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ANNODIS
projet financ� par l'ANR (Agence Nationale pour la Recherche), CNRS, 2007-2010, dirig� par Maire-Paule P�ry-Woodley, universit� de Toulouse - UTM
objectif : cr�ation d'un corpus de fran�ais �crit annot� discursivement
encodage des textes selon la norme de la Text Encoding Initiative, TEIP5
http://www.tei-c.org/release/doc/tei-p5-doc
La grammaire actuelle a du mal � articuler la syntaxe traditionnelle aux investigations plus r�centes des � analyses de discours �, que d�veloppent la linguistique �nonciative (interactionniste) et la linguistique textuelle, second�e par la psycholinguistique. Ces difficult�s sont encore plus marqu�es en FLE que dans le domaine du FLM. Afin de comprendre les raisons de ces difficult�s int�gratives g�nantes tant sur le plan th�orique que sur le plan didactique, nous explorerons les contraintes h�rit�es du structuralisme de Saussure et les d�bordements paradigmatiques �nonciatifs et textuels que devait in�vitablement g�n�rer ce cadre trop restreint. Ce parcours pr�alable mettra en �vidence l'origine �pist�mologique de l'h�t�rog�n�it� actuelle des domaines grammaticaux, mais aussi le paradoxe de leur compl�mentarit� indissociable du point de vue cognitif (d�veloppement ontologique et gestion mentale du langage). Il sera alors possible de justifier les principes d'une reformulation descriptive articulant l'h�ritage syntaxique aux fonctions �nonciative et de structuration du texte, tant au niveau de la globalit� textuelle qu'au niveau des moyens grammaticaux qui en permettent l'�laboration (lexique, connecteurs, syst�me verbal, pronoms / renominalisations, syntaxe phrastique, unit�s de structure du texte).
Muriel Barbazan
Laboratoire Jacques-Lordat Universit� Toulouse-Le Mirail muriel.barbazan@univ-tlse2.fr
La grammaire, plus encore en fran�ais langue �trang�re (FLE) qu'en fran�ais langue maternelle (FLM), a du mal � se pr�senter comme un domaine homog�ne, qui articule de fa�on pertinente l'h�ritage traditionnel et les avanc�es r�centes de la linguistique �nonciative et des grammaires de texte. Si le FLM semble �tre en meilleure voie de r�organisation (Garcia-Debanc et al. 2001), le FLE a des difficult�s � int�grer en un syst�me coh�rent des notions �nonciatives ou textuelles encore trop parcellis�es, et qui ne sont pas reli�es aux connaissances grammaticales traditionnelles : on est face � une juxtaposition de plusieurs syst�mes, sans fil conducteur permettant de rep�rer dans cet ensemble un cheminement coh�rent. Il faudrait pouvoir sortir de cette impression � d'embo�tement de diff�rents dispositifs d'organisation de la langue, du discours � l'�nonc�, du texte � la phrase, m�me si l'on ne sait pas encore tr�s bien comment s'articulent dimension discursive ou �nonciative et dimension formelle de l'organisation de la langue � (Vigner 2004, 86). Un des d�fis actuels pos�s au grammairien est donc de tenter d'homog�n�iser ces divers courants en une discipline plus coh�rente. Tant que ce n'est pas fait, l'apprenant n'a pas d'autre choix que d'essayer d'articuler comme il peut ses connaissances entre elles :
� Il appartiendra toujours aux �l�ves d'�tablir les liaisons n�cessaires entre ces diff�rents niveaux d'organisation de la langue (du discours aux �l�ments de la phrase ou inversement), l'essentiel �tant de proposer des activit�s qui faciliteront cette mise en relation. � (Vigner 2004, 86)
Ce point de vue nous para�t tout de m�me un peu d�faitiste, car il revient � situer la didactique en aval de mod�lisations qui ne concernent pas la seule linguistique. Deux raisons semblent justifier un point de vue plus optimiste quant au devenir et aux ambitions de la grammaire : la premi�re est que la voie a �t� ouverte par la grammaire de FLM. Ainsi, l'articulation �nonciation / texte / phrase fait d�j� l'objet d'une probl�matisation engag�e par de nombreux chercheurs linguistes et / ou didacticiens, et ces efforts int�gratifs se sont traduits dans les programmes et les manuels de FLM. La seconde raison, c'est que les �changes interdisciplinaires peuvent faciliter le cheminement r�flexif en mettant par exemple au service du didacticien et du linguiste des connaissances solides en psychologie cognitive (traitement du texte - ou ici � discours � - en compr�hension et production, processus d'apprentissage et activation des connaissances en m�moire etc.). La pluridisciplinarit� peut ainsi permettre de mieux contr�ler la rigueur de la d�marche, et de rep�rer certains �cueils qu'un �clairage unidisciplinaire ne permettrait pas de voir.
Si l'on a cette impression g�n�rale de manque de coh�rence interne, c'est parce que les modalit�s de fonctionnement linguistique d�crites dans les domaines envisag�s rel�vent de paradigmes diff�rents. Les linguistiques �nonciatives et textuelles se sont construites en s'opposant aux postulats immanentiste et phrastique du structuralisme originel. Pour autant, l'�nonciation et le texte ne se sont pas imm�diatement reconnus l'un l'autre pour s'int�grer a priori dans un cadre de travail conjoint unifi�. L'unification d'un parcours grammatical passe vraisemblablement par l'�tablissement d'un cadre d'investigation suffisamment large pour int�grer les pr�suppos�s �nonciatifs et textuels, tout en absorbant les connaissances formul�es en grammaire traditionnelle. Parfois, comme on va le voir, un simple changement d'�clairage permet de r�tablir certaines proportions s�mantiques, exag�r�ment hypertrophi�es par le point de vue traditionnel. Dans cette perspective, il est utile de partir d'assez loin : on fera ainsi un rappel de l'h�ritage immanentiste, descriptif et phrastique pour montrer les forces d'inerties que ce paradigme g�n�re, et qui contribuent � freiner voire � bloquer les tentatives d'int�grer de mani�re globale les dimensions �nonciatives et textuelles dans le champ linguistique. On pourra alors mieux comprendre les raisons du manque d'homog�n�it� des domaines couverts par la grammaire (phrase / texte / �nonciation), pour proposer ensuite des perspectives d'homog�n�isation.
