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VOLGESIA | v17-848-0 | VOLGESIA, (Géog. anc.) ville de la Babylonie, sur le fleuve Baarsares, selon Ptolomée, l. V. c. xx. qui, ce semble, devoit écrire Vologesia, parce qu’elle portoit le nom de son fondateur, nommé Vologeses ou Vologesus. Il étoit roi des Parthes du tems de Néron & de Vespasien, & il en est beaucoup parlé dans Tacite.
Pline, l. VI. c. xxvj. nous apprend que Volgesia fut bâtie au voisinage de Ctésiphone, par ce mêmeVologesus qui la nomma, dit-il, Vologesocerta, c’est-à-dire la ville de Vologese ; car certa dans la langue des Arméniens, signifie une ville. Etienne le géographe, qui la place sur le bord de l’Euphrate, la nomme Vologesias : Ammien Marcellin, l. III. c. xx. écrit Vologessia.
Peut-être, dit Cellarius, l. III. c. xyj. doit-on réformer le nom du fondateur & celui de la ville, sur une médaille rapportée par M. Ez. Spanheim, & sur laquelle on lit ce mot ΒΟΛΑΓΑϹΟΥ, Bologasi. Du reste, Ptolomée marque la situation de cette ville, de façon qu’elle devoit être au midi occidental de Babylone, sur le fleuve Maarsès, sur lequel elle est également placée dans la table de Peutinger, qui la met à 18 milles de Babylone. (D. J.) | [
"Q1676558"
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VOLHINIE | v17-849-0 | VOLHINIE, (Géog. mod.) palatinat de la petite Pologne. Il est borné au nord par la Polésie ou le palatinat de Brzescie, au midi par celui de Podolie, au levant par celui de Kiovie, & au couchant par celui de Belz. Il a environ 120 lieues d’occident en orient, & 50 à 60 du midi au nord. Trois rivieres, le Ster, l’Horin & le Stucz, l’arrosent dans toute son étendue, & rendent son terroir fertile.
On divise le palatinat de Volhinie en deux grands districts, savoir celui de Krzeminiec & celui de Luck. Le palatin & le castelan, ainsi que l’évêque de Luck, ont le titre de sénateurs. Cette contrée a été incorporée au royaume de Pologne en même tems que la Lithuanie. Ses deux villes principales sont Luck capitale, & Krzeminiec. (D. J.) | [
"Q680472"
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VOLLENHOVE, pays de | v17-857-0 | VOLLENHOVE, pays de, (Géog. mod.) petite contrée des Pays-bas dans l’Over-Issel, où elle forme un des trois bailliages de la province. Cette contrée s’étend le long de la côte du Zuyderzée qu’elle a pour bornes à l’occident ; la Frise la termine au septentrion, la Drente à l’orient, & la Hollande au midi. Sa principale ville porte aussi le nom de Vollenhove. Les autres lieux les plus remarquables sont Steenwick, Kunder, & Blockzylt. (D. J.) | [
"Q2326782"
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VOLLENHOVE | v17-858-0 | VOLLENHOVE, (Géogr. mod.) petite ville des Pays-bas, dans l’Overissel, capitale de la contrée de même nom, sur le Zuiderzée, à 2 lieues de Steenwick, & à 5 de Zwol, par la route de Leuwarde. Son château fut bâti par Godefroi de Rhénen, évêque d’Utrecht, & dans la suite la commodité du lieu engagea des particuliers à y élever les maisons dont la ville s’est formée. C’est une des plus considérables de la province, par sa situation & son commerce. Long. 23. 30. lat. 32. 44. (D. J.) | [
"Q81132"
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VOLO | v17-859-0 | VOLO, (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, dans la province de Janna, entre Démétriade & Armiro, sur un golphe de son nom, où elle a un assez bon port défendu par une forteresse, à 14 lieues sud-est de Larisse.
La forteresse est à cent pas de la marine, & les Turcs y tiennent garnison ; c’est à Volo qu’on fait le biscuit pour les flottes du grand-seigneur, & on l’y tient dans des magasins particuliers. Le territoire de la ville consiste en plaines fertiles, & en collines chargées de vignes. Volo fut surpris & pillé par l’armée navale des Vénitiens en 1655, mais les Turcs l’ont fortifié depuis ce tems-là d’une nouvelle citadelle.
Tout concourt à justifier que Volo est la Pagasa des anciens, où Jason fit bâtir & mettre à l’eau pour la premiere fois cette nef célebre, qui au retour de Colchos, fut placée parmi les étoiles du firmament, & c’est dans le port voisin appellé par les anciens aphetæ, que se fit l’embarquement des argonautes, selon le témoignage de Strabon. Le même géographe ajoute qu’on y voyoit des sources très-abondantes ; c’est toujours la même chose, il n’y a point dans toute cette côte de sources plus fécondes que celles de Volo, & c’est ici que la plûpart des bâtimens qui se trouvent en parage, viennent faire de l’eau. Long. 41. 16. lat. 39. 36. (D. J.) | [
"Q200036"
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Volo, golfe de | v17-859-1 | Volo, golfe de, (Géog. mod.) golfe de la mer Méditerranée, dans la Turquie Européenne, au fond duquel est bâtie la ville qui lui donne son nom. Ce golfe nommé par les anciens sinus Pelasgicus, court au nord, & a le meilleur de ses ancrages à Volo, qui est le port le plus proche de Larisse ; c’est près de ce port, comme je l’ai déja dit, qu’étoit l’ancienne Argos, Pelasgicum, d’où les argonautes firent voile pour le fameux voyage de Colchos. C’est aussi dansce port qu’arrivoient les nouvelles qu’on apportoit de Candie au grand-seigneur, aussi-bien que les lettres qui lui venoient d’Asie & d’Afrique : enfin, c’est encore près de-là, je veux dire au voisinage du promontoire Sépias, que s’est fait le plus grand naufrage dont on ait entendu parler dans l’histoire du monde ; car Xerxès y perdit 500 vaisseaux par une tempête qui arriva d’un vent d’est. (D. J.) | [
"Q1185210"
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VOLP, le | v17-864-0 | VOLP, le, (Géog. mod.) riviere de France, dans le Languedoc, au diocèse de Rieux. Elle se jette dans la Garonne, près de Tersac. Castel prétend que son nom latin doit être Volvestria, qui a donné le nom à un quartier du diocèse de Rieux. (D. J.) | [
"Q288629"
] |
VOLSINII | v17-866-0 | VOLSINII, (Géogr. anc.) Volcinii, Vulsinii ou Vulsunii, ville d’Etrurie située au bord du lac de son nom, Volsiniensis Lacus, duquel Pline, l. XXXVI. c. xxij. & Vitruve, l. II. c. ij. rapportent quelques particularités. Volsinii, aujourd’hui Bolsena, étoit renommée par la richesse de ses habitans, les plus opulens des Etrusques.
Cette ville étoit la patrie de Séjan. Tacite & Suétonne vous peindront son odieux caractere, sa puissance & ses crimes. Rusé, lâche, orgueilleux, délateur, plein de retenue au-dehors, dévoré en-dedans d’une ambition insatiable, il parvint par ses artifices à être le dépositaire des secrets de Tibere, qui souffrit que l’image de son favori fût révérée dans les places publiques, sur les théatres & dans les armées. Séjan corrompit la femme de Drusus, & voulut l’épouser, après avoir empoisonné son mari. Agrippine, Germanicus & ses fils périrent par les artifices de ce monstre. Il porta son insolence jusqu’à jouer Tibere même dans une comédie. Ce prince en étant instruit, donna ordre au sénat de poursuivre Séjan ; il fut le même jour arrêté, jugé & étranglé en prison. On est indigné de le voir peint par Paterculus comme un des plus vertueux personnages qu’ait eu la république romaine. Mais voilà ce qui doit arriver aux his-toriens qui mettent la main à la plume avec dessein de donner au public pendant leur vie, l’histoire flatteuse de leur tems. (D. J.) | [
"Q3562959",
"Q120015"
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VOLSQUES, les | v17-867-0 | VOLSQUES, les (Géogr. anc.) Volsci, peuples d’Italie, compris dans le nouveau Latium. Ils habitoient depuis la mer d’Antium jusqu’à la source du Liris & au-delà. La grandeur du pays qu’ils occupoient, a été cause que Pomponius Méla, l. II. c. iv. l’a distinguée du Latium, comme s’il eût fait encore de même qu’autrefois, une contrée séparée ; car il détaille ainsi les divers pays de l’Italie : Etruria, post Latium Volsci, Campania. Le périple de Scylax en fait autant, en disant que les Latins sont voisins des Volsques, & les Volsques voisins des habitans de la Campanie.
Les Volsques étoient une nation fiere & indépendante, qui bravoit Rome, & qui dédaignoit d’entrer dans la confédération que plusieurs autres avoient faite avec elle. Tarquin, selon quelques historiens, fut le premier des rois de Rome qui fit la guerre aux Volsques. Quoi qu’il en soit, il est certain que Rome ne trouva point en Italie d’ennemis plus obstinés. Deux cens ans suffirent à peine à les dompter ou à les détruire. (D. J.) | [
"Q663655"
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VOLTA, la | v17-868-0 | VOLTA, la (Géogr. mod.) riviere d’Afrique dans la Guinée. Cette riviere est la borne de la côte d’Or, à l’est : on ignore son origine, la longueur de son cours, & l’on ne connoît point les pays qu’elle traverse. C’est la prodigieuse rapidité de son courant qui a porté les Portugais à l’appeller Volta. Son embouchure dans la mer est extrêmement large. (D. J.) | [
"Q192415"
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VOLTERRE | v17-870-0 | VOLTERRE, (Géog. mod.) ou plutôt Volterra, comme disent les Italiens, ville d’Italie dans la Toscane, près d’un ruisseau nommé Zambra, sur une montagne à 10 milles au sud-ouest de Colle, & à 30 au sud-est de Pise, avec un évêché que quelques-uns disent suffragant de Florence.
Cette ville est remarquable par son ancienneté, ayant été connue des Romains sous le nom de Volaterra. Elle est encore bonne à voir par ses belles fontaines, dont quelques-unes sont ornées de statues antiques de marbre, entieres ou rompues, outre plusieurs bas-reliefs, épitaphes & inscriptions, dont Ant. Franc. Gori a mis au jour la description à Florence en 1744, en un vol. in-fol. avec fig.
Volterre, comme je l’ai dit au mot Volaterra, est la patrie de Perse ; elle l’est aussi du fameux sculpteur Daniel Ricciarelli, éleve de Michel-Ange. Le pape S. Lin, qu’on nous donne pour successeur immédiat de S. Pierre sur le siege de Rome, étoit natif de cette ville ; mais sa vie est entiérement inconnue, & vraissemblablement elle étoit très-obscure ; cet homme étant sans pouvoir, sans église & sans crédit. Long. 28. 34. latit. 43. 20. (D. J.) | [
"Q103305",
"Q332785",
"Q540489",
"Q47144"
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VOLTORNO, le | v17-873-0 | VOLTORNO, le, (Géog. mod.) ou Vulturno, anciennement Vulturnus, fleuve d’Italie dans le royaume de Naples ; il prend sa source sur les confins de la terre de Labour, arrose dans son cours Vénafre & Capoue, & se rend dans la mer, près de l’embouchure du Clanio. (D. J.) | [
"Q572191"
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VOLTUMNAE FANUM | v17-874-0 | VOLTUMNAE FANUM, (Géog. anc.) lieu d’Italie dans l’Etrurie, aux environs de Viterbe, & peut-être c’est Viterbe même. Quoi qu’il en soit, les assemblées générales des Etrusques se tenoient souvent à Voltumnæ Fanum, au rapport de Tite-Live, l. IV. c. xxiij. xxv. & lxj. (D. J.) | [
"Q1397996"
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VOLTURARA | v17-875-0 | VOLTURARA, (Géog. mod.) ou VULTURARIA, petite ville d’Italie au royaume de Naples, dans la Capitanate, au pié de l’Apennin, vers les confins du comté de Molise, à 10 lieues au nord-ouest de Benévent, dont son évêque est suffragant. Long. 32. 43. latit. 41. 29. (D. J.) | [
"Q55140"
] |
Volubilis | v17-877-1 | Volubilis, (Géog. anc.) ville de la Mauritanie tangitane, selon Pomponius Mela, l. III. c. x. & Ptolomée, l. IV. c. j. qui écrit Volobilis. Elle est marquée dans l’itinéraire d’Antonin, entre Tocolosida & Aquæ Dacicæ, à trois milles du premier de ces lieux, & à seize milles du second. C’étoit une colonie romaine. Pline, l. V. c. j. qui l’appelle Volubile oppidum la met à 35 milles de Banaza, & à une pareille distance de chacune des deux mers, ce qui est impossible ; car une place à 35 milles de Banaza (qui étoit à 94 milles de Tingis), ne pouvoit être à 35 milles de chacune des deux mers.
Le pere Hardouin, qui ne s’est pas apperçu de ce mécompte, a conclu que le gros des géographes avoit tort de prendre la ville de Fez pour l’ancienne Volubilis, parce que Fez est à plus de 120 milles de l’Océan & de la mer Méditerranée. Mais s’il eût fait attention que l’itinéraire d’Antonin marque Volubilis Colonia à 145 milles de Tingis, vers le midi oriental de cette ville, dans les terres, & par conséquent à une égale distance des deux mers, il eût aisément compris que cette ville pouvoit fort bien être la même que Fez. (D. J.) | [
"Q391215"
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VOLVESTRE | v17-881-0 | VOLVESTRE, (Géog. mod.) petit pays de France, dans le Languedoc, au diocèse de Rieux ; ce nom pourroit bien venir de celui de la petite riviere de Vol, qui arrose une partie du diocèse de Rieux. (D. J.) | [
"Q3563048"
] |
VOMANO, le, | v17-893-0 | VOMANO, le, (Géog. mod.) en latin Vomanus, riviere d’Italie au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure. Elle y prend sa source à quelques milles d’Amatri ; & après avoir mouillé Montorio, elle vient se perdre dans le golfe de Venise. (D. J.) | [
"Q266116"
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VOMANUS | v17-894-0 | VOMANUS, (Géog. anc.) fleuve d’Italie, dans le Picenum, selon Pline, l. III. c. xiij. Silius Italicus, l. VIII. v. 439. en fait mention dans ces vers.
. . . . . Statque humectata Vomano
Hadria. . . . . . . . . . .
Ce fleuve conserve son ancien nom ; car il s’appelle encore le Vomano. (D. J.) | [
"Q266116"
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VOORBOURG ou VOORBURG | v17-902-0 | VOORBOURG ou VOORBURG, (Géog. mod.) village de la Hollande, entre Delf & Leyde, au voisinage de la Haye. C’est l’un des plus anciens & des plus beaux villages de Hollande, & c’est assez en faire l’éloge. (D. J.) | [
"Q809821"
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VOORHOUT | v17-903-0 | VOORHOUT, (Géog. mod.) village de Hollande, sur le chemin de Leyde à Haerlem, mais village illustré le 31 Décembre de l’an 1668, par la naissance de Herman Boërhaave, un des grands hommes de notre tems, & un des plus célébres médecins qu’il y ait eu depuis Hippocrate, dont il a fait revivre les principes & la doctrine.
Son pere, ministre du village, cultiva l’éducation de ce fils, qu’il destinoit à la théologie, & lui enseigna ce qu’il savoit de latin, de grec, & de belleslettres. Il l’occupoit pour fortifier son corps, à cultiver le jardin de la maison, à travailler à la terre, à semer, planter, arroser. Peu-à-peu, cet exercice journalier qui délassoit son esprit, endurcit son corps au travail. Il y fit provision de forces pour le reste de sa vie, & peut-être en remporta-t-il ce goût dominant qu’il a toujours eu pour la Botanique.
Agé d’environ douze ans, il fut attaqué d’un ulcere malin à la cuisse, qui résista tellement à tout l’art des Chirurgiens, qu’on fut obligé de les congédier : le malade prit le parti de se faire de fréquentes fomentations avec de l’urine, où il avoit dissout du sel, & il se guérit lui-même. Les douleurs qu’il souffrit à cette occasion pendant près de cinq ans, lui donnerent la premiere pensée d’apprendre la Médecine ; cependant cette longue maladie ne nuisit presque pas au cours de ses études. Il avoit par son goût naturel trop d’envie de savoir, & il en avoit trop de besoin par l’état de sa fortune ; car son pere le laissa à l’âge de quinze ans, sans secours, sans conseil, & sans bien.
Il obtint néanmoins de ses tuteurs, la liberté de continuer ses études à Leyde, & il y trouva d’illustres protecteurs qui encouragerent ses talens, & le mirent en état de les faire valoir. En même-tems qu’il étudioit la Théologie, il enseignoit les Mathématiques à de jeunes gens de condition, afin de n’être à charge à personne. Sa théologie étoit le grec, l’hébreu, le chaldéen, l’Ecriture-sainte, la critique du vieux & du nouveau Testament, les anciens auteurs ecclésiastiques, & les commentateurs les plus renommés.
Un illustre magistrat l’encouragea à joindre la médecine à la théologie, & il ne fut pas difficile de leporter à y donner aussi toute son application. En effet, il faut avouer, que quoiqu’également capable de réussir dans ces deux sciences, il n’y étoit pas également propre. Le fruit d’une vaste & profonde lecture avoit été de lui persuader que la religion étoit depuis long-tems défigurée par de vicieuses subtilités philosophiques, qui n’avoient produit que des dissensions & des haines, dont il auroit bien de la peine à se garantir dans le sacré ministere ; enfin, son penchant l’emporta pour l’étude de la nature. Il apprit par lui-même l’anatomie, & s’attacha à la lecture des Médecins, en suivant l’ordre des tems, comme il avoit fait pour les auteurs ecclésiastiques.
Commençant par Hippocrate, il lut tout ce que les Grecs & les Latins nous ont laissé de plus savant en ce genre ; il en fit des extraits, il les digéra, & les réduisit en systèmes, pour se rendre propre tout ce qui y étoit contenu. Il parcourut avec la même rapidité & la même méthode, les écrits des modernes. Il ne cultiva pas avec moins d’avidité la chimie & la botanique ; en un mot, son génie le conduisit dans toutes les sciences nécessaires à un médecin ; & s’occupant continuellement à étudier les ouvrages des maîtres de l’art, il devint l’Esculape de son siecle.
Tout dévoué à la Médecine, il résolut de n’être désormais théologien qu’autant qu’il le falloit pour être bon chrétien. Il n’eut point de regret, dit M. de Fontenelle, à la vie qu’il auroit menée, à ce zele violent qu’il auroit fallu montrer pour des opinions fort douteuses, & qui ne méritoient que la tolérance, enfin à cet esprit de parti dont il auroit dû prendre quelques apparences forcées, qui lui auroient coûté beaucoup, & peu réussi.
Il fut reçu docteur en médecine l’an 1693, âgé de 25 ans, & ne discontinua pas ses leçons de mathématique, dont il avoit besoin, en attendant les malades qui ne vinrent pas sitôt. Quand ils commencerent à venir, il mit en livres tout ce qu’il pouvoit épargner, & ne se crut plus à son aise, que parce qu’il étoit plus en état de se rendre habile dans sa profession. Par la même raison qu’il se faisoit peu-à-une bibliotheque, il se fit aussi un laboratoire de chimie ; & ne pouvant se donner un jardin de botanique, il herborisa dans les campagnes & dans les lieux incultes.
En 1701, les curateurs de l’université de Leyde le nommerent lecteur en médecine, avec la promesse de la chaire qui vint bientôt à vacquer. Les premiers pas de sa fortune une fois faits, les suivans furent rapides : en 1709, il obtint la chaire de botanique, & en 1718, celle de chimie.
Ses fonctions multipliées autant qu’elles pouvoient l’être, attirerent à Leyde un concours d’étrangers qui enrichissoient journellement cette ville. La plûpart des états de l’Europe fournissoient à Boerhaave des disciples ; le Nord & l’Allemagne principalement, & même l’Angleterre, toute fiere qu’elle est, & avec justice, de l’état florissant où les sciences sont chez elle. Il abordoit à Leyde des étudians en médecine de la Jamaïque & de la Virginie, comme de Constantinople & de Moscow. Quoique le lieu où il tenoit ses cours particuliers, fut assez vaste, souvent pour plus de sûreté, on s’y faisoit garder une place par un collegue, comme nous faisons ici aux spectacles qui réussissent le plus.
Outre les qualités essentielles au grand professeur, M. Boerhaave avoit encore celles qui rendent aimable à des disciples ; il leur faisoit sentir la reconnoissance & la considération qu’il leur portoit, par les graces qu’il mettoit dans ses instructions. Non seulement il étoit très-exact à leur donner tout le tems promis, mais il ne profitoit jamais des accidens qui auroient pu légitimement lui épargner quelques leçons, & même quelquefois il prioit ses disciples d’agréer qu’il en augmentât le nombre. Tous les équipages qui venoient le chercher pour les plus grands seigneurs, étoient obligés d’attendre que l’heure des cours fût écoulée.
Boerhaave faisoit encore plus vis-à-vis de ses disciples ; il s’étudioit à connoître leurs talens ; il les encourageoit & les aidoit par des attentions particulieres. Enfin s’ils tomboient malades, il étoit leur médecin, & il les préféroit sans hésiter, aux pratiques les plus brillantes & les plus lucratives ; en un mot, il regardoit ceux qui venoient prendre ses instructions, comme ses enfans adoptifs à qui il devoit son secours ; & en les traitant dans leurs maladies, il les instruisoit encore efficacement.
Il remplissoit ses trois chaires de professeur de la même maniere, c est-à-dire avec le même éclat. Il publia en 1707, ses Institutions de médecine, & l’année suivante ses Aphorismes sur la connoissance & sur la cure des maladies. Ces deux ouvrages qui se réimpriment tous les trois ou quatre ans, sont admirés des maîtres de l’art. Boerhaave ne se fonde que sur l’expérience bien avérée, & laisse à part tous les systêmes, qui ne sont ordinairement que d’ingénieuses productions de l’esprit humain désavouées par la nature. Aussi comparoit-il ceux de Descartes à ces fleurs brillantes qu’un beau jour d’été voit s’épanouir le matin, & mourir le soir sur leur tige.
Les Institutions forment un cours entier de médecine théorique, mais d’une maniere très-concise, & dans des termes si choisis, qu’il seroit difficile de s’exprimer plus nettement & en moins de mots. Aussi l’auteur n’a eu pour but que de donner à ses disciples des germes de vérités réduits en petit, & qu’il faut développer, comme il le faisoit par ses explications. Il prouve dans cet ouvrage que tout ce qui se fait dans notre machine, se fait par les lois de la méchanique, appliquées aux corps solides & liquides dont le nôtre est composé. On y voit encore la liaison de la physique & de la géométrie avec la médecine ; mais quoique grand géometre, il n’a garde de regarder les principes de sa géométrie comme suffisans pour expliquer les phénomenes du corps humain.
L’utilité de ce beau livre a été reconnue jusque dans l’Orient ; le mufti l’a traduit en arabe, ainsi que les Aphorismes ; & cette traduction que M. Schultens trouva fidele, a été mise au jour dans l’imprimerie de Constantinople fondée par le grand-visir.
Tout ce qu’il y a de plus solide par une expérience constante, regne dans les Aphorismes de Boerhaave ; tout y est rangé avec tant d’ordre, qu’on ne connoit rien de plus judicieux, de plus vrai, ni de plus énergique dans la science médecinale. Nul autre, peut-être, après l’Esculape de la Grece, n’a pu remplir ce dessein, ou du-moins n’a pu le remplir aussi dignement, que celui qui guidé par son propre génie, avoit commencé à étudier la médecine par la lecture d’Hippocrate, & s’étoit nourri de la doctrine de cet auteur. Il a encore rassemblé dans cet ouvrage, avec un choix judicieux, tout ce qu’il y a de plus important & de mieux établi dans les médecins anciens grecs & latins, dans les principaux auteurs arabes, & dans les meilleurs écrits modernes. On y trouve enfin les différentes lumieres que répandent les découvertes modernes, dont de beaux génies ont enrichi les sciences. Toute cette vaste érudition est amplement développée par les beaux commentaires de Van-Swieten sur cet ouvrage, & par ceux de Haller sur les Institutions de médecine.
J’ai dit que M. Boerhaave sut nommé professeur de Botanique en 1709, année funeste aux plantes par toute l’Europe. Il trouva dans le jardin public de Leyde environ trois mille simples, & dix ans après, il avoit déja doublé ce nombre. Je sais que d’autres mains pouvoient travailler au soin de ce jardin ; maiselles n’eussent pas été conduites par les mêmes yeux. Aussi Boerhaave ne manqua pas de perfectionner les méthodes déja établies pour la distribution & la nomenclature des plantes.
En 1722, il fut attaqué d’une violente maladie dont il ne se rétablit qu’avec peine. Il s’étoit exposé, pour herboriser, à la fraîcheur de l’air & de la rosée du matin, dans le tems que les pores étoient tout ouverts par la chaleur du lit. Cette imprudence qu’il recommandoit soigneusement aux autres d’éviter, pensa lui couter la vie. Une humeur goutteuse survint, & l’abattit au point qu’il ne lui restoit plus de mouvement ni presque de sentiment dans les parties inférieures du corps ; la force du mal étoit si grande, qu’il fut contraint pendant long-tems de se tenir couché sur le dos, & de ne pouvoir changer de posture par la violence du rhumatisme goutteux, qui ne s’adoucit qu’au bout de quelques mois, jusqu’à permettre des remedes. Alors M. Boerhaave prit des potions copieuses de sucs exprimés de chicorée, d’endive, de fumeterre, de cresson aquatique & de veronique d’eau à larges feuilles : ce remede lui rendit la santé comme par miracle. Mais ce qui marque jusqu’à quel point il étoit considéré & chéri, c’est que le jour qu’il recommença ses leçons, tous les étudians firent le soir des réjouissances publiques, des illuminations & des feux de joie, tels que nous en faisons pour les plus grandes victoires.
En 1725, il publia, conjointement avec le professeur Albinus, une édition magnifique des œuvres de Vésale, dont il a donné la vie dans la préface.
En 1727, il fit paroître le Botanicon parisiense de Sébastien Vaillant. Il mit à la tête une préface sur la vie de l’auteur & sur plusieurs particularités qui regardent ce livre. On y trouve un grand nombre de choses nouvelles qui ne se rencontrent point dans l’ouvrage de Tournefort. On y voit les caracteres des plantes & les synonymes marqués avec la derniere exactitude. Il y regne encore une savante critique touchant les descriptions, les figures & les noms que les auteurs ont donnés des plantes ; enfin la beauté des planches répond au reste.
En 1728, parut son traité latin des maladies vénériennes, qui fut reçu avec tant d’accueil en Angleterre, qu’on en fit une traduction & deux éditions en moins de trois mois. Le traité dont nous parlons, sert de préface au grand recueil des auteurs qui ont écrit sur cette même maladie, & qui est imprimé à Leyden en deux tom. in-fol.
Vers la fin de 1727, M. Boerhaave avoit été attaqué d’une seconde rechûte presque aussi rude que la premiere de 1722, & accompagnée d’une fievre ardente. Il en prévit de bonne heure les symptomes qui se succéderoient, prescrivit jour-par-jour les remedes qu’il faudroit lui donner, les prit & en rechappa ; mais cette rechûte l’obligea d’abdiquer deux ans après, les chaires de Botanique & de Chimie.
En 1731, l’académie des Sciences de Paris le nomma pour être l’un de ses associés étrangers, & quelque tems après, il fut aussi nommé membre de la société royale de Londres. M. Boerhaave se partagea également entre les deux compagnies, en envoyant à chacune la moitié de la relation d’un grand travail sur le vif-argent, suivi nuit & jour sans interruption pendant quinze ans sur un même feu, d’où il résultoit que le mercure étoit incapable de recevoir aucune vraie altération, ni par conséquent de se changer en aucun autre métal. Cette opération ne convenoit qu’à un chimiste fort intelligent, fort patient & en même tems fort aisé. Il ne plaignit pas la dépense, pour empêcher, s’il est possible, celle où l’on est si souvent & si malheureusement engagé par les alchimistes. Le détail de ses observations à ce sujet se trouve dans l’hist. de l’acad. des Sciences, ann. 1734, & dans les Trans. philosop. n°. 430, année 1733. On y verra avec quelle méthode exacte, rigide & scrupuleuse, il a fait ses expériences, & combien il a fallu d’industrie & de patience pour y réussir.
La même année 1731, Boerhaave avoit donné, avec le secours de M. Grorenvelt, médecin & magistrat de Leyde, une nouvelle édition des œuvres d’Arétée de Cappadoce ; il avoit dessein de faire imprimer en un corps & de la même maniere, tous les anciens médecins grecs ; mais ses occupations ne lui permirent pas d’exécuter cet utile projet.
En 1732, parurent ses élémens de Chimie, Lugd. Bat. 1732, in-4°. 2 vol. ouvrage qui fut reçu avec un applaudissement universel. Quoique la chimie eût déja été tirée de ces ténebres mystérieuses où elle se retranchoit anciennement, il sembloit néanmoins qu’elle ne se rangeoit pas encore sous les lois générales d’une science réglée & méthodique ; mais M. Boerhaave l’a réduite à n’être qu’une simple physique claire & intelligible. Il a rassemblé toutes les lumieres acquises, & confusément répandues en mille endroits différens, & il en a fait, pour ainsi dire, une illumination bien ordonnée, qui offre à l’esprit un magnifique spectacle. La beauté de cet ouvrage paroit sur-tout dans le détail des procédés, par la sévérité avec laquelle l’auteur s’est astreint à la méthode qu’il s’est prescrite, par son exactitude à indiquer les précautions nécessaires pour faire avec sûreté & avec succès les opérations, & par les corollaires utiles & curieux qu’il en tire continuellement.
Voilà les principaux ouvrages par lesquels Boerhaave s’est acquis une gloire immortelle. Je passe sous silence ses élégantes dissertations recueillies en un corps après sa mort, & quelques uns de ses cours publics sur des sujets importans de l’art, que les célebres docteurs Van-Swieten & Tronchin nous donneront exactement quand il leur plaira. Tous les éleves de ce grand maître ont porté pendant sa vie dans toute l’Europe, son nom & ses louanges. Chacune des trois fonctions médicinales dont il donnoit des leçons, fournissoit un flot qui partoit, & se renouvelloit d’année en année. Une autre foule presque aussi nombreuse venoit de toutes parts le consulter sur des maladies singulieres, rebelles à la médecine commune, & quelquefois même par un excès de confiance, sur des maux incurables ; sa maison étoit comme le temple d’Esculape, & comme l’est aujourd’hui celle du professeur Tronchin à Genève.
Il guérit le pape Benoît XIII. qui l’avoit consulté, & qui lui offrit une grande récompense. Boerhaave ne voulut qu’un exemplaire de l’ancienne édition des opuscules anatomiques d’Eustachi, pour la rendre plus commune, en la faisant réimprimer à Leyde. Enfin son éclatante réputation avoit pénétré jusqu’au bout du monde ; car il reçut un jour du fond de l’Asie, une lettre dont l’adresse étoit simplement, à monsieur Boerhaave, médecin en Europe.
Après cela, on ne sera pas surpris que des souverains qui se trouvoient en Hollande, tels que le czar Pierre I. & le duc de Lorraine aujourd’hui empereur, l’aient honoré de leurs visites Le czar vint pour Boerhaave à Leyde en yacht, dans lequel il passa la nuit aux portes de l’académie, pour être de grand matin chez le professeur, avec lequel il s’entretint assez long-tems. « Dans toutes ces occasions, c’est le public qui entraîne ses maîtres, & les force à se joindre à lui ».
Pendant que ce grand homme étoit couvert de gloire au-dehors, il étoit comblé de considération dans son pays & dans sa famille. Suivant l’ancienne & louable coutume des Hollandois, il ne se détermina au choix d’une femme, qu’après qu’il eût vu sa fortune établie. Il épousa Marie Drolenvaux, & vécut avec elle pendant 28 ans dans la plus grandeunion. Lorsqu’il fit réimprimer en 1713, ses Institutions de médecine, il mit à la tête une épître dédicatoire à son beau-pere, par laquelle il le remercie dans les termes les plus vifs, de s’être privé de sa fille unique, pour la lui donner en mariage. C’étoit au bout de trois années, dit joliment M. de Fontenelle, que venoit ce remerciment, & que M. Boerhaave faisoit publiquement à sa femme une déclaration d’amour.
Toute sa vie a été extrémement laborieuse, & son tempérament robuste n’y devoit que mieux succomber. Il prenoit encore néanmoins de l’exercice, soit à pié, soit à cheval sur la fin de ses jours. Mais depuis sa rechute de 1727, des infirmités différentes l’affoiblirent & le minerent promptement. Vers le milieu de 1737, parurent les avant-coureurs de la derniere maladie qui l’enleva l’année suivante, âgé de 69 ans, 3 mois & 8 jours.
M. Boerhaave étoit grand, proportionné & robuste. Son corps auroit paru invulnérable à l’intempérie des élémens, s’il n’eût pas eû un peu trop d’embonpoint. Son maintien étoit simple & décent. Son air étoit vénérable, sur-tout depuis que l’âge avoit blanchi ses cheveux. Il avoit l’œil vif, le regard perçant, le nez un peu relevé, la couleur vermeille, la voix fort agréable, & la physionomie prévenante. Dans ce corps sain logeoit une très-belle ame, ornée de lumieres & de vertus.
Il a laissé un bien considérable, plus de deux millions de notre monnoie. Mais si l’on réfléchit qu’il a joui long-tems des émolumens de trois chaires de professeur ; que ses cours particuliers produisoient beaucoup ; que les consultations qui lui venoient de toutes parts étoient payées, sans qu’il l’exigeât, sur le pié de l’importance des personnes dont elles veroient, & sur celui de sa réputation ; enfin si l’on considere qu’il menoit une vie simple, sans fantaisies, & sans goût pour les dépenses d’ostentation, on trouvera que les richesses qu’il a laissées sont modiques, & que par conséquent elles ont été acquises par les voies les plus légitimes. Mais je n’ai pas dit encore tout ce qui est à l’honneur de ce grand homme.
Il enseignoit avec une méthode, une netteté & une précision singulieres. Ennemi de tout excès, à la réserve de ceux de l’étude, il regardoit la joie honnête comme le baume de la vie. Quand sa santé ne lui permit plus l’exercice du cheval, il se promenoit à pié ; & de retour chez lui, la musique qu’il aimoit beaucoup, lui faisoit passer des momens délicieux, où il reprenoit ses forces pour le travail. C’étoit surtout à la campagne qu’il se plaisoit. La mort l’y a trouvé, mais ne l’y a point surpris. J’ai vu & j’ai reçu de ses lettres dans les derniers jours de sa derniere maladie. Elles sont d’un philosophe qui envisage d’un œil stoïque la destruction prochaine de sa machine. Sa vie avoit été sans taches, frugale dans le sein de l’abondance, modérée dans la prospérité, & patiente dans les traverses.
Il méprisa toujours la vengeance comme indigne de lui, fit du bien à ses ennemis, & trouva de bonne heure le secret de se rendre maître de tous les mouvemens qui pouvoient troubler sa philosophie. Un jour qu’il donnoit une leçon de médecine, où j’étois présent, son garçon chimiste entra dans l’auditoire pour renouveller le feu d’un fourneau ; il se hâta trop & renversa la coupelle. Boerhaave rougit d’abord. C’est, dit-il en latin à ses auditeurs, une opération de vingt ans sur le plomb, qui est évanouie en un clin d’œil. Se tournant ensuite vers son valet désespéré de sa faute. « Mon ami, lui dit-il, rassurez-vous, ce n’est rien ; j’aurois tort d’exiger de vous une attention perpétuelle qui n’est pas dans l’humanité ». Après l’avoir ainsi consolé, il continua sa leçon avec le même sens-froid, que s’il eût perdu le fruit d’une expérience de quelques heures.
Il se mettoit volontiers à la place des autres, ce qui (comme le remarque très-bien M. de Fontenelle) produit l’équité & l’indulgence ; & il mettoit aussi volontiers les autres en sa place, ce qui prévient ou réprime l’orgueil. Il désarmoit la satyre en la négligeant, comparant ses traits aux étincelles qui s’élancent d’un grand feu, & s’éteignent aussi-tôt qu’on ne souffle plus dessus.
Il savoit par sa pénétration démêler au premier coup d’œil le caractere des hommes, & personne n’étoit moins soupçonneux. Plein de gratitude, il fut toujours le panégyriste de ses bienfaiteurs, & ne croyoit pas s’acquitter en prenant soin de la vie de toute leur famille. La modestie qui ne se démentit jamais chez lui, au milieu des applaudissemens de l’Europe entiere, augmentoit encore l’éclat de ses autres vertus.
Tous mes éloges n’ajouteront rien à sa gloire : mais je ne dois pas supprimer les obligations particulieres que je lui ai. Il m’a comblé de bontés pendant cinq ans, que j’ai eu l’honneur d’être son disciple. Il me sollicita long-tems avant que je quittasse l’académie de Leyde, d’y prendre le degré de docteur en Médecine, & je ne crus pas devoir me refuser à ses desirs, quoique résolu de ne tirer de cette démarche d’autre avantage que celui que l’homme recherche par humanité, j’entends de pouvoir secourir charitablement de pauvres malheureux. Cependant Boerhaave estimant trop une déférence, qui ne pouvoit que m’être honorable, voulut la reconnoître, en me faisant appeller par le stadhouder à des conditions les plus flatteuses, comme gentilhomme & comme médecin capable de veiller à la conservation de ses jours. Mais la passion de l’étude forme naturellement des ames indépendantes. Eh ! que peuvent les promesses magnifiques des cours sur un homme né sans besoins, sans desirs, sans ambition, sans intrigue ; assez courageux pour présenter ses respects aux grands, assez prudent pour ne les pas ennuyer, & qui s’est bien promis d’assûrer son repos par l’obscurité de sa vie studieuse ? Après tout, les services éminens que M. Boerhaave vouloit me rendre étoient dignes de lui, & sont chers à ma mémoire. Aussi, par vénération & par reconnoissance, je jetterai toute ma vie des fleurs sur son tombeau.
Manibus dabo lilia plenis.
Purpureos spargam flores, & fungar inani
Munere.
(Le chevalier de Jaucourt.) | [
"Q923574",
"Q313093"
] |
VOORN | v17-904-0 | VOORN, (Géogr. mod.) île des Pays-bas, à l’embouchure de la Meuse, dans la Hollande méridionale, au nord des îles de Goerée & d’Over-Flakée, dont elle est séparée par l’Haring-Vliet. La Brille & Helvoet-Sluys en sont les principaux lieux. C’est delà qu’on s’embarque ordinairement pour l’Angleterre. L’ile de Voorn abonde en grains, & produit naturellement une espece de genêt à grandes racines, par le moyen desquelles on maintient dans leur force les digues & les levées. (D. J.) | [
"Q2366858"
] |
VORDONIA | v17-908-0 | VORDONIA, (Géog. mod.) ville des états du turc, dans la Morée, sur le Vasilipotamos, à une lieue & demie au-dessous de Misitra. M. de Witt pense que c’est l’ancienne Amyclée. (D. J.) | [
"Q7941795"
] |
VOREDA | v17-909-0 | VOREDA, (Géog. anc.) ville de la grande Bretagne : elle est marquée dans l’itinéraire d’Antonin sur la route du retranchement à Portus-Rutupis, entre Longuvallum & Brovonacis, à 14 milles du premier de ces lieux, & à 12 du second. M. Wesseling croit que c’est Old Penreth. (D. J.) | [
"Q798906"
] |
VOROTINSK | v17-910-0 | VOROTINSK, (Géog. mod.) principauté de l’empire russien, dans la Russie moscovite. Elle est bornée au nord & au levant par le duché de Rézan, au midi par le pays des Cosaques, & au couchant par le duché de Sévérie. La riviere d’Occa la traverse du midi au nord. Sa capitale porte le même nom. (D. J.) | [
"Q4125963"
] |
VOSAVIA | v17-916-0 | VOSAVIA, (Géog. anc.) lieu de la Gaule belgique, selon la table de Peutinger, qui le marque sur la route d’Autunnacum à Mayence, entre Boutobrice & Bingium, à 9 milles du premier de ces lieux, & à 12 milles du second. Tout le monde convient que c’est Ober-Wesel. (D. J.) | [
"Q107677722"
] |
VOSGES ou VAUGES | v17-917-0 | VOSGES ou VAUGES, (Géogr. mod.) en latin Vogesius Saltus ; chaîne de montagnes couvertes de bois qui séparent l’Alsace & la Franche-Comté de la Lorraine, & s’étendent jusqu’à la forêt des Ardennes. Elles occupent une partie du duché de Lorraine, vers l’orient & le midi. Le nom de Vosge vient du latin Vosagus, que les plus anciens auteurs écrivent Vogesus, comme font César & Lucain. Les auteurs postérieurs ont dit Vosagus, & l’appellent souvent une forêt, un désert, saltus, eremus ; car dans le vij. siecle c’étoit un vrai désert de montagnes & de bois. Cette forêt déserte ou montagne a toujours appartenu pour la plus grande partie aux peuples Belges, Leuci ; le reste étoit du territoire des Séquaniens, & c’est le quartier où s’établit S. Colomban. (D. J.) | [
"Q187843"
] |
VORSE, la | v17-918-0 | VORSE, la, (Géog. mod.) riviere de France en Picardie. Elle prend sa source aux confins du Vermandois, traverse Noyon, & se jette dans l’Oise. (D. J.) | [
"Q3556157"
] |
VOUGA | v17-926-0 | VOUGA, (Géog. mod.) riviere de Portugal. Elle sort du mont Alcoba, baigne les murs d’un bourg ou petite ville, à laquelle elle donne son nom, & se jette un peu au-destous dans la mer ; c’est la Vaca ou Vacua des anciens. (D. J.) | [
"Q15653"
] |
VOUGLE | v17-927-0 | VOUGLE, (Géog. mod.) bourg de France dans le Poitou, élection de Poitiers. Ce bourg est remarquable par la victoire gagnée en 507, sur Alaric, roi des Visigoths, qui y fut tué de la main de Clovis ; ce prince soumit ensuite tout le pays, depuis la Loire jusqu’aux Pyrénées. (D. J.) | [
"Q751249"
] |
VOURLA | v17-931-0 | VOURLA, (Géog. mod.) village des états du turc, en Asie, dans l’Anatolie, sur la côte méridionale de la baye de Smyrne. On croit que c’est l’ancienne Clazomène, ville illustre de la belle Grece, & qui méritera son article dans le supplément de cet ouvrage. (D. J.) | [
"Q996670"
] |
VOUZYE, la | v17-941-1 | VOUZYE, la, (Géog. mod.) petite riviere de France, dans la Brie. Elle sort d’un étang, mouille la ville de Provins, & tombe dans la Seine, au-dessous de Bray. | [
"Q1293249"
] |
VOYTSBERG | v17-947-0 | VOYTSBERG, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la basse-Stirie, vers les confins de la Carinthie, au confluent du Gradès & du Kainach. (D. J.) | [
"Q660453"
] |
UPLANDE | v17-948-0 | UPLANDE, (Géog. mod.) province de Suede. Elle est bornée au nord & au levant par la mer Baltique, au midi en partie par la mer, & en partie par la Sudermanie, & au couchant par la Westmanie. Sa longueur est d’environ 28 lieues, sur 18 de largeur. On y trouve plusieurs mines de fer & de plomb. Elle produit de très-beau froment. Ubbon, roi de Suede résidoit en cette province, & l’on croit qu’elle a pris de-là le nom d’Uplande, comme qui diroit pays d’Ubbon. Ses principales villes sont Stockholm, capitale, Upsal, Oregrand, Enekoping, Teige, &c. (D. J.) | [
"Q203509"
] |
UPPINGHAM | v17-949-0 | UPPINGHAM, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, dans Rutlandshire, à la source d’une riviere qui se jette dans le Weland. Elle est bâtie sur le penchant d’un côteau, & sa situation a occasionné son nom. Cette petite ville est considérable par son commerce, & par son college fondé par R. Thomson, ministre de l’église anglicane. Les noms des hommes utiles à leur patrie, doivent passer à la postérité. (D. J.) | [
"Q630417"
] |
UPSAL | v17-950-0 | UPSAL, (Géog. mod.) ville de Suede, dans l’Uplande, sur la riviere de Sala, à 12 lieues au nord-ouest de Stokholm.
Ubbon qui regna sur les Suedois, fonda la ville d’Upsal, & lui donna son nom ; elle donna ensuite le sien aux rois de Suede, qui se qualifierent rois d’Upsal ; elle devint ainsi la capitale du royaume, & c’est encore le lieu où l’on couronne les rois. Cette ville, dit un historien du pays, ne fut pas seulement dès ses commencemens, la demeure des hommes, des princes & des rois, mais encore celle des grands-prêtres des Goths, & celle de leurs dieux à qui elle fut consacrée.
Elle n’a d’autres fortifications qu’un château bâti sur un rocher. La Sala qui la partage en deux, s’y gele presque toujours assez fortement pour porter une grande quantité d’hommes, de bétail & de marchandises dans le tems de la foire qui s’y tient tous les ans sur la glace au mois de Février.
La cathédrale d’Upsal est la plus belle église du royaume. Le bâtiment tout couvert de cuivre est orné de plusieurs tours, & renferme les tombeaux de plusieurs rois, d’archevêques, d’évêques & de seigneurs.
S. Suffrid, archevêque d’York, que Eldre, roi d’Angleterre, envoya en Suede pour y prêcher l’évangile, le fit avec succès, & sacra Suerin, quatrieme évêque d’Upsal. L’église fut érigée en archevêché par le pape Aléxandre III. & Etienne qui mourut en 1185, en fut le premier archevêque. Les prélats de cette église n’ont aujourd’hui ni les richesses ni la pompe de ceux qui les ont précédés quand le pays étoit catholique ; mais les archevêques luthériens d’Upsal ne laissent pas que de jouir d’un revenu honnête, d’avoir séance & voix dans le sénat & dans les dietes, de prendre le pas sur tous les autres ecclésiastiques, & ce qui vaut mieux encore, d’être fort honorés dans le royaume.
Le college d’Upsal fondé pour quatre professeurs, par l’archevêque Jerler, du tems du roi Eric-le-Begue, donna naissance à l’université que le pape Sixte IV. honora en 1476 des mêmes immunités & privileges, dont jouit l’université de Boulogne. Charles IX. Gustave Adolphe, & la reine Christine, prirent soin de rendre cette université florissante, elle l’est encore. Long. suivant Cassini, 37. 25. latit. 59. 34. & suivant Celsius, 59. 50. 20.
« C’est à Upsal que fut inhumé Gustave Ericson, roi de Suede, mort à Stockolm dans la 70e année de son âge. Il mérita d’être adoré de ses sujets, soit que l’on considere la situation dont il les tira, ou celle dans laquelle il eut la gloire de les laisser. Sa fermeté fut admirable contre les malheurs. Il suivit toujours ses desseins en dépit des élémens, des lieux & des hommes les plus cruels & les plus puissans ; ses soldats étoient des volontaires sans solde, & qui n’avoient d’autre subordination que celle que leur dictoit leur vénération pour leur chef.
» Gustave établit la religion luthérienne dans ses états, il mit par-là des bornes au pouvoir & aux richesses immenses du clergé, & se fit un fonds suffisant pour les dépenses publiques, autre que celui des taxes qui ruinoient le peuple, en le privant du fruit de son labeur ; ennemi de toute esprit de persécution, il toléra les préjugés de ses sujets, & il aima mieux persuader leur raison, que de forcer leur conscience.
» Ses mœurs répondirent à ses sentimens, & les graces de sa personne inspirerent l’amour & le respect. Il étoit éloquent, insinuant, affable, & son exemple adoucit la férocité de ses sujets. Il les enrichit en étendant beaucoup leur commerce. Il recompensa les savans, fonda des magasins publics pour secourir les pauvres, & des hôpitaux pour les malades. Toutes ces choses ont éternisé la mémoire de ce prince. » (Le chev. de Jaucourt.) | [
"Q25286",
"Q52947"
] |
UPTON | v17-951-0 | UPTON, (Géog. mod.) bourg d’Angleterre, dans la province de Worcester, près de la montagne de Malvernes, au bord de la Saverne, au-milieu d’une grande & belle prairie. Ce bourg qui est considérable, doit être un ancien lieu, car on y a trouvé quelquefois des médailles romaines. (D. J.) | [
"Q2362440"
] |
UR | v17-952-0 | UR, (Géog. sacrée.) ville de Chaldée, patrie de Tharé & d’Abraham. Quoiqu’il en soit beaucoup parlé dans l’Ecriture, on ignore sa situation. Quelques-uns croient que c’est Ura dans la Syrie, sur l’Euphrate, & d’autres, comme Bochart & Grotius, pensent que c’est Ura dans la Mésopotamie, à deux journées de Nisibe. On a remarqué que la Chaldée & la Mésopotamie sont souvent confondues. On prétend aussi que le nom d’Ur qui signifie le feu, fut donné à la ville d’Ur, à cause qu’on y entretenoit un feu sacré, en l’honneur du soleil, dans plusieurs temples qui n’étoient point couverts, mais fermés de toutes parts. (D. J.) | [
"Q5699"
] |
URABA | v17-954-0 | URABA, (Géog. mod.) province de l’Amérique, dans la Terre-ferme, audience de Santa-Fé, & gouvernement de Carthagène, au levant de celle de Darien. Les forêts y sont remplies de gibier, & les rivieres, ainsi que la mer voisine, abondