peuvent �tre th�oriquement envisag�s.
Dans ce sc�nario, l'administration Bush atteint ses objectifs. La d�mocratie s'�tend au Moyen-Orient : des gouvernements responsables devant des parlements bien �lus s'installent progressivement et remplacent peu � peu les r�gimes dictatoriaux ou les monarchies absolues. Les politiques de r�forme progressent et contribuent � asseoir la prosp�rit� �conomique et la stabilit� politique. Les islamistes jouent le jeu d�mocratique, s'assagissent, font �lire quelques d�put�s dont l'influence reste limit�e. Le conflit isra�lo-palestinien conna�t une avanc�e d�cisive vers un r�glement. Le terrorisme dispara�t aussi bien dans la r�gion que dans les pays occidentaux. L'Iran renonce � sa � souverainet� nucl�aire � et conclut un accord de coop�ration dans le domaine civil avec les Etats-Unis et l'Europe. Ce sc�nario est �voqu� pour m�moire tant la r�alit� est loin des objectifs affich�s lors du lancement de l'initiative am�ricaine sur le � Grand Moyen-Orient �.
Les partis islamistes s'appuient sur la d�saffection des opinions envers leurs dirigeants accus�s de complaisance envers les Etats-Unis, voire l'Europe. Mobilisant des r�seaux d'influence qu'ils contr�lent et forts d'une organisation structur�e, ils prennent le pouvoir ou participent � des gouvernements o� ils tiennent les postes sensibles dans plusieurs pays : ils imposent un ordre moral et social. Le conflit isra�lo-palestinien est formul� en termes religieux comme un affrontement jud�o-musulman, voire en choc des civilisations. Isra�l voit sa s�curit� menac�e par des attentats fr�quents et une opposition de plus en plus affirm�e des Arabes isra�liens gagn�s � l'islamisme politique. Sa population diminue en raison d'un flux croissant d'�migrants caus� par la peur d'une ins�curit� g�n�ralis�e. Le r�gime des ayatollahs se renforce au profit des �l�ments les plus conservateurs. L'Iran acquiert des capacit�s nucl�aires lui permettant de se doter de l'arme atomique, ce qui entra�ne d'autres puissances r�gionales � faire de m�me. Des r�publiques islamiques s'installent, notamment en Irak et en Egypte. En Arabie saoudite, les �l�ments les plus r�trogrades de la famille royale contr�lent le pouvoir.
Dans ce sc�nario, la situation continue de se d�grader dans tous les pays. Les Etats-Unis s'engagent dans une s�rie d'aventures militaires qui tournent mal, notamment en Iran et peut- �tre en Syrie. Leurs troupes s'enlisent dans la guerre, se bunkerisent dans quelques places fortes d'o� elles ne sortent que par intermittence pour s'en prendre aux repaires d'o� attaquent terroristes et insurg�s. Al Qa�da et ses �mules amplifient leurs actions, y compris dans les pays occidentaux, et d�stabilisent des r�gimes dans la r�gion m�me. Un certain nombre de pays se fracturent : un Kurdistan ind�pendant est cr�� englobant la r�gion de Kirkouk ; le reste de l'Irak est aux mains de diff�rentes milices qui se partagent le contr�le du territoire, ce qui subsiste de gouvernement renon�ant � intervenir. L'Arabie Saoudite �clate en quatre pays pratiquement ind�pendants, le Hedjaz, le Najd, le Najran et le Hasa, ce dernier devenant un protectorat p�trolier am�ricain. La guerre civile reprend au Liban. Les minorit�s chr�tiennes quittent le Moyen-Orient. En Iran, les ayatollahs font face � de graves incidents : la r�action contre le pouvoir islamique tourne � la guerre civile. Compte-tenu de l'ins�curit� qui rend al�atoire l'exploitation des champs p�troliers et qui d�courage les nouveaux investissements, le prix du p�trole d�passe largement 100 $/ le baril. Les acteurs violents non �tatiques �tendent leur influence, entra�nant le Moyen-Orient dans un processus de � somalisation �. Les Territoires palestiniens �clatent en entit�s contr�l�es par le Hamas et les diff�rentes factions du Fatah. Isra�l, malgr� la barri�re de s�paration, est touch� par des attentats de plus en plus fr�quents dont certains sont le fait d'Arabes isra�liens. En repr�sailles des expulsions sont d�cid�es. Des groupes arm�s �tendent leur influence au Liban, en Jordanie, au Soudan, au Maghreb et dans certaines zones de la p�ninsule arabique.
Isra�l, face aux menaces croissantes provenant de son environnement, d�cide de reprendre l'initiative en frappant les installations nucl�aires iraniennes, d'en finir avec l'Autorit� palestinienne et de pourchasser le Hezbollah au Liban.
Le statu quo, au sens strict du mot, est peu concevable tant les �quilibres existant sont pr�caires ; mais les �volutions sont moins brutales. Les Territoires palestiniens sont progressivement � grignot�s � par Isra�l. Dans certains pays arabes, les pouvoirs en place, se sentant menac�s, arr�tent les processus de r�forme et l'ouverture politique : les oppositions sont durement r�prim�es ce qui entra�ne des troubles sporadiques. Dans d'autres pays, les � fr�missements d�mocratiques � se poursuivent dans un climat apais�. Gr�ce � l'entremise de l'Arabie Saoudite, un calme pr�caire est r�tabli au Liban et dans les Territoires palestiniens sans que les probl�mes de fond soient r�solus. En Irak, la situation reste difficile mais les violences baissent en intensit� sans pour autant que le gouvernement contr�le la situation. Le terrorisme qui se r�clame d'Al Qa�da poursuit ses actions sur les diff�rents fronts. Ainsi, comme c'est le cas actuellement, des zones de stabilit� (Isra�l, Syrie, Tunisie, Arabie saoudite, Jordanie, Maroc) c�toient des zones de turbulence plus ou moins contr�l�es (Territoires palestiniens, Irak, Afghanistan, Liban). Les zones de turbulences restent circonscrites. Mais la tendance g�n�rale est une lente d�gradation avec des p�riodes de crise suivies de r�missions temporaires.
Dans les faits, il est probable qu' aucun de ces sc�narios ne se r�alisera, m�me s'ils ont leur propre coh�rence. L'hypoth�se la plus probable sera sans doute composite, empruntant des �l�ments � chacun d'entre eux, avec des situations tr�s variables d'un pays � l'autre. Mais il est certain que le Moyen-Orient restera encore pendant de nombreuses ann�es une zone d'instabilit� : l'influence des mouvements islamistes persistera, les ressentiments anti- occidentaux resteront forts, le risque terroriste � l'int�rieur et � l'ext�rieur de la zone perdurera, l'�volution du march� des hydrocarbures restera sensible � la conjoncture politique, le sentiment d'une menace insidieuse persistera dans les pays occidentaux. Le pronostic g�n�ral reste inqui�tant si rien ne vient infl�chir les tendances actuelles.
Malgr� un contexte particuli�rement difficile, il n'y a pas en Afrique du Nord comme au Moyen-Orient de fatalit�. Que faire pour que les �volutions se fassent dans le bon sens? Quelle contribution la France peut-elle apporter � une action internationale visant � faire du Moyen-Orient une r�gion o� r�formes politiques, paix et d�veloppement �conomique puissent devenir des r�alit�s ?
Des le�ons du pass� et de la situation pr�sente on peut tirer quelques principes d'action :
L'ampleur et la diversit� de nos instruments administratifs et financiers au Maghreb est telle qu'un pilotage interminist�riel sp�cifique est n�cessaire pour en assurer la mobilisation optimale. Il pourrait, � cet �gard, �tre opportun de mettre � l'�tude la cr�ation d'un � Secr�tariat G�n�ral de Comit� Interminist�riel � (SGCI) pour le Maghreb destin� � se transformer � terme en � SGCI M�diterran�e � qui pourrait �tre pilot� par le minist�re des Affaires �trang�res.
Cette gestion interminist�rielle s'impose d'autant plus que la France se doit d'�tre � plus maghr�bine � que chacun de ses trois partenaires majeurs au Maghreb en prenant elle-m�me l'initiative de projets n�cessaires d'int�gration r�gionale (infrastructures, communication, formation,...) que ces Etats sont trop divis�s pour promouvoir � ce stade. Cette capacit� de proposition et d'initiative de notre pays s'appuiera sur l'allocation � une enveloppe r�gionale d'une partie des cr�dits jusqu'alors d�bours�s � titre bilat�ral. Cette approche r�gionale doit permettre de renouveler l'engagement de la Commission europ�enne, le co�t du � non- Maghreb � �tant �valu� � au moins un point de croissance annuelle.
Parall�lement � cet affichage de la dimension maghr�bine de notre action ext�rieure, il convient d'introduire plus de souplesse dans le dispositif de traitement des crises r�gionales. La division actuelle des Affaires �trang�res en directions g�ographiques place l'Iran et le Golfe en � Afrique du Nord/Moyen Orient � (ANMO), l'Afghanistan et le Pakistan en � Asie � et les r�publiques d'Asie centrale en � Europe �. Les probl�matiques �videmment partag�es dans la m�me zone de crise doivent s'accompagner de la mise en place d'�quipes transversales auxquelles seraient associ�es la direction strat�gique et la direction g�n�rale de la coop�ration et du d�veloppement (DGCID).
Par ailleurs, un diplomate de haut niveau pourrait �tre affect� au suivi permanent des questions islamiques. Il lui reviendrait d'assurer la liaison avec les organisations islamiques internationales (OCI) ou non-gouvernementales, notamment en assistant comme observateur � leurs conf�rences ou s�minaires. Ce � conseiller aux Affaires islamiques � aurait aussi pour mission d'expliquer et de pr�senter la situation de l'Islam de France qui est trop souvent l'objet de pol�miques ou de pr�jug�s � l'�tranger.
La t�l�vision francophone TV5 Monde diffuse ses programmes sur 8 signaux dont l'un, TV5 Orient, est propri�t� fran�aise. Ce signal pourrait �tre enti�rement consacr� � une diffusion bilingue arabe-fran�ais, le co�t d'une r�daction sp�cifique �tant �valu� � 9 millions d'euros (l'actuelle r�daction en fran�ais de TV5 Monde, forte d'une soixantaine de journalistes, revient � 11 millions d'euros, dont les deux tiers pour la France et un tiers pour les partenaires francophones). Les signaux TV5 Europe et TV5 Asie couvrant respectivement le Maghreb et le Proche-Orient, le public attach� � une diffusion purement francophone n'en serait pas priv� par � l'arabisation � de TV5 Orient qui toucherait, en revanche, une audience nettement plus vaste dans une zone formidablement � t�l�phage �.
Quant � Euronews, qui est devenue la deuxi�me cha�ne d'information d'Europe en diffusant ses programmes en sept langues, un budget de 4 millions d'euros lui permettrait de disposer d'un signal sp�cifique en langue arabe. Une dotation suppl�mentaire de 4 millions d'euros assurerait enfin � RMC-Moyen Orient (au budget actuel de 11,6 millions d'euros) la possibilit� de monter en puissance sur internet, processus que la radio am�ricaine Sawa a anticip� habilement, d�crochant la premi�re place au Proche-Orient. Ces trois chantiers m�diatiques (TV5 Orient, Euronews et RMC-MO) reviendraient � un co�t global de 17 millions d'euros. France 24, dont la dotation annuelle est d�j� garantie � 80 millions d'euros, pourrait �galement d�velopper sa diffusion en langue arabe, initialement limit�e � quatre heures quotidiennes. Une coordination d'ensemble de ces diff�rents m�dias s'impose.
La presse �crite panarabe, dont de nombreux titres �taient install�s il y a vingt ans � Paris, est d�sormais centr�e sur Londres. Quant aux cha�nes satellitaires du Golfe, de type Al Jazira (Qatar) ou Al Arabiyya (Duba�), elles ont conquis une popularit� impressionnante, entre autres au Maghreb. Les diplomaties anglo-saxonnes, mais aussi Isra�l, accordent une importance prioritaire � ces m�dias panarabes, o� ils s'efforcent d'intervenir syst�matiquement en langue arabe. Malgr� le pr�jug� favorable � l'endroit de la France, nous sommes pratiquement absents de ces m�dias.
Il convient de mobiliser nos ressources en expertise linguistique et r�gionale pour occuper de mani�re beaucoup plus d�termin�e cet espace strat�gique. Une unit� sp�cifique devrait �tre cr��e au sein du minist�re des Affaires �trang�res pour proc�der � un travail syst�matique de veille et de r�action, aujourd'hui trop fragmentaire et ponctuel. Une � public diplomacy � en langue arabe, avec participation aux d�bats les plus controvers�s, est essentielle pour retrouver une visibilit� t�l�visuelle et une lisibilit� politique. A c�t� des personnalit�s qualifi�es par leurs fonctions, les experts fran�ais, souvent tr�s respect�s � l'�tranger, devraient naturellement �tre associ�s suivant le th�me de l'�mission.
La France dispose au coeur de Paris d'un instrument d'influence et de diffusion incomparable que plusieurs pays europ�ens ont d�cid� d'imiter. L'Institut du Monde Arabe (IMA) est sur le plan culturel un r�el succ�s : Il s'est pleinement int�gr� au paysage culturel parisien. Il est cependant victime d'une crise structurelle, administrative et financi�re li�e, notamment, � son statut de fondation franco-arabe. Etablissement � caract�re culturel, il a besoin pour fonctionner de recevoir comme toutes les institutions de ce type, des subventions. Il couvre ses frais de fonctionnement par des ressources propres qui financent pr�s de 45 % de ses d�penses, ce qui, pour un �tablissement de cet ordre, repr�sente une performance tr�s satisfaisante. M�me si des progr�s peuvent �tre faits dans sa gestion, son d�ficit chronique est li� essentiellement � l'insuffisance des subventions qu'il re�oit de ses � actionnaires �, tant arabes que fran�ais. Il importe de le sauver par une r�forme tout � la fois financi�re et juridique : sur le plan financier, un plan de redressement doit �tre d�fini en pr�voyant une augmentation ad�quate de ses moyens ; sur le plan juridique, il convient de dissocier le b�timent proprement dit, construit et entretenu par la dotation franco-arabe, d'un �tablissement public de droit fran�ais qui serait charg� de la programmation culturelle et de l'animation intellectuelle. Alors que le minist�re des Affaires �trang�res est aujourd'hui le seul bailleur de fonds de l'IMA, les minist�res des Affaires sociales, de l'Education et de la Culture doivent �tre associ�s � la gestion et au financement de ce puissant facteur d'int�gration et de rayonnement.
Nous abordons une p�riode nouvelle. Le changement des �quipes politiques va nous amener � reconsid�rer nos priorit�s, red�finir nos objectifs, renouveler nos contacts. Cette r��valuation de notre politique r�gionale doit sans doute prendre en compte nos acquis qu'il s'agit de consolider ainsi que nos atouts pour en assurer la mise en valeur ; mais elle doit surtout �tre guid�e par une vision de notre relation qui soit plus moderne, plus ouverte, plus audacieuse, en tout cas conforme aux int�r�ts et aux probl�mes de notre r�gion commune aujourd'hui et dans les vingt prochaines ann�es.
Nous servons assur�ment en Europe d'aiguillon dans la d�finition de la politique de l'Union en direction de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Nous avons �t� jusqu'� pr�sent les promoteurs de nombreuses initiatives et les concepteurs d'une approche �quilibr�e et l�galiste des grands conflits moyen-orientaux � laquelle adh�re l'essentiel de nos partenaires europ�ens. Le temps d'une Union Europ�enne � 6 voire � 15 est cependant r�volu et il est clair qu'� 25 ou 27 membres de l'Union les consensus europ�ens sont de plus en plus difficiles � trouver sur les politiques les plus innovantes et les projets les plus ambitieux. En raison de ces entraves, il faudra d�velopper des coop�rations renforc�es � partir de l'Europe du Sud et des pays les plus motiv�s de l'Europe du Nord pour tout ce qui a trait � la politique m�diterran�enne et proche-orientale de l'Union. Or la France a un r�le majeur � jouer dans l'�tablissement de ces nouveaux groupes ad hoc au sein de l'UE capables de se mobiliser sur des questions aussi vari�es et complexes que les n�gociations nucl�aires iraniennes (formation E3 regroupant la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France), le processus de paix isra�lo-palestinien ou la crise syro-libanaise. Notre l�gitimit� sur chacun de ces dossiers est incontest�e. Nous b�n�ficions d'une certaine ind�pendance de vue, comme nous l'avons t�moign� dans la gestion de la crise irakienne, dont probablement la Grande- Bretagne (en raison de son atlantisme) et l'Allemagne (en raison de sa r�serve compr�hensible sur le dossier isra�lo-arabe) ne jouissent pas.
Aussi la France dispose-t-elle en Europe de puissants leviers dont elle doit se servir, en adossant sa politique dans cette r�gion sur des partenaires int�ress�s et actifs de l'Union (Italie, Espagne, Su�de ou Belgique) et �galement la Norv�ge :
Nous n'avons aucun int�r�t � l'isolement ou � un revers des Etats-Unis. Nous avons au contraire avantage � une sortie de crise en Irak dans l'ordre, m�me si nous pensons que cette sortie doit, � court terme, passer par une �vacuation programm�e des forces am�ricaines. Un repli diplomatique des Am�ricains ne serait pas dans l'int�r�t de l'Europe. La d�faite des Etats-Unis nuirait d'une mani�re g�n�rale aux positions occidentales ; leur engagement durable et structurant dans la r�gion conforte nos propres positions.
Notre diplomatie a d'ores et d�j� engag� son action au Liban et en Syrie dans un �troit partenariat avec Washington. C'est gr�ce � notre action commune que nous avons pu obtenir le soutien de la communaut� internationale lors des votes de toute une s�rie de r�solutions au Conseil de S�curit� qui ont constamment soutenu nos positions quant � la souverainet� et l'ind�pendance du Liban. C'est �galement avec l'appui des Etats-Unis qu'a �t� mise en place la � Finul renforc�e � en ao�t 2006, mettant ainsi un terme � la guerre d�vastatrice opposant Tsahal au Hezbollah.
Nous ne devons toutefois pas �luder les diff�rences d'approche qui nous s�parent de Washington sur un certain nombres de dossiers, c'est-�-dire ne pas craindre de marquer notre ind�pendance de vue lorsque celle-ci est conforme � nos int�r�ts, � notre vision de ce qui nous appara�t �tre un ordre juste et �quitable dans la r�gion et � une approche globale des probl�mes qui s'y pr�sentent (ceci s'applique au dialogue n�cessairement critique que nous serions amen�s � nouer avec les franges islamistes du monde arabe).
La nouvelle donne en Afrique du Nord et au Moyen-Orient s'accompagne d'un retour spectaculaire de certains acteurs � l'instar de la Russie, trop h�tivement consid�r�e comme sortie du monde arabe et musulman, et d'une perc�e notable de nouvelles puissances, � savoir la Chine et l'Inde.
S'agissant de la Russie, l'�re Poutine est d�sormais marqu�e par une attitude volontariste qui rappelle les grands moments de la politique sovi�tique en Egypte et en Syrie et se d�veloppe d�sormais aussi dans les pays du Golfe. Les d�placements de Vladimir Poutine � Alger en mars 2006 pour annoncer l'effacement de la dette alg�rienne envers son pays (4,7 milliards de dollars) et � Riyad en f�vrier 2007, la premi�re visite d'un chef d'Etat russe en Arabie Saoudite, t�moignent de cette politique que compte poursuivre Moscou dans la r�gion. Les Russes sont d�sormais pr�sents, entretiennent avec une autonomie assum�e des relations avec leurs partenaires r�gionaux, en Syrie et en Iran, qui servent leurs int�r�ts et revendiquent le droit � mener une politique ind�pendante de celles de leurs partenaires dans le P5 (m�me s'il ne faut pas y voir un � retour � � la guerre froide).
La France devra composer avec cette nouvelle donne en mesurant, pour sa propre politique, toute la port�e des positions russes vis-�-vis des Syriens (et � travers eux le Hezbollah) et les relations complexes qui unissent Moscou � T�h�ran. Il est de notre int�r�t de d�velopper notre partenariat avec la Russie afin d'ajuster notre propre strat�gie au sein du Conseil de S�curit�. S'agissant de la Chine et de l'Inde, l'avanc�e de ces nouvelles puissances �mergentes est fulgurante dans le Golfe, voire en Egypte, au Maghreb et au Soudan. En l'absence d'une prise en consid�ration s�rieuse de ces nouveaux partenaires, nous risquons de voir nos propres positions contest�es.
Nous devons renforcer notre relation avec les mod�r�s arabes, les pousser � se regrouper et d�velopper les liens avec les organisations susceptibles de rassembler les tenants arabes et musulmans d'un r�alisme diplomatique, i.e. la Ligue des Etats Arabes et l'OCI. Aussi avons- nous vocation � approfondir notre relation avec l'Egypte, la Jordanie et l'Arabie Saoudite car ce sont nos partenaires naturels pour la r�solution des crises graves dans la r�gion, en Palestine bien s�r mais �galement au Liban o� nos troupes sont engag�es.
Notre objectif est aussi de combattre les conditions qui favorisent et accr�ditent le � choc des civilisations �. Le monde arabe a sa place dans la gestion des affaires du monde. Il doit �tre incit� � traiter des probl�mes globaux, � participer au dialogue sur la s�curit� r�gionale. L'id�e d'appuyer la demande d'un si�ge permanent pour le monde arabe au Conseil de S�curit�, m�me si elle est difficile � mettre en oeuvre, doit �tre discut�e.
Pour ce dialogue �troit avec le monde arabe et musulman, nous ne devons pas �tre prisonniers des conflits que nous n'avons pas cr��s, ni adopter des grilles de lecture comme celle d'une confrontation sunnites/chiites. Nous ne pouvons laisser croire � une quelconque ing�rence de la France et de l'Europe dans cette querelle. Nous devons rester en contact �troit avec les sunnites qui dirigent la majorit� des pays arabes ; mais nous devons � l'�vidence ne jamais ignorer les chiites et leurs positions et entretenir avec eux un dialogue permanent.
Au-del� de ces pr�cautions, il convient de donner � ce dialogue un caract�re constructif. M�me si nous ne pouvons en aucun cas souscrire � leurs prises de positions ni approuver telle ou telle de leur politique, nous devons trouver les moyens d'un dialogue critique avec le Hezbollah et le Hamas sans nous laisser entraver par un formalisme soup�onneux. La question est celle de l'utilit� du dialogue et du poids que celui-ci peut avoir sur la politique de nos interlocuteurs comme sur leur capacit� � accepter des relations moins conflictuelles et � accepter des compromis. C'est ainsi que nous devrons envisager de parler � ces mouvements islamiques en refusant toute caution aux positions incompatibles avec nos principes et en marquant notre opposition aux aspects de leur politique qui nous paraissent de nature � exacerber les tensions.
Pour ce qui concerne la p�ninsule arabique, l'Arabie Saoudite et les membres du Conseil de Coop�ration du Golfe apparaissent, dans cette r�gion troubl�e qu'est le Moyen-Orient, comme des pays qui conjuguent stabilit�, croissance �conomique et amorce de r�formes. En outre, l'Arabie Saoudite, comme on a pu le constater � l'occasion du r�cent sommet de Riyad, d�veloppe une diplomatie active et efficace dans la recherche de solutions aux probl�mes que conna�t la r�gion. Inqui�te des effets de la politique de l'administration Bush, elle tend � prendre ses distances vis-�-vis d'un alli� am�ricain qui a d��u et dont la politique est jug�e s�v�rement. Dans ce contexte, la France devrait renforcer sa pr�sence politique, �conomique et culturelle dans la p�ninsule arabique. Elle devrait �galement se concerter plus �troitement avec l'Arabie Saoudite et appuyer ses initiatives qui vont le plus souvent dans le sens de nos pr�occupations.
Il est clair qu'Isra�l demeure un partenaire majeur au Moyen-Orient et qu'il convient de se concerter �troitement avec lui. Les relations franco-isra�liennes se sont fortement densifi�es depuis 2003 - 2004. Une s�rie d'initiatives a permis de surmonter les malentendus du pass�, notamment la cr�ation de la fondation France-Isra�l.
Il est important de ne pas remettre en cause cette �volution et de poursuivre le rapprochement entre les soci�t�s � la condition, toutefois, que ce rapprochement ne se fasse pas au d�triment de :
Notre comportement vis-�-vis des forces vives est traditionnellement marqu� d'une grande prudence, proche de l'inhibition, tenant, notamment, au fait que la pr�servation de la qualit� des relations officielles, c'est-�-dire avec le pouvoir en place, nous appara�t, dans un r�flexe diplomatique classique, prioritaire lorsqu'il s'agit d'approcher ce qui ne se situerait pas dans sa mouvance. Dans le cas du Maghreb, s'y ajoute le sentiment qu'une longue familiarit� ainsi que la diversit� spontan�e de nos liens nous dispensent, en quelque sorte, de syst�matiser une approche vers ce qui constitue pourtant le visage actuel des pays de cette r�gion.
Il s'agit d'une lacune s�rieuse � laquelle nombre de nos partenaires europ�ens et am�ricains se sont efforc�s de rem�dier sans s'encombrer des scrupules qui demeurent les n�tres. Il est temps de r�agir en gardant � l'esprit que l'action publique ne couvre, par d�finition, qu'une partie du champ � exploiter dans une politique d'influence m�me si elle peut exercer un effet d'entra�nement plus g�n�ral. Dans la diversit� des autres parties prenantes, il convient de souligner le r�le que tiennent d�j� et peuvent affirmer davantage les collectivit�s locales ou les ONG qui d�veloppent des coop�rations particuli�res avec plus de souplesse dans le choix des partenaires. Elles m�ritent d'�tre encourag�es, �tant entendu que, sans entraver les initiatives, l'efficacit� gagne � ce qu'une vue g�n�rale des actions engag�es puisse �tre assur�e, ce qui suppose l'information de ce centre naturel qu'est l'Ambassade, elle-m�me offrant, en contrepartie, ses analyses, ses services et, si n�cessaire, son entremise. En m�me temps, on ne peut penser ni souhaiter une � uniformisation � de la politique d'acteurs aussi diff�rents que les ONG, les collectivit�s locales et l'Etat ; elle serait contraire � l'objectif poursuivi d'une coop�ration �pousant la diversit� de la soci�t� civile comme de ses attentes et besoins.
Une des justifications fortes d'un dialogue et d'une coop�ration ainsi diversifi�s dans leur objet comme dans leurs acteurs est, en favorisant les contacts entre les soci�t�s elles-m�mes, d'encourager leur compr�hension mutuelle et l'acceptation d'un �change d'exp�rience. Notre contribution pourrait ainsi se d�velopper plus ais�ment dans le domaine de la gouvernance � un moment o� existe chez nos partenaires du Sud une r�elle demande de r�formes et restructuration des administrations. Mais celles-ci, tout en �tant � conduire dans la respect des valeurs et cultures locales, ne doivent pas masquer une complaisance vis-�-vis de r�gimes autoritaires qui s'appuient sur des services non respectueux des Droits de l'Homme � l'heure o� nos partenaires s'activent pour nouer des relations avec les mouvements politiques, sociaux, intellectuels au sein des soci�t�s civiles. Sans verser dans la promotion de la d�mocratie qui irrite plus qu'elle n'encourage, la France se doit d'exprimer son attachement aux Droits de l'Homme et aux libert�s qui sont pour elle des valeurs universelles et, par cons�quent, ind�pendantes des contingences locales.
Se pose, par ailleurs, le probl�me des contacts � �tablir avec les mouvements islamistes. Ceux-ci constituent des acteurs majeurs dans la vie politique et sociale, jouissant souvent d'une influence forte au sein des populations par l'efficacit� des services qu'ils mettent � leur disposition et capables, � l'occasion d'�lections libres dont nous encourageons, bien entendu, le principe, d'acc�der au pouvoir. Ceci �tant, certains ne sont pas reconnus, ni admis par les pouvoirs en place ou se disqualifient � nos yeux par leur recours � des m�thodes terroristes et par leur rejet violent de ce � quoi nous nous identifions.
Un dialogue n'en est pas moins n�cessaire avec tous les autres qui sont une r�alit� d'autant que l'exp�rience (d�colonisation, OLP) nous a appris la relativit� de nos ostracismes. L'approche ne peut relever, en tout �tat de cause, que du cas par cas prenant en compte la repr�sentativit� du mouvement, son discours et, plus particuli�rement, sa position vis-�-vis de la violence, sa relation avec le pouvoir (l�galit� ou non). Il devrait �tre acquis que, d�s lors qu'un mouvement islamiste est l�gal et int�gr� dans le processus politique, comme on en v�rifie de nombreux exemples dans le monde arabe, le dialogue devient possible. Reste � en d�terminer les modalit�s.
Le dialogue doit donc �tre modul� avec pragmatisme, c'est-�-dire en fonction du mouvement concern�, une grande vari�t� de formules s'offrant autour des suivantes :
L'important doit �tre une disposition au dialogue pour autant que l'interlocuteur respecte, lui aussi, ce que nous sommes.
Depuis les accords d'Oslo, la voie trac�e pour le r�glement du conflit isra�lo-palestinien r�sidait dans un consensus international de soutien � l'�dification des institutions d'une entit� palestinienne.
La France y trouvait confortablement sa place et sa politique s'inscrivait dans une politique plus largement europ�enne ; elle avait en outre la particularit� d'un soutien politique au pr�sident palestinien Yasser Arafat jusqu'� sa mort en novembre 2004. Les tentatives pour isoler et discr�diter le chef de l'Autorit� palestinienne au cours des 18 mois qui ont pr�c�d� sa mort n'�taient pas suivies en France ; mais ce soutien apparaissait comme de plus en plus personnel et ne s'accompagnait pas d'une vision d'ensemble. La France a �t� d�courag�e par les dysfonctionnements des institutions de l'Autorit�, la corruption qui y r�gnait et les divisions entre le Fatah et le Hamas. Elle n'a pas su d�velopper, par ailleurs, des relations soutenues avec les acteurs de la soci�t� civile, principalement � cause de la faiblesse des m�canismes de diplomatie parall�le que d'autres pays comme la Su�de, la Norv�ge ou m�me la Grande-Bretagne ma�trisent mieux.
Cette absence de r�flexion strat�gique sur une position proprement fran�aise ou sur une action visant � influencer l'Europe pour en d�finir une ont eu pour cons�quence que la France n'a pas �t� en mesure de formuler des vues claires sur les deux d�veloppements majeurs des trois derni�res ann�es : la politique unilat�raliste pr�conis�e par le gouvernement de Sharon et, deux ans plus tard, la victoire du Hamas aux �lections l�gislatives palestiniennes de janvier 2006.
Devant la premi�re, elle s'est laiss� entra�ner vers une vision selon laquelle l'unilat�ralisme pouvait constituer une approche alternative � la n�gociation. De m�me a-t-elle �t� prise au d�pourvu par l'�lection du Hamas et a fait le choix de se ranger sur une position europ�enne qui s'est vite av�r�e intenable. La politique fran�aise a �t� en somme largement r�active. La diplomatie n'a pas fait usage de la panoplie de moyens disponibles.
Le soutien humanitaire, aussi g�n�reux soit-il, ne se substitue ni � l'aide aux institutions d�sormais gel�e, ni � des prises de position politiques. Dans la mesure o� l'Europe est devenue le premier bailleur de fonds de l'Autorit� palestinienne et un partenaire indispensable pour la r�alisation de tout progr�s sur la voie d'un r�glement, les Etats-Unis ne peuvent plus ignorer une position europ�enne sp�cifique qui ne soit pas calqu�e sur la leur. Les Etats-Unis ont �t� inactifs dans la recherche d'un r�glement m�me si, tout r�cemment, ils s'efforcent de reprendre l'initiative. La faiblesse actuelle des institutions politiques de l'Europe, mais aussi l'existence du Quartet et le souci de pr�server le cadre et le m�canisme diplomatique pr�cieux qu'il repr�sente sont aujourd'hui deux freins � une action plus audacieuse.
Les termes du d�bat sur le conflit ont �t� dangereusement brouill�s au cours des cinq derni�res ann�es. Un premier travail, au niveau du discours, consistant � reformuler les enjeux et l'argumentaire sur la centralit� du conflit isra�lo-palestinien par rapport aux autres dossiers r�gionaux semble n�cessaire outre qu'il aurait une fonction p�dagogique utile. Placer l'accent sur l'occupation et la n�cessit� d'y mettre fin, aurait trois avantages : repositionner le d�bat autour du probl�me de la terre et non des identit�s religieuses pour redonner ainsi force au courant nationaliste que les pragmatiques de la mouvance islamiste sont pr�ts � suivre ; d�coupler l'enjeu de la lutte contre l'occupation de celui du droit � l'existence d'Isra�l en r�affirmant les droits des deux peuples � vivre chacun dans un Etat viable et � l'int�rieur de fronti�res s�res ; d�samorcer le d�bat qui lie l'opposition � la politique isra�lienne � la question de l'antis�mitisme.
Pour ne pas se laisser bloquer par les membres r�ticents de l'Union, il convient d'utiliser le clavier de la diplomatie fran�aise pour tester des id�es ou options � l'�chelle nationale, puis europ�aniser celles-ci quand elles s'av�rent r�ussies ou prometteuses. Elles auront alors de plus grandes chances de vaincre les r�ticences, d'autant qu'elles peuvent aussi s'appuyer sur des acteurs non europ�ens : Russie, Chine, monde arabe, etc.
Dans cette m�me perspective dynamique, il nous faut aller au-del� d'une simple observation des tentatives r�gionales de recherche de compromis pour les accompagner. Les Palestiniens en p�riode de crise se tournent naturellement vers le giron arabe. Le plan de paix arabe offre une porte d'entr�e au Hamas pour int�grer un processus diplomatique par �tapes. Les conditions du Quartet ne seront pas accept�es par un gouvernement d'union nationale palestinien sans une reformulation des ces exigences ou un r��quilibrage dans le sens d'exigences �quivalentes � l'�gard d'Isra�l. Leur maintien fig� est de nature � perp�tuer l'impasse.
La France pourrait, conjointement avec d'autres Etats europ�ens, prendre l'initiative d'un tel exercice de reformulation, � mi-chemin entre les textes des accords de la Mecque, du plan de paix arabe et du Quartet.
Enfin, l'impasse et la logique de force qui pr�valent actuellement ont permis � l'acteur iranien de s'introduire au coeur d'un conflit dans lequel il ne devrait pas avoir de r�le majeur. Le dialogue avec l'Iran est utile sur le Liban en raison du soutien de T�h�ran au Hezbollah. En revanche, la question palestinienne ne fait pas partie des int�r�ts l�gitimes de l'Iran qui ne devrait pas �tre consid�r� comme un interlocuteur incontournable ainsi qu'il l'est pour la question irakienne. Le faire serait renforcer son influence r�gionale sans profit, selon toute vraisemblance, pour la recherche du r�glement.
La situation int�rieure libanaise conna�t un blocage institutionnel et politique caract�ris� par une forte polarisation entre deux blocs, s'appuyant chacun sur des alli�s ext�rieurs.
Depuis septembre 2004, la France a pris la direction d'un mouvement diplomatique qui a conduit � l'adoption par le Conseil de s�curit� de la r�solution 1559 appelant au retrait des forces syriennes du Liban. Apr�s l'assassinat de l'ancien Premier Ministre Rafic Hariri, elle a pris clairement position pour la coalition des forces politiques du 14 mars, un bloc dont le principal ciment et l'objectif commun �taient de mettre fin � l'influence syrienne au Liban. Au lendemain de la guerre d'Isra�l contre le Hezbollah � l'�t� 2006, elle a su mobiliser un large soutien international pour la mise en place d'une FINUL renforc�e et pour la reconstruction du pays d�vast� lors de la conf�rence de Paris 3. Ces trois directions, engag�es au cours des trois derni�res ann�es, m�ritent un examen critique, au niveau des objectifs d'une part, du cadre dans lequel la France d�ploie son activit� et des partenaires qu'elle choisit d'autre part, pour envisager les options politiques � venir.
La France a joui d'un soutien r�gional et international tr�s vaste dans sa mobilisation pour le retrait de la Syrie et la cr�ation d'une commission d'enqu�te internationale. La l�gitimit� de son action �tait et demeure tr�s forte, toutes les parties (Hezbollah, Iran et Syrie compris) �tant maintenant convaincues que le tribunal est in�luctable. M�me si sa mise en place est loin d'�tre acquise, ses adversaires sont dans l'embarras et esp�rent la retarder ainsi que d'en ren�gocier les modalit�s. La fermet� affich�e par la France a �t� payante et reste d�terminante pour la cr�dibilit� de son engagement en faveur du Liban.
Un deuxi�me volet qui b�n�ficie d'une l�gitimit� �quivalente a �t� son action pour prot�ger la souverainet� et la s�curit� du territoire libanais vis-�-vis d'Isra�l apr�s les attaques d�vastatrices de celui-ci ainsi que son engagement pour la reconstruction du Liban. Cette action renforce le premier volet et refl�te une forte coh�rence de la politique fran�aise en faveur d'un Liban prot�g� des influences de ses deux puissants voisins. Tant par les objectifs poursuivis que par le choix du cadre (l'ONU), ces deux premiers volets sont un succ�s incontestable de la diplomatie fran�aise et la placent en situation favorable pour continuer � jouer un r�le influent au Liban.
Le troisi�me volet, qui concerne l'action sur la sc�ne int�rieure, pr�sente un bilan plus mitig�. La France accompagne son activit� au niveau international par un soutien au bloc du 14 mars et se trouve �troitement associ�e � celui-ci. Elle n'a pas de dialogue avec le bloc adverse de l'opposition. Or cette position pr�sente quelques risques : elle rend la politique fran�aise tributaire des objectifs des membres de la coalition qui ne sont pas n�cessairement tous identiques aux siens ; elle la prive de la marge de manoeuvre n�cessaire pour engager un dialogue avec le Hezbollah et les forces qui lui sont alli�es ; elle enferme la France dans une position qui lui �te la possibilit� de jouer un r�le de m�diation. Les zones grises qui pourraient constituer les termes d'un compromis existent pourtant ; mais la France n'est pas en position de les mettre � profit elle-m�me pour amener les parties vers ce compromis.
Cette politique de fermet� sur la question du tribunal international et � l'�gard de la Syrie a �t� payante jusqu'ici. Elle reste justifi�e tant que l'accord n'est pas conclu sur le tribunal. Mais celui-ci se trouve �troitement li� � la recherche d'une nouvelle formule politique pour un partage du pouvoir entre les diff�rentes forces en pr�sence. On �voque la recherche d'un nouveau Ta�f, mod�le qui sugg�re clairement la n�cessit� de lier le compromis interne � des arrangements r�gionaux. En l'absence actuelle de dialogue avec la Syrie, des acteurs r�gionaux plus �loign�s, tels l'Arabie Saoudite, l'Iran et l'Egypte devraient constituer des interlocuteurs naturels pour la France sur le dossier libanais.
La fonction de m�diation entre les diff�rentes forces libanaises est, en effet, le fait de ces acteurs r�gionaux qui semblent les plus � m�me de peser sur les diff�rentes parties alors que la France peut difficilement jouer un r�le de m�me nature faute de la panoplie de moyens dont ceux-ci disposent (liens personnels, familiaux, instruments financiers et discr�tion li�e � la proximit� et aux m�thodes des r�gimes non d�mocratiques).
Elle a n�anmoins la possibilit� d'accompagner plus activement ce processus r�gional. C'est ainsi qu'elle peut notamment : Engager des contacts avec l'Iran sur le dossier libanais en le dissociant des autres dossiers r�gionaux. Les h�sitations � nouer un dialogue avec celui-ci sur ce dossier m�ritent d'�tre r�examin�es. Il ne s'agirait pas de le faire en liant les diff�rents dossiers (programme nucl�aire, Irak, Palestine et Liban) en vue d'un quelconque � march� � mais sur la base d'une �valuation objective de l'importance des enjeux pour T�h�ran dans chacun de ces dossiers. S'il est s�r que l'Iran conservera une position radicale sur son programme nucl�aire, il existe de bonnes raisons de penser qu'il est dispos� � coop�rer pour trouver une solution de compromis au Liban, � la diff�rence de la Syrie. Le soutien de T�h�ran au Hezbollah fait certes partie d'une strat�gie iranienne d'appui sur la communaut� chiite r�gionale. Mais la guerre de l'�t� a conduit le mouvement � payer un prix tr�s �lev� et � prendre des risques politiques majeurs qui �branlent son image de force politique nationale oeuvrant pour son int�gration dans le jeu politique libanais sur la base d'un nouveau consensus intercommunautaire. L'Iran ne peut instrumentaliser le Hezbollah que dans certaines limites et risque de susciter des divisions au sein du mouvement comme cela a �t� le cas dans le pass�.
La situation est particuli�rement pr�occupante : l'ampleur du d�sastre provoqu� par l'intervention am�ricaine, au niveau de sa conception comme de sa mise en oeuvre, appara�t lourde de cons�quences : �clatement du pays, affrontements intercommunautaires et entre milices rivales, fuites des �lites et d'une partie de la population (notamment des chr�tiens), dislocation des structures de l'Etat et des ses administrations, naufrage �conomique, cr�ation d'un foyer de terrorisme dans le triangle sunnite... Certes l'objectif affich� des Etats-Unis est celui de finir le travail, c'est-�-dire de r�tablir la paix civile et de restaurer l'�conomie ; mais aucune lueur n'appara�t � l'horizon qui puisse conduire � en envisager la r�alisation. Aussi, leur objectif parait �tre plut�t, malgr� l'envoi de renforts qui ne modifieront pas la situation sur le terrain, de se d�gager du gu�pier dans lequel ils se trouvent sans que ceci apparaisse comme un �chec humiliant. Il n'est pas exclu d'ailleurs, que, soumis � une pression de plus en plus forte, les autorit�s am�ricaines, qu'il s'agisse de cette administration ou de la suivante, d�cident de retirer les troupes soudainement, laissant derri�re elles une situation incontr�lable et incontr�l�e.
Dans un contexte aussi difficile, notre marge d'influence est faible : la violence ne pourra cesser que si une place significative est reconnue et garantie � la minorit� sunnite, ce qui n'est pas le cas dans l'actuelle Constitution. La cessation de la violence passe par une r�conciliation nationale que nous ne pouvons qu'encourager mais sur laquelle nous sommes sans moyens d'influence. Nous devons cependant pr�server l'avenir en maintenant des contacts avec toutes les forces politiques irakiennes et en proposant de d�velopper une coop�ration en vue de restaurer l'Etat, par exemple par la formation en France de cadres civils et militaires. Nous devons �galement r�affirmer, notamment aupr�s des Kurdes, notre engagement en faveur de l'unit� de l'Irak.
Notre action peut �tre facilit�e par un dialogue actif avec les Etats voisins dont aucun, y compris l'Iran, n'a int�r�t au d�mant�lement de l'Irak. La r�cente r�union de ces Etats voisins � laquelle s'est joint le P5 doit �tre la premi�re �tape vers la conf�rence internationale au niveau minist�riel qui devrait se r�unir prochainement � Charm El Cheikh et devrait bien marquer la volont� des Etats de la r�gion et des membres permanents du Conseil de S�curit� de restaurer l'Irak dans son int�grit�. Cette conf�rence devrait �tablir un plan de retrait programm� des troupes �trang�res, de d�sarmement des milices, de restauration des services publics et de retour des r�fugi�s. La pr�paration de cette conf�rence passe, en particulier, par un dialogue avec la Syrie et l'Iran dont l'attitude ambigu� ne peut que contribuer � la persistance des violences actuelles.
Notre position doit prendre en consid�ration la p�rennit� du r�gime islamique : malgr� ses �checs �conomique et politique et ses tensions internes, on ne voit pas comment le r�gime des ayatollahs pourrait s'�crouler dans un avenir pr�visible. Elle doit �galement tenir compte du fait que, plus par un effet d'aubaine que par une volont� expansionniste, l'Iran est devenu un acteur incontournable au Moyen-Orient : les Etats-Unis, en d�barrassant l'Iran des ses deux principaux ennemis, les Talibans et Saddam Hussein, et Isra�l, en d�clenchant imprudemment une guerre contre le Hezbollah, ont renforc� sa capacit� d'influence et de nuisance. Aussi notre politique doit-elle se garder de s'associer � toute tentative de � regime change � et doit- elle consid�rer que l'Iran est une puissance r�gionale avec laquelle il faut compter et dialoguer. Elle doit �galement tenir compte du fait que, du c�t� am�ricain, une intervention militaire est une option qui est non seulement � sur la table �, mais aussi s�rieusement envisag�e. Il serait difficile au Pr�sident Bush qui, � maintes reprises a d�nonc� le caract�re inacceptable des ambitions nucl�aires de l'Iran de se d�juger et de ne rien faire, d'autant plus qu'il est soumis � la pression d'Isra�l qui qualifie la menace iranienne d'existentielle. Une telle intervention, hasardeuse sur le plan technique, ne pourrait avoir que des effets d�sastreux au Moyen-Orient comme dans l'ensemble du monde musulman.
Dans ce contexte, notre politique devrait �tre d'�tablir des relations plus fortes avec les interlocuteurs les plus ouverts du c�t� iranien, notamment les �l�ments r�formistes ou pragmatiques, comme Rafsandjani, Larijani ou Velayati et, d'une fa�on plus g�n�rale, la soci�t� civile ouverte, active et souvent contestatrice. Notre objectif doit rester celui de dissuader l'Iran de se doter d'une capacit� nucl�aire utilisable � des fins militaires. Dans cette perspective, les sanctions, qu'elles soient d�cid�es par l'ONU ou qu'elles soient informelles, ont montr� une r�elle efficacit�. Le renforcement progressif de sanctions � intelligentes � visant � dissocier la population du r�gime doit �tre poursuivi. A cette fin, la concertation avec la Russie et la Chine doit �tre plus �troite.
Cependant cette n�gociation nucl�aire doit s'inscrire dans une politique d'int�gration de l'Iran dans la communaut� internationale et �tre guid�e par un objectif plus large, celui de mettre en place un syst�me de s�curit� collective faisant du Golfe une zone d�pourvue d'armes de destruction massive o� seraient garanties la s�curit� des Etats et l'intangibilit� des fronti�res. Un tel objectif passe par un dialogue avec l'Iran et la r�union d'une conf�rence internationale regroupant tous les pays riverains auxquels se joindraient les membres permanents du Conseil de s�curit�.
Alors qu'il s'agit de la partie du monde arabe et du bassin m�diterran�en qui nous est la plus proche et avec laquelle nous avons d�velopp� les relations les plus intenses et famili�res, elle est aussi une des plus absentes dans nos r�flexions sur cette r�gion. Nous g�rons tant bien que mal un acquis sans vision d'ensemble, ni perspective. En effet, notre approche est fractionn�e au profit de relations bilat�rales marqu�es d'une forte subjectivit�, influenc�e elle m�me par des pr�jug�s durables : � cette aune, l'Alg�rie est difficile, crisp�e sur ses complexes et ses ressentiments et on n'en fera jamais assez pour se faire pardonner ; la Tunisie, � la fois molle et polici�re, est d'une fr�quentation douteuse ; le Maroc, sorte de fils pr�f�r�, est noble, attirant et fragile.
Cette approche s'assortit d'une gestion sans doute g�n�reuse au regard de nos moyens mais au jour le jour, constamment ren�goci�e pour tenter de perp�tuer une suppos�e rente de situation et veiller � ce que nos positions ne soient pas grignot�es par d'autres. Bref, une certaine facilit� nous conduit � entretenir l'id�e que le Maghreb constitue un cas � part, ce qui est conforme � une r�alit� historique nous cr�ant des devoirs, mais �chappant aux priorit�s qui guident ailleurs notre politique ext�rieure. C'est aussi qu'il n'appartient pas � ce seul champ car il se vit �galement et parfois intens�ment sur le plan de notre politique int�rieure o� il intervient dans d'autres d�bats. Mais, � l'�re de la mondialisation, cette caract�ristique importante est de moins en moins une sp�cificit�. L'approche appara�t donc � la fois archa�que et fig�e.
Aussi convient il de proc�der sans d�lai � une r��valuation de notre politique maghr�bine pour la situer dans une perspective d'ensemble qui s'inscrive elle m�me dans l'action globale que nous entendons mener au niveau m�diterran�en et ailleurs dans le monde en fonction des d�fis que nous y rencontrons et des priorit�s que nous devons nous fixer.
Appeler � un aggiornamento n'est pas remettre en cause les liens si sp�cifiques qui nous unissent � cette r�gion ou appeler � leur banalisation mais s'appuyer sur eux pour d�velopper une relation plus conforme � nos int�r�ts pr�sents de puissance moyenne visant � trouver dans la construction europ�enne ce qui lui est n�cessaire pour peser dans les affaires du monde. Les instruments existent ; ils doivent �tre r�orient�s ou dynamis�s.
Il s'agit, sur le plan bilat�ral France/Maghreb, d'affecter une partie des cr�dits accord�s jusqu'ici � chacun de nos trois partenaires � une enveloppe r�gionale finan�ant des projets n�cessaires d'int�gration que leurs divisions actuelles leur interdisent de promouvoir eux m�mes. Ils en reconna�tront l'opportunit� et y trouveront une stimulation pour un travail en commun sur le plan du d�veloppement. L'U.M.A., paralys�e sans avoir jamais pris son essor, y trouverait une impulsion dans sa mission plus g�n�rale d'int�gration d'un Maghreb r�concili�.
Pour renforcer cette approche et dans une perspective de f�condation r�ciproque, un nouvel �lan serait donn� � la concertation dite 5+5 et, au del�, � EuroMed. En �largissant, de part et d'autre de la M�diterran�e Occidentale, le champ d'un dialogue trop exclusivement bilat�ral nous n'affecterons pas celui ci si nous y veillons mais lui donnerons une dimension suppl�mentaire �chappant aux pesanteurs historiques qui le polluent et l'entravent. Il nous appartiendra d'assurer que nos int�r�ts n'en soient pas l�s�s ; mais, dans une dynamique de d�veloppement, il y aura place pour une diversification des partenaires. L'important sera de nous d�gager des pressions li�es � un �change exclusivement bilat�ral pour nous permettre de replacer le Maghreb dans le contexte combien plus g�n�ral de notre action ext�rieure.
Cet �largissement devra �galement porter sur l'�ventail de nos interlocuteurs maghr�bins. A c�t� de ceux que leurs fonctions d�signent il convient de prendre en compte les soci�t�s dans leur diversit� en facilitant, sans a priori autre que li� � des exigences raisonnables de s�curit�, la circulation entre les deux rives de la M�diterran�e au profit de tous ceux (hommes d'affaires, �tudiants, chercheurs...) qui peuvent nourrir la relation et en maintenant sur place un dialogue avec des interlocuteurs non gouvernementaux. A cet �gard, la coop�ration d�centralis�e d�j� entretenue par nos collectivit�s locales doit �tre encourag�e en raison de sa souplesse et de sa capacit� � �tablir des liens l� o� l'action �tatique se trouve plus embarrass�e par le souci de ne pas heurter les autorit�s du pays auquel elle s'applique.
En visant la soci�t� civile avec laquelle nous d�velopperions toutes sortes de dialogues il ne s'agit pas seulement de favoriser le maintien de notre pr�sence et de nos liens en prenant en compte les forces vives et les r�alit�s pr�sentes des pays du Maghreb ; il s'agit aussi d'encourager leur �volution d�mocratique par une sorte d'osmose intervenant � tous les niveaux, les pressions en ce sens exerc�es exclusivement � celui des responsables sup�rieurs de l'Etat �tant facilement interpr�t�es, et donc d�nonc�es et rejet�es, comme autant d'ing�rences ou manifestations d'incompr�hension des cultures politiques locales.
Le bilan au bout de dix ans de mise en oeuvre du processus de Barcelone est d�cevant, m�me si certaines critiques apparaissent injustes. Malgr� l'ampleur des sommes engag�es sur la p�riode 20 milliards d'euros au total, le Sud de la M�diterran�e demeure une zone o� les r�formes politiques et �conomiques restent � faire et o� le d�veloppement �conomique et social est insuffisant. La responsabilit� de cette situation est largement partag�e entre le Nord et le Sud. En outre le processus de Barcelone qui devait accompagner le processus de paix entre les pays arabes et Isra�l a p�ti de l'�chec pr�sent de ce dernier.
Cependant des am�liorations peuvent �tre apport�es tant dans la m�canique institutionnelle que dans les actions � entreprendre de fa�on � ce que le partenariat envisag� devienne une r�alit�. Les r�unions devraient �tre v�ritablement co-pr�sid�es par le Nord et le Sud ; un l�ger secr�tariat permanent, mixte dans sa composition, pourrait �tre institu� : il pr�parerait les r�unions r�guli�res au niveau minist�riel ou des experts. Ces rencontres qui concernent essentiellement les ministres des Affaires �trang�res devraient �tre �tendues � d'autres ministres : �conomie, int�rieur, justice, commerce ext�rieur. La cr�ation dans la mouvance de la BEI d'une Banque euro-m�diterran�enne devrait �tre d�cid�e.
S'agissant des m�thodes d'intervention, le processus de Barcelone devrait �tre plus s�lectif : les efforts devraient �tre concentr�s sur un nombre limit� de projets structurants et contribuer � la promotion des int�grations sous-r�gionales, tant au Maghreb qu'au Machrek. L'articulation de Barcelone avec la � politique de voisinage � devrait �tre clarifi�e. Enfin le volet culturel devrait �tre d�velopp� et la fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures revitalis�e de fa�on � ce que l'Europe et les pays du Sud de la M�diterran�e constituent un exemple r�ussi d'� Alliance de civilisations � telle que l'a propos� le panel de Haut niveau mis en place par le Secr�taire g�n�ral des Nations unies.
Des id�es comparables ont �t� propos�es du c�t� fran�ais � nos partenaires d�but 2006, il convient d'en assurer le suivi. Dans cet exercice en cours de r�novation du processus de Barcelone, nous devrions organiser une concertation plus �troite avec nos partenaires europ�ens de la bordure m�diterran�enne, notamment l'Espagne et l'Italie.
Les turbulences qui affectent le Moyen-Orient ont atteint un niveau de haute intensit� qui repr�sente pour les pays occidentaux, et plus sp�cialement pour l'Europe, de grands risques, notamment dans le domaine de la s�curit� au sens large du terme : accroissement du terrorisme, perturbations dans notre approvisionnement en hydrocarbures, attaques contre nos forces au Liban, dislocation des Etats. En Afrique du Nord, o� la situation paraissait plus contr�l�e, les menaces tendent �galement � se renforcer.
Traditionnellement tr�s pr�sente dans cette r�gion qui lui est si proche, la France, face � une �volution si pr�occupante, se doit d'�tre active, c'est-�-dire pas seulement r�active comme elle a tendu � l'�tre au cours de la p�riode r�cente. Pour �tre une ann�e � risques, 2007 peut �galement constituer une ann�e d'opportunit�s qu'il nous appartient de saisir en nous exprimant sans inhibition sur ce que nous pensons �tre juste ou raisonnable dans les diff�rentes situation de crises ou de conflits et en usant pleinement du clavier des moyens dont nous disposons. En reprenant ainsi l'initiative, nous aurions avantage � agir en partenariat avec ceux qui, en Europe, partagent nos pr�occupations dans une d�marche prenant, bien entendu, en compte le fait que les Etats Unis demeurent pour la r�gion un acteur incontournable.