L'un des objectifs majeurs du structuralisme h�rit� de Saussure a �t� de situer la r�flexion linguistique dans l'abstraction d'un cadre axiomatiquement ferm�, celui de la langue � en soi et pour soi �, en �vacuant � l'ensemble h�t�roclite des faits de langage �. Et notamment, l'utilisation m�me du syst�me de la langue, en tant qu'elle implique de prendre en compte des individus parlant, rel�ve des avatars de la parole, et ne constitue pas � ce titre l'objet premier de la linguistique. En d'autres termes, il s'agit d'appr�hender la langue en dehors de son usage, ce qui ne peut pas manquer de plonger dans la perplexit� quiconque admet que les interactions men�es par le biais du langage font cognitivement partie int�grante de ses propri�t�s, dont elles servent � forger les repr�sentations conceptuelles (Vigotsky 1934, Bruner 1983, Mondada / Pekarek 2000)
Par ailleurs, en �vacuant d'embl�e la fonction communicative du langage hors du champ d'investigation linguistique, on a implicitement confirm� la repr�sentation d�j� bien �tablie qui veut que la fonction premi�re de la langue soit de r�f�rer au monde, par l'interm�diaire du � signe �, descriptible dans son aboutissement selon la trilogie signifi� / signifiant / r�f�rent. L'id�alisme artificiel de cette position a �t� d�nonc� tant au niveau linguistique (Berrendonner 1981, 36ss ; Kleiber 1997) qu'en psychologie, notamment par les psychologues gestaltistes. Avant m�me de mettre en question l'absence d'ancrage �nonciatif pr�sum� pour la fonction r�f�rentielle (ou d�notative), nous nous contentons ici de souligner l'hypertrophie artificielle de cette fonction au sein du structuralisme.
Pour compl�ter la port�e r�ductrice et contraignante de ce paradigme de la � langue � et du � signe �, on notera que la combinatoire des signes entre eux, � savoir la morphosyntaxe et la syntaxe ne d�passe pas les limites de la phrase. Le texte et ses composantes structurelles propres ne font pas a priori partie des interrogations linguistiques.
Ces trois contraintes paradigmatiques : l'artificielle opposition langue / parole assortie de l'hypertrophie d'une fonction r�f�rentielle illusoirement autonome et de l'�troitesse du cadre phrastique p�sent encore lourdement dans l'inconscient collectif des linguistes et des didacticiens.
� cet h�ritage immanentiste, il nous para�t n�cessaire de r�pondre par un engagement fonctionnaliste clairement revendiqu�, un fonctionnalisme qui n'oppose pas syntaxe (plus ou moins formelle) et s�mantique, et qui ne se focalise pas sur la fonction informative du langage et sa dimension r�f�rentielle. Ce point de vue rejoint celui de Charolles et Combettes :
� Dans les derni�res d�cennies, sous la pression de mod�les g�om�triques de la syntaxe, on a sans doute eu tendance � pr�senter la grammaire sous un angle excessivement structuraliste, en oubliant que les principes qui gouvernent l'agencement des morph�mes au sein de la proposition et de la phrase ont aussi, et probablement, avant tout, une port�e fonctionnelle et une origine cognitive. � (Charolles et Combettes 2001, 139, c'est nous qui soulignons)
L'adoption d'un point de vue fonctionnaliste a d'ailleurs �t� r�guli�rement revendiqu�e d�s l'�mergence du courant �nonciatif, et notamment par Benveniste, consid�r� comme un des initiateurs de ce courant r�actif au postulat immanentiste en France :
� L'�nonciation est cette mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d'utilisation. � (Benveniste 1974, 80)
Dans la lign�e de Benveniste, la parution de l'�nonciation de Kerbrat-Orecchioni (1980) constitue un jalon de l'av�nement du cadre �nonciatif. Elle y souligne le caract�re fondamentalement fonctionnel du langage, impossible � appr�hender en excluant a priori les acteurs du discours, et poursuit l'exploration de l'inscription �nonciative au sein m�me de cat�gories lexicales et grammaticales.
Pour autant, comme on va le voir, la constitution d'une � analyse du discours �, envisag�e comme un champ englobant � la fois le domaine �nonciatif et le domaine textuel, ne s'est pas impos�e en corr�lation avec une extension ou une red�finition paradigmatique explicite. Il est alors utile de mettre en �vidence quelques options et paliers int�gratifs notoires marquant l'avanc�e de ces champs d'analyse dans le domaine linguistique pour mieux comprendre l'inertie que constitue encore l'h�ritage du structuralisme immanentiste et des habitudes conceptuelles plus ou moins conscientes qu'il nourrit. Sous l'�clairage de ces options et tournants constitutifs de la linguistique �nonciative et textuelle actuelle, on peut esp�rer mieux cerner les difficult�s auxquelles achoppe la constitution d'une grammaire r�ellement discursive.
Devant l'irr�pressible ascension du courant �nonciatif, diverses options ont �t� envisag�es pour r�soudre l'embarras que pose la transmission de l'h�ritage structuraliste tout en r�glant la succession de la fa�on la plus �conomique possible, pour ce qui est de son int�gration � un nouveau paradigme.
L'option apparemment la plus simple consiste � proclamer un lien �nonciatif fondamental rattachant les productions linguistiques au locuteur / r�cepteur tout en r�int�grant les repr�sentations s�mantiques traditionnelles telles quelles ou "relook�es" sous une apparence plus s�duisante au plan �nonciatif. La gestion de l'h�ritage se fait apparemment � moindre co�t et se limite pratiquement � des red�nominations terminologiques superficielles : la � phrase � devient � �nonc� �, le � texte� devient � discours �. Mais les b�n�fices d'une telle manipulation sont � la hauteur de l'investissement th�orique. Force est de constater qu'il ne suffit pas de d�cr�ter que le locuteur et �ventuellement le r�cepteur sont int�gr�s au mod�le pour qu'ils le soient. Un indice de leur �vanescence est bien que rien d'autre n'a concr�tement chang� sinon le d�cret de leur pr�sence : le fond de la description linguistique s'articule selon des rouages identiques, et le cadre �nonciatif revendiqu� s'apparente plus � une proclamation politique qu'� une modification paradigmatique effective. L'int�gration d'un locuteur id�alis� dans la comp�tence chomskienne n'a g�n�r� qu'un mince d�calage par rapport au concept fondateur de la langue structuraliste. On peut �voquer ici
aussi le fonctionnalisme "minimaliste" de Martinet, qui certes met l'accent sur la fonction de communication du langage, mais qui retrouve de fait les r�ductions h�rit�es du pass� : d'abord, la communication envisag�e est essentiellement informative, au d�pend des autres fonctions du langage. Cette restriction a pour effet de conserver un �clairage focalis� sur la dimension r�f�rentielle / descriptive du langage - qui r�f�re � une r�alit� extra-linguistique pr�-existant au message - au d�pend de l'analyse des effets de sens effectivement li�es � l'activit� communicative du producteur et du r�cepteur. Corr�lativement, et de fa�on coh�rente dans cette perspective, le code est assimil� � un instrument servant � la transmission de messages ind�pendamment des particularit�s �nonciatives des acteurs linguistiques. On r�cup�re de fait la partition langue / parole :
� [...] le message est assimil� � une r�alit� quasi-mat�rielle pr�-existant � la communication, comme un objet qui passerait de main en main [...]. A ce compte [...], les r�gles d'organisation des messages selon le code de la langue peuvent �tre �tudi�es ind�pendamment des activit�s d'encodage et de d�codage. � (Fuchs et Le Goffic 1992, 131)
Dans un champ connexe � ces tentatives timidement �mancip�es des postulats h�rit�es du pass�, il existe une perspective d'analyse plus engag�e dans la voie d'une s�mantique qui se pr�occupe d'avantage de l'impact de la situation de production / r�ception sur la construction du sens des �nonc�s. Cette voie, encore emprunt�e aujourd'hui, consiste � faire le pari de la conservation possible d'un signifi� de langue, en le consid�rant comme la signification � premi�re �, ou � litt�rale � de l'�l�ment linguistique concern�.� cette base s�mantique fondamentale envisag�e hors discours, on ajoute des compl�ments de signification d'ordre pragmatique (couvrant le domaine �nonciatif) � partir des informations particuli�res � une situation de production donn�e. Il faut bien voir que dans cette perspective, on conserve intact le signifi� linguistique h�rit�. Ducrot (1991), dans son avant-propos � la troisi�me �dition de Dire et ne pas dire (1972), rappelle qu'il avait revendiqu� ce type de mod�le � l'�poque de la premi�re parution de cet ouvrage. L'objectif �tait donc de d�fendre
� l'id�e qu'il y a, dans la construction du sens, un moment strictement linguistique, o� l'on attribue une va leur � la phrase, et un second, que j'appelais "rh�torique", o� cette premi�re valeur interagit avec la situation. �
Il s'agissait bien d'� imaginer, peut-�tre m�me construire une machine compos�e de deux modules, [...] bien d�limit�s : l'un traitait tout ce qui vient de la langue, c'est-�-dire tout ce qui est inscrit dans la phrase que l'�nonc� r�alise, l'autre combinait les r�sultats du premier avec les donn�es du contexte et de la situation, et arrivait � reconstruire le sens effectif" de l'�nonc�, tel que l'"observation" l'avait r�v�l�. � (Ducrot 1991, Avant-propos)
Pourtant, entre les dates de parution des deux �ditions cit�es et � la suite du d�veloppement de ce mod�le bi-polaire, Ducrot constate que la distinction entre les deux modules n'est plus aussi �vidente :
� � force d'�tre travaill�es, ces distinctions ont perdu l'heureuse nettet� d'autrefois : les limites se sont mises
� trembler. � (ibid.)
Ces difficult�s sont loin d'�tre anodines, car ce peut �tre le signe que le fonctionnement effectif du langage r�siste � ce principe dualiste qui devait permettre de conserver intact les acquis du pass� : la langue comme syst�me de signes, repr�sent�e par la composante � strictement linguistique � et l'int�gration a posteriori d'un module rh�torique distinct, d�pendant de donn�es particuli�res � chaque situation de production (cf. Ducrot 1991, 111s) . Cette repr�sentation s�mantique modulaire, dite � th�orie en Y � par Berrendonner, se heurte � l'existence d'�l�ments linguistiques impliquant pr�cis�ment du sens �nonciatif dans leur signification premi�re, litt�rale (cf. Berrendonner 1981, 13). Dans ce cas effectivement, l'opposition sens en langue / sens en situation n'a plus lieu d'�tre. Elle g�n�re notamment le paradoxe de cat�gories linguistiques comme les indiciels (les pronoms ou les adverbes d�ictiques par exemple) qui constituent des �lots s�mantiques dont le signifi� implique un lien � une situation d'actualisation, quelle qu'elle soit - alors qu'on se trouve dans un mod�le qui postule pr�cis�ment des signifi�s litt�raux hors du
champ de l'actualisation du langage. D�s 1980, Kerbrat-Orecchioni rencontre une incompatibilit� int�grative de ses propres r�sultats dans ce mod�le. Elle �voque en l'occurrence la cat�gorie des lex�mes qui renvoient dans leur signification m�me � une position �valuative n�gative de l'�nonciateur par rapport au contenu r�f�rentiel.
� Faut-il en conclure que le trait de d�valorisation dont ils sont porteurs rel�ve de la composante pragmatique ? Mais ce trait �valuatif est proprement indissociable des autres ingr�dients descriptifs du s�m�me. Doit-on admettre la possibilit�, pour une m�me unit� de contenu, de jouer � la fois sur les deux tableaux s�mantique et pragmatique ? � (Kerbrat-Orecchioni 1997, 199)
Cette derni�re question, qui nous para�t aujourd'hui centrale, sera r�envisag�e plus loin. On peut faire pour l'instant un bilan interm�diaire concernant l'origine de l'h�t�rog�n�it� des domaines grammaticaux. La syntaxe traditionnelle est profond�ment marqu�e par le postulat immanentiste, dans lequel on ne peut pas int�grer certains � �lots � �nonciatifs qui r�sistent dans leur signification et leur fonctionnement � la dissociation langue / usage de la langue. De plus, ce qui a paru d'abord pouvoir �tre consid�r� comme des �lots somme toute restreints (les verbes performatifs et les actes � d�claratifs � au sens de Searle, les d�ictiques, les registres de langage familiers ou standard...) s'est transform� progressivement en continent �nonciatif et textuel. Si l'h�ritage du pass� doit �tre capitalis�, ce n'est donc vraisemblablement pas dans un cadre dissociant fondamentalement la langue comme syst�me en soi de son utilisation par les usagers.
Dans ce parcours exploratoire de l'articulation des fonctions r�f�rentielle et �nonciative du langage, il est int�ressant de souligner un effet de "balancier �pist�mologique" qui conduit Benveniste � nier le contenu r�f�rentiel des pronoms personnels, envisag�s dans leur seule fonction de supports �nonciatifs n�cessairement actualis�s. Kerbrat-Orecchioni rel�ve ainsi cette �tonnante et c�l�bre affirmation :
� Les pronoms [...] ne renvoient ni � un concept ni � un individu. � (Benveniste 1966, 261)
Comme le fait remarquer Kerbrat-Orecchioni (1997, 44), � on peut contester l'expression de "formes vides" qu'utilise Benveniste au sujet des pronoms �. Ils ont effectivement bien un sens conceptuel : je par exemple renvoie au producteur de l'�nonc� dans lequel appara�t son occurrence. Peu importe si le r�f�rent n'est pas fixe ni intrins�quement identifiable hors du discours. La rectification est effectivement n�cessaire, et si cette affirmation para�t surprenante de la part de Benveniste, elle peut s'expliquer en r�action � l'id�al r�f�rentiel objectiviste, qui postule un r�f�rent stable hors du discours contre lequel s'insurge ainsi Benveniste. Comme on le voit, cette d�finition exclusivement �nonciative des pronoms n'est pas seulement anecdotique, et elle tout nous para�t symptomatique d'une difficult� toujours actuelle : comment envisager le signifi� des �l�ments linguistiques ? Comment articuler le langage comme trace de la relation �nonciateur / r�cepteur et le langage comme outil de r�f�rence au monde (r�el ou imaginaire) ? Si le processus �nonciatif laisse des traces dans le produit de l'�nonciation, il faut pourtant que les �l�ments linguistiques qui servent de support � ces effets de sens int�grent dans leurs signifi�s un trait s�mantique responsable de ces effets.
Pour conclure ce parcours rapide d'un probl�me h�rit� de longue date, il appara�t qu'il est encore courant de privil�gier une distinction exclusive entre ces deux p�les. Soit on met l'accent sur la fonction r�f�rentielle (renvoyant au monde extra-linguistique) en retrouvant la trilogie signifi� / signifiant / r�f�rent d�velopp�e d'ailleurs de fa�on tr�s fine jusque dans la th�orie des prototypes (Dubois 1993), soit on se pr�occupe de la fonction �nonciative de certains outils linguistiques, sans n�cessairement articuler au sein m�me des signifi�s ce sens �nonciatif � leur sens r�f�rentiel. La solution th�orique initi�e par Ducrot ne fait que souligner ce hiatus essentiel, sans le r�soudre. Peut-�tre faudrait-il reconna�tre que l'on s'enferre dans une dichotomie artificielle entre deux fonctions s�mantiques compl�mentaires et irr�ductibles l'une � l'autre. Ce sont ces deux fonctions qu'il faut arriver � r�concilier pour homog�n�iser enfin le champ grammatical, abandonn� dans l'�ther de l'immanentisme et le champ �nonciatif, largement d�velopp� par les linguistes et didacticiens interactionnistes, mais sur des chemins le plus souvent assez �loign�s d'une franche volont� de rassembler sous un m�me paradigme l'ensemble des domaines grammaticaux (cf. V�ronique / Vion 1995, Arditty / Vasseur 1999, et bien s�r la revue AILE) . C'est � ce prix que l'on pourra esp�rer r�pondre � cette question parall�le qui nous pr�occupe sur le versant grammatical en didactique : comment homog�n�iser les repr�sentations d�contextualis�es de la grammaire et les connaissances issues des recherches effectu�es en linguistique �nonciative et textuelle ?
La premi�re �poque de la linguistique �nonciative a permis de faire enfin vaciller le cadre immanentiste traditionnel en osant remettre en question la distinction langue / parole (ou comp�tence / performance) par une revendication de la
� mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d'utilisation � (Benveniste 1974, 80)
Si une voie �nonciative s'est ainsi ouverte, on est encore loin du dialogisme revendiqu� par F. Jacques (1979, 1985), qui milite pour la prise en compte corr�lative de l'�nonciateur et du r�cepteur. Mais l'impulsion essentielle est donn�e et on passe progressivement d'une conception monologique de l'�nonciation � une conception effectivement dialogique, qui met en �vidence dans les textes des traces de prise de position de l'�nonciateur par rapport au contenu de son discours, mais aussi en fonction du r�cepteur. Celui-ci joue un r�le de toute premi�re importance dans la constitution m�me du discours, tant sur la forme que sur le fond, � l'oral aussi bien qu'� l'�crit. Les travaux initi�s par Kerbrat-Orecchioni sur les interactions verbales ont �t� depuis lors largement suivis et suffisemment d�velopp�s pour qu'on n'y revienne pas ici en d�tail.
� ce stade de la r�flexion, il est temps de se tourner vers deux questions qui prolongent logiquement celle de l'articulation de la langue et du champ �nonciatif : comment envisager la transition de la phrase au texte ? Comment articuler aussi les domaines �nonciatif et textuel ?
Ainsi que le montrent Charolles et Combettes dans leur article d�j� cit� (2001, 124), le passage de la phrase au texte ne s'est pas fait sans heurt, et l'on ne peut d'ailleurs pas consid�rer qu'il soit abouti aujourd'hui. En effet, l'av�nement du texte s'est d'abord affirm� � travers une opposition stricte vis-�-vis de la grammaire phrastique : le texte
� n'est pas une unit� grammaticale, mais une unit� "d'usage du langage" � (Halliday et Hasan 1976, 1 cit�s par Charolles et Combettes 2001, 122)
Pourtant, ici encore, de nombreux aspects cognitifs justifient une prise en compte du texte comme unit� de fonctionnement � part enti�re, tant au niveau linguistique qu'au niveau didactique, et non comme simple juxtaposition de phrases. Sur la question des caract�ristiques structurales du texte, nous renvoyons aux travaux pionniers de Mandler / Johnson, van Dijk, Kintsch rassembl�s dans Denhi�re (1984), � la suite desquels il faut citer aussi les diverses publications de Adam (notamment 1992, 1999), Fayol (1985, 1997), Fayol et al. (1992), suffisamment connues aussi bien par les linguistes que par les didacticiens et les psychologues pour qu'elles puissent constituer un fond commun et ancrer une discussion pluridisciplinaire solide. En deux mots, la linguistique textuelle s'est attach�e � d�finir types et genres de textes, mais aussi � comprendre les particularit�s structurales d'unit�s constitutives des plans de textes, ainsi que leur articulation - c'est-�-dire la relation entre coh�rence s�mantique et coh�sion textuelle.
Parall�lement � l'�mergence progressive d'une grammaire textuelle, au d�part peu soucieuse d'int�grer l'h�ritage phrastique et les pr�occupations descriptives de la grammaire traditionnelle, force est de constater que l'ouverture �nonciative, quant � elle, ne s'est pas pr�occup�e d'int�grer le texte dans la d�finition de son champ d'investigation. Au contraire, l'�nonciation se d�finit � ses d�buts en niant l'existence d'unit�s textuelles sup�rieures � la proposition :
� La phrase [pour] Benveniste (1962/74), ne peut "entrer � titre de partie dans une totalit� de rang plus �lev�. Une proposition peut seulement pr�c�der ou suivre une autre proposition dans un rapport de cons�cution" (i.e. de successivit�) car "un groupe de propositions", autrement dit un discours, "ne constitue pas une unit� d'un ordre sup�rieur � la proposition" (p.129). � Charolles et Combettes (2001, 121)
Si Benveniste n'exclut pas l'analyse de larges fragments linguistiques, c'est seulement pour mettre en �vidence
� comment le sujet s'approprie l'appareil formel de la langue et �nonce sa position de locuteur par des indices sp�cifiques � (Benveniste, cit� par Charolles et Combettes 2001, 121)
La distinction des registres �nonciatifs histoire et discours illustre les manifestations �nonciatives que l'on peut mettre en �vidence dans cette perspective, manifestations dont la g�n�ralit� tient effectivement au fait qu'elles ne sont pas associ�es � un plan de texte particulier. Cette dissociation entre perspective �nonciative et perspective textuelle, qui para�t aujourd'hui un peu excessive, n'est certes plus d'actualit�. Il est permis de penser qu'elle �tait une �tape n�cessaire � la constitution de deux domaines distincts, dont on a pu seulement ensuite mettre en �vidence la compl�mentarit�. Pour autant, la question cruciale pour le grammairien reste celle de l'articulation de l'h�ritage syntaxique � ces deux domaines, qui se d�veloppent par ailleurs actuellement dans une relation de fraternit� plus sereine, plus ou moins explicitement hors du cadre saussurien.
Notre examen n�cessairement rapide de l'h�ritage linguistique, de la grammaire phrastique et d�contextualis�e aux champs �nonciatif et textuel, a permis de faire des hypoth�ses sur les raisons �pist�mologiques qui ont conduit � envisager de fa�on non int�grative ces trois domaines. Or, il appara�t que leur articulation dans un ensemble coh�rent est n�cessaire pour envisager les grandes lignes d'une grammaire discursive effectivement fonctionnelle. Mais avant d'aborder ce qui sera notre derni�re partie, il est int�ressant de rappeler bri�vement quels regards portent didacticiens et psychologues cognitifs sur ces difficult�s articulatoires h�rit�es de la linguistique. Nous ne ferons �videmment pas ici un historique de l'�volution des m�thodologies didactiques concernant la grammaire, que ce soit pour le FLE ou le FLM. Notre objectif est ici de cadrer les propositions faites en derni�re partie en soulignant certaines difficult�s essentielles rencontr�es dans le domaine de l'apprentissage / enseignement de la grammaire, mais aussi en �tablissant des rep�res cognitifs permettant de baliser le cheminement r�flexif.
Nous avons d�j� �voqu� en introduction la perplexit� que g�n�re chez les grammairiens de FLE la tripartition h�t�rog�ne du domaine grammatical, per�ue comme un �clatement difficilement conciliable entre les p�les syntaxique, �nonciatif et textuel. Vigner (2004, 85) formule ainsi une difficult� th�orique que Besse et Porquier relevaient d�j� vingt ans auparavant :
� Cette extension du champ grammatical � l'ensemble des manifestations de la prise de parole, � l'�change conversationnel ou aux diff�rentes formes d'�criture, peut inqui�ter toute personne soucieuse de rigueur dans la description des faits de langue. De nombreuses descriptions, dans tout ce qui se situe dans l'au-del� de la phrase, ou qui sont en relation avec le sujet �nonciateur, restent parfois trop ponctuelles ou trop sp�cifiques � un domaine d'usage pour pouvoir �tre g�n�ralis�es � d'autres. Aussi serait-on tent� de partager le point de vue d'H. Besse qui notait que : � ces descriptions, nouvelles mais encore tr�s parcellis�es, sont beaucoup plus pr�sentes dans les discours des linguistes et des th�oriciens de l'enseignement / apprentissage des langues que dans les manuels et les pratiques de classe, probablement parce qu'elles ont tr�s peu r�nov� les connaissances morphologiques traditionnelles ou structurales [...] � Besse 1984, 20. � (Vigner 2004, 85) .
Nous avons explor� pr�c�demment les raisons qui ont fait que les connaissances morphologiques (et morpho-syntaxiques) traditionnelles ou structurales ont �t� peu r�nov�es par les apports �nonciatif et textuel. On verra aussi plus loin que les contributions de ces deux derniers domaines sont aujourd'hui loin d'�tre parcellaires, mais empi�tent de plus en plus sur le domaine pr�tendument d�contextualisable de la grammaire, comme la d�finition lexicale ou le fonctionnement de la phrase m�me.
Les didacticiens du FLM ont abord� de fa�on plus frontale cette probl�matique que ne l'ont fait les sp�cialistes de FLE. C'est donc dans le champ de la didactique du FLM que l'on rencontre les avanc�es les plus nettes (cf. Vigner 2004, 86 et surtout Garcia-Debanc et al. 2001) . Maingueneau (2001, 16) rappelle que l'enseignement actuel en FLM � associe traditionnellement une analyse de la langue hors contexte, qui se tient en g�n�ral dans les limites de la phrase et que l'on a pris l'habitude de nommer "grammaire" [...] et que l'on met en contraste avec des activit�s centr�es sur l'�tude et la production de textes. � Dans cette derni�re perspective, qui donne � tout son poids � la notion de discours �, le langage est con�u � comme activit�, comme interactivit� �, tant au niveau du champ �nonciatif qu'au niveau de la constitution structurale des textes. Il ajoute que � la difficult� pour les didacticiens est de g�rer cette double polarit� �. Comment en effet articuler les activit�s grammaticales et les activit�s li�es aux textes, au � discours � ? D'autre part, dans le sens d'une n�cessaire mise en question de l'hypertrophique fonction r�f�rentielle (d�nonc�e plus haut au point 2.), Maingueneau constate :
� le sort exceptionnel qui est r�serv� [au � ma�tre-mot � discours] tient aussi au fait qu'il permet de contester les conceptions "repr�sentationnistes" du langage jusqu'alors dominantes en linguistique comme en didactique des langues. �
Il n'est gu�re �tonnant de retrouver sur le versant didactique des questions similaires � celles qui pr�occupent les linguistes. En deux mots, comment int�grer dans un cadre commun l'h�ritage structuraliste et les "�chapp�es paradigmatiques" �nonciatives et textuelles?
En FLE, la question de la s�lection et de la pr�sentation des contenus grammaticaux d�pend davantage de postulats m�thodologiques d'enseignement / apprentissage (cadre audio-visuel, programme notionnel / fonctionnel et m�thodes communicatives, (cf. Puren 1988, Germain / Netten 1995) que du r�sultat d'une r�flexion particuli�re sur le fonctionnement du langage et sur le statut de la grammaire par rapport aux � �volutions � des descriptions linguistiques (Puren 1988, 8) ou aux � courants � �nonciatifs et pragmatiques (Cuq 1996, 125) . Mais si l'on a pr�cis�ment pour objectif de ne pas noyer les apprenants par un m�talangage abscons ou des descriptions grammaticales contre-intuitives ou m�me fausses, options notoirement contre-productives en FLE, il para�t utile de se poser la question de la formulation des contenus grammaticaux en amont de celle de leur didactisation telle qu'elle est actuellement envisag�e. Une re-marque de Besse et Porquier permet d'illustrer une de nos conclusions personnelles, tant au niveau de la description grammaticale que de l'enseignement du FLE : celle de se donner comme postulat de travail d'�tablir un lien n�cessaire entre la situation d'�nonciation et le fonctionnement grammatical du langage :
� Le grammairien classique ne tient pas compte du contexte discursif dont l'�nonc� est extrait, ni plus largement de la situation de communication pour laquelle il a �t� con�u. [...] Et bien qu'adolescents et adultes soient, en principe, capables de saisir ce fonctionnement, nombre d'entre eux r�sistent, souvent non consciemment, � cette dissociation impos�e par l'activit� r�flexive grammaticale traditionnelle entre l'�nonciateur, ses conditions d'�nonciation et de r�ception, et l'�nonc� lui-m�me, simplement parce que cette dissociation n'est pas habituelle, "naturelle", dans l'usage ordinaire des langues [...]. � (Besse / Porquier 1984, 19)
L'articulation essentielle de la grammaire et des p�les �nonciatifs / textuels est d'autant plus cruciale en didactique que les apprenants ne per�oivent pas intuitivement "l'existence" d'une langue d�contextualis�e - si tant est que l'on arrive � d�montrer en linguistique le bien-fond� de ce postulat, qui ne rel�ve pas de l'�vidence premi�re. Pourtant, depuis la parution de l'ouvrage de Besse / Porquier, il ne semble pas que l'on puisse observer de modification notoire concernant la d�contextualisation grammaticale (cf. Vigner 2004, 82) .
Les approches communicatives n'�chappent pas � cette dichotomie �pist�mologiquement explicable mais peu fond�e cognitivement. Gaonac'h remarque dans ce sens que
� le "communicatif" pr�sente ainsi fr�quemment une connotation oppositionnelle (sinon contradictoire) avec le linguistique. Ceci est particuli�rement crucial lorsqu'on traite de la "comp�tence de communication", qui peut appara�tre comme une comp�tence sans lien avec une comp�tence linguistique (c'est-�-dire portant sur le code linguistique). Cette dichotomie pose probl�me au psychologue, tout d'abord sur un plan th�orique tr�s g�n�ral. Si langage et communication sont ontologiquement li�s, d'un point de vue fonctionnel, on ne voit pas ce qui peut justifier de les �tudier s�par�ment, de les mesurer s�par�ment (tests de comp�tence de communication), de les enseigner s�par�ment (exercices communicatifs). � (Gaonac'h 1991, 177)
Vigner regrette l'h�t�rog�n�it� existant en linguistique et l'absence de � grande th�orie dominante en langue qui permettrait, d'un coup de baguette magique, d'organiser en une totalit� coh�rente tout le pay-sage linguistique � parcourir. � (Vigner 2004, 157) . En l'absence d'une f�e, ou plus prosa�quement d'un paradigme de travail �tabli, pour � organiser la coh�rence � et �laborer une description fonctionnelle et pr�dictive en FLE, il nous semble judicieux de naviguer au plus pr�s de ce que l'on sait des processus de traitement cognitif du langage, et particuli�rement ici des processus de production de texte.
Pour la production monologique (orale ou �crite), que l'on peut consid�rer comme �tant cognitivement plus complexe � g�rer que l'�change dialogu�, Fayol (1997, 84) met en �vidence deux domaines de gestion des informations en m�moire de travail. Il s'agit pour le producteur de g�rer en parall�le d'une part la lin�arit� de l'�mission linguistique et l'�laboration d'un plan de texte, en relation avec le contenu r�f�rentiel ; d'autre part, � la situation de production elle-m�me (les contraintes li�es � la situation d'�nonciation) et la prise en compte du destinataire �. On retrouve l�, au coeur des processus de traitement du langage, ces trois axes qui doivent selon nous �tre imp�rativement int�gr�s et articul�s si l'on vise une grammaire adapt�e � la production, notamment en FLE. Ces processus reposent sur l'acquisition de routines, dont on peut mettre en �vidence l'installation progressive pendant l'enfance et l'adolescence (Fayol 2001, 306ss), une acquisition que l'on souhaite �videmment favoriser par l'enseignement. On peut d�finir ces routines de traitement mental en termes de strat�gies de rep�rages d'indices congruents appartenant � des cat�gories vari�es (de dimensions et de natures diverses : outils grammaticaux, lexique). L'acquisition de ces routines consiste donc � mettre en place dans la m�moire � long terme des sch�mas correspondant � des "blocs de connaissance" concernant le fonctionnement du langage (cf. Fayol et al. 1992, 74ss) . Pour une meilleure efficacit� didactique, la description linguistique doit s'efforcer de correspondre au mieux � ce que l'on sait des processus de traitement mental des discours, quitte � remettre en question des habitudes descriptives balis�es par des grilles cat�gorielles r�ductrices.
Sur la base de ces postulats, on peut r�sumer en un sch�ma les trois dimensions compl�mentaires � prendre en compte. Ce sch�ma g�n�ral ne surprendra personne en ce qui concerne la gestion du texte, envisag� en tant que � discours �. On y retrouve en effet les trois p�les progressivement mis � jour par l'exploration linguistique du fonctionnement du langage.
Il nous semble n�cessaire de souligner deux caract�ristiques essentielles de l'articulation de ces dimensions. D'une part, aucune des trois n'est plus importante que les autres : comme on l'a montr� plus haut, la surpond�ration accord�e traditionnellement � la fonction r�f�rentielle �tait artificielle. D'autre part, ces trois dimensions sont indissociables, au sens o� elles ne peuvent pas entrer en contradiction entre elles dans un texte coh�rent et en dehors d'un jeu langagier. Ce lien de coh�rence est symbolis� dans le sch�ma par les doubles fl�ches, liant chaque dimension aux deux autres. Pour la compr�hension des textes, comme pour la pr�diction en FLE, on peut alors s'appuyer sur cette coh�rence multi-dimensionnelle et d�velopper des strat�gies de rep�rage d'indices congruents relevant simultan�ment de ces trois dimensions. Ces faisceaux d'indices peuvent permettre de faciliter et de justifier des choix interpr�tatifs ou productifs. Ainsi que le souligne Gaonac'h :
� Les strat�gies de rep�rage d'indices peuvent �tre consid�r�es comme des strat�gies de communication, dans la mesure o� elles consistent � �laborer des hypoth�ses qui sont support�es en fait essentiellement par des connaissances pr�alables (de contenu ou formelles) suppos�es partag�es par l'auteur et le lecteur. � (Gaonac'h 1991, 177)
Dans ce contexte �pist�mologique, il semble alors justifi� de militer pour une grammaire textuelle, dont il faut d�finir bien s�r les modalit�s en fonction du niveau des apprenants, mais dont le principe para�t acquis. La compr�hension du fonctionnement du langage passe par une acquisition du fonctionnement du texte :
� Produire un discours est, d'une certaine fa�on, plus facile que de produire une phrase, les contraintes discursives, si elles sont ma�tris�es suffisamment, pouvant constituer une aide dans la construction des phrases. � (Gaonac'h 1991, 186)
On se trouve donc l� en opposition totale avec la grammaire traditionnelle, qui s'ouvre g�n�ralement par l'�tude des groupes syntaxiques (GN, GV...) et se limite souvent � la phrase.
Au terme de cet article, nous entrons ici dans la partie qui para�tra probablement la plus surprenante, dans la mesure o� elle remet en question la formulation bien �tablie des significations lexicales et grammaticales. La plupart du temps de fa�on explicite, on admet pour les outils grammaticaux des signifi�s renvoyant avant tout � un contenu d�notatif (r�f�rentiel). Ainsi, la fonction des pronoms est de renvoyer au r�f�rent install� dans le mod�le mental par leur ant�c�dent, les temps verbaux renvoient avant tout � du temps "physique" (fonctions temporelles et / ou aspectuelles), les adverbes et les conjonctions se d�finissent d'abord par leur contenu s�mantique. Quant � la phrase, elle est bien form�e si elle est r�f�rentiellement coh�rente, et elle est g�n�ralement envisag�e selon un mod�le de construction syntaxique standardis� et pr�sent� comme "neutre" par rapport � d'autres constructions "�nonciativement marqu�es" (comme si toute production linguistique n'�tait pas marqu�e par la situation d'�nonciation, m�me celles qui se veulent les plus standardis�es). Concernant le lexique, sa fonction premi�re est �videmment r�f�rentielle aussi, et s'il est marqu� �nonciativement, on restreint cette fonction aux registres de langage (populaire, familier, standard et soutenu / litt�raire). Parall�lement, si l'on veut signaler certaines fonctions �nonciatives ou textuelles de ces domaines linguistiques, on le fait dans un second temps et surtout sans relier ces fonctions s�mantiques secondaires au signifi� des �l�ments linguistiques d�clencheurs de ces effets desens. � charge pour l'apprenant de tenter une homog�n�isation de l'ensemble (Vigner 2004, 86). C'est ainsi que se constitue une cat�gorie �nonciative h�t�rog�ne : les registres histoire / discours des temps verbaux, les registres de langage (familier, soutenu...), les modalit�s, le rep�rage de la polyphonie, comme le discours indirect libre par exemple, les actes de langage... Au niveau textuel r�gne la m�me h�t�rog�n�it�.
� Comment en effet faire comprendre aux �l�ves que, lorsqu'il s'agit de l'analyse des textes, il peut �tre utile de regrouper sous la m�me �tiquette de connecteurs un vaste ensemble d'expressions que la grammaire de phrase range dans des cat�gories diff�rentes (conjonctions, adverbes, groupes pr�positionnels, interjections) ? � (Charolles / Combettes 2001, 119)
De la m�me fa�on, le traitement textuel de l'anaphore regroupe diverses cat�gories que � la taxinomie grammaticale distingue soigneusement � (ibid.). (Charolles / Combettes 2001, 119).
Nous avons vu plus haut qu'une entr�e discursive dans la grammaire �tait justifi�e cognitivement. On voit ici qu'elle est fond�e aussi dans la perspective d'une pr�sentation homog�ne des cat�gories d'expressions linguistiques. L'homog�n�isation des trois fonctions essentielles � articuler dans l'usage du langage peut �tre efficacement compl�t�e par l'exploitation du sch�ma s�mantique propos� plus haut � tous les niveaux fonctionnels. On fait l� l'hypoth�se que ces fonctions cognitives fondamentales dans la gestion du langage s'articulent pour organiser les signifi�s des expressions linguistiques au niveau syntaxique (temps verbaux, connecteurs, constructions phrastiques...), mais aussi plus largement au niveau lexical. Dans le cadre restreint de cet article, nous nous limiterons � illustrer de fa�on sommaire l'int�r�t descriptif de cette int�gration s�mantique.
Notre parcours exploratoire du fonctionnement des temps verbaux (Barbazan 2002, 2004, 2006...) nous a conduite � envisager un signifi� pour les formes verbales similaire � celui que nous avons propos� plus haut pour le texte. Cette repr�sentation s�mantique est inspir�e de la proposition de Le Ny (1979), qui nous s�duit autant par sa rigueur que par sa souplesse de fonctionnement puisqu'elle permet de rendre compte de l'�mergence des variations s�mantiques contextuelles tout en d�finissant un invariant conceptuel (cf. Barbazan 2006, 133ss) . Le choix de cette repr�sentation s�mantique a bien s�r �t� motiv� par une exploration de l'�ventail des valeurs contextuelles tr�s diverses prises par les temps du pass�, notamment. Cette exploration �tait d'une part guid�e par notre activit� d'enseignement du FLE, en Allemagne comme en France, et d'autre part par le refus de tout a priori th�orique concernant le sens fondamental des temps (notamment l'adoption onomasiologique d'un paradigme temporel, aspectuel ou au contraire �nonciatif, cf. Weinrich 1973). La conclusion g�n�rale de cette �tude pr�alable et n�cessaire � l'adaptation grammaticale a �t� que les temps verbaux distribuent leurs valeurs s�mantiques selon trois axes : fonctions r�f�rentielle, �nonciative et textuelle, irr�ductibles les unes aux autres. En d'autres termes, si les temps verbaux servent effectivement � r�f�rer � du temps (chronologique ou aspectuel), ainsi que le pr�voit de fa�on hypertrophi�e la perspective traditionnelle, ils sont aussi porteurs d'indices concernant la situation �nonciative (Barbazan 2002, 2006, 2007b) et servent � d�marquer des parties de texte. Dans cette perspective par exemple, le choix exclusif entre le pass� compos� (ou pass� simple) d'une part et l'imparfait d'autre part peut s'expliquer par une situation en d�but de 'paragraphe' (s�quence ou �pisode) pour les deux premiers, qu'il faut opposer � la fonction de coh�sion intra-s�quentielle pour l'imparfait (Barbazan 2006, 343ss) . Une description traditionnelle focalis�e exclusivement sur le temps ou l'aspect ne permet pas de rendre compte des contextes �nonciatif et textuel, surtout dans une perspective de didactique du FLE (Barbazan 2007a, � para�tre b et c) .
Nous entendons par connecteur une classe couvrant diverses cat�gories h�t�rog�nes de la grammaire traditionnelle (adverbes, conjonctions, groupes pr�positionnels, interjections...). Que les connecteurs jouent un r�le essentiel dans la gestion de la structure textuelle ne fait plus de doute aujourd'hui, r�le �videmment en relation avec leur contenu r�f�rentiel. En corr�lation avec cette fonction textuelle, ils ont aussi un r�le �nonciatif. Certains indices, comme le changement de place syntaxique, ou l'environnement s�mantique permettent d'activer certains traits du signifi�, relevant de telle ou telle dimension de sens (cf. Le Ny 1979, 181ss) : ainsi, l'adverbe bien peut �tre "adverbe de mani�re", c'est-�-dire activer au premier plan son sens r�f�rentiel (J'ai bien dormi). Il peut devenir "modalisateur" �nonciatif (� force de s'acharner, il a bien fini par avoir son bac � effectivement), avec dans ce cas une variation de contenu d�notatif. Il peut aussi, en d�but de partie de texte, marquer une charni�re de la structure textuelle (Bien, apr�s cette partie pr�liminaire, passons au vif du sujet).
Une conjonction comme et, envisag�e g�n�ralement dans une perspective phrastique, joue aussi un r�le textuel, par exemple comme signal de reprise vocale du narrateur apr�s un fragment au discours indirect libre (Bally, repris par Vuillaume 2000, Barbazan 2008 � para�tre a) . On peut aussi lui trouver des emplois pour lesquels la dimension �nonciative est mise en avant : utilis� dans un texte de fa�on particuli�rement r�p�titive, il peut �tre un indice d'une production d'enfant.
Faute de place, nous ne d�veloppons pas la multi-fonctionnalit� des pronoms, ni de la syntaxe phrastique. On trouvera cependant dans Confais (2001) une illustration convaincante du r�le textuel de la pronominalisation comme marquage coh�sif, � l'int�rieur d'une unit� textuelle, oppos�e � la renominalisation (le r�emploi du nom) situ�e aux charni�res structurales dont elle est un indice. Ce r�le justifie que les pronoms soient inclus dans la classe des connecteurs. Parall�lement, de nombreux emplois sont motiv�s par un choix �nonciatif (le choix de nous pour je dans cet article par exemple). Quant � la phrase, l'analyse de sa structure syntaxique peut �tre interpr�t�e tant au niveau �nonciatif que textuel. Dans le premier domaine s'int�grent tous les ph�nom�nes de segmentation, ou de topicalisation, notamment. L'analyse �nonciative de la syntaxe phrastique peut �tre mise en corr�lation avec le genre de texte ou le type s�quentiel dans lequel elle se situe. Et dans le domaine textuel, on trouve aussi les ph�nom�nes d�bordant le cadre phrastique, comme les constructions d�tach�es d�crites par exemple par Charolles et Combettes, dans leur article d�j� cit� (2001, 129).
La grammaire traditionnelle adopte une attitude ambigu� au regard du lexique. D'une part, on consid�re qu'il est connexe au domaine qu'elle couvre, et ne concerne donc pas au premier chef le grammairien, mais d'autre part, l'�tude des registres de langage (familier, litt�raire...), qui passe par le lexique, est g�n�ralement envisag�e dans les grammaires actuelles. Si l'on veut cependant favoriser l'acquisition de routines de compr�hension et de production de textes - en incitant les apprenants � mettre en corr�lation s�mantique des faisceaux d'indices congruents - il est alors n�cessaire de relier l'emploi du lexique � celui des "outils grammaticaux" traditionnels, en relation aussi au domaine textuel (cf. Barbazan 2007b pour une application dans un objectif de didactique en FLE � l'emploi de temps verbaux).
Par ailleurs (ainsi que nous l'avons sugg�r� au point 3.1.), les conclusions de l'�tude de Kerbrat-Orecchioni (1997) vont dans le sens de l'inscription effective d'une dimension �nonciative au sein du signifi� d'une cat�gorie lexicale, marqu�e par un trait [+subjectif], la cat�gorie des subjectiv�mes. Cette dimension �nonciative est conjointe � la dimension d�notative (r�f�rentielle).
� Ces substantifs cumulent deux types d'informations, d'ailleurs indissociables :
- une description du d�not�
- un jugement �valuatif, d'appr�ciation ou de d�pr�ciation, port�
sur ce d�not� par le sujet d'�nonciation. � (Kerbrat-Orecchioni 1997, 73)
Entre autres qualit�s, que nous ne pouvons pas reprendre ici, ces termes
� sont � �liminer d'un discours � pr�tention d'objectivit�, dans lequel le locuteur refuse de prendre position par rapport au d�not� �voqu�. [C'est pourquoi ils] peuvent �tre consid�r�s comme comportant un trait s�mantique [+subjectif] � (Kerbrat-Orecchioni 1997, 73) .
Logiquement, et en corr�lation avec l'adoption de ce trait [+subjectif] pour certains termes (toutes cat�gories lexicales confondues), on peut pr�voir un trait [-subjectif] pour d'autres. Ces derniers, souvent d�crits comme "neutres", alors qu'ils sont aussi d�notatifs d'une attitude �nonciative que les subjectiv�mes, sont privil�gi�s par exemple dans les rapports de police. On voit par cet exemple se profiler la possibilit� de mettre en relation la "couleur �nonciative" d'un terme lexical avec un mode de textualisation privil�gi�, en relation avec la caract�risation des genres. Il faut bien s�r se m�fier ici de la caricature descriptive, p�chant par exc�s de syst�matisation et source de surg�n�ralisations in�vitables pour les apprenants.
Dans cette perspective, les traits correspondants aux registres de langue (bagnole vs voiture) sont � inscrire dans la dimension �nonciative, de m�me que peut l'�tre toute trace d'une appartenance de l'�nonciateur � une classe id�ologique marqu�e dans le lexique, ou la trace d'une repr�sentation du r�cepteur pour le locuteur et de leur relation particuli�re, associ�e � un "choix de vocabulaire".
Au terme de ce parcours rapide, privil�giant un cheminement �pist�mologique pour souligner le paradoxe cognitif que repr�sentent les difficult�s d'int�gration du champ traditionnel de la grammaire aux "d�bordements paradigmatiques" de la linguistique �nonciative et textuelle, il nous para�t coh�rent de souhaiter fortement l'�mergence d'une grammaire discursive, ancr�e dans le texte et l'�nonciation. L'adoption d'un mode descriptif tri-dimensionnel des "outils" lexicaux et grammaticaux nous semble tout aussi justifi�e. Ces principes descriptifs �tant pos�s, il reste �videmment � formuler le d�tail du parcours grammatical.
Sur le plan de la mod�lisation linguistique, apr�s avoir �t� longtemps � l'�troit dans un paradigme immanentiste et phrastique, on risque subitement d'avoir l'impression de disposer d'un cadre de travail �largi au point de poser des probl�mes de "remplissage" descriptif pour les nouvelles dimensions postul�es au sein des signifi�s. Ces questions se posent notamment pour les termes les plus faciles � g�rer dans le cadre saussurien. Il semble difficile par exemple de d�finir un caract�re �nonciatif ou textuel particulier au mot escalier. Probablement parce que ce terme est recevable quels que soient la situation d'�nonciation ou le texte envisag�s. Mais le b�n�fice int�gratif de cette repr�sentation s�mantique para�t tout de m�me suffisant pour que l'on explore un espace descriptif cognitivement fond�, � la fois dans ses possibilit�s d'�largissement, mais aussi dans les interrogations que posent ces derni�res.
Notre dernier mot ne peut aller que dans le sens d'un plaidoyer pour une meilleure interaction entre ces trois disciplines que sont la psychologie cognitive, la linguistique et la didactique (Barbazan, � para�tre d). La premi�re propose des rep�res qui doivent �tre imp�rativement pris en compte par les linguistes soucieux de descriptions cognitivement recevables et a fortiori par les didacticiens. On peut esp�rer que ce fond cognitif commun justifie alors une r�elle interaction entre une linguistique non colonialiste et une didactique confiante en son int�grit�.
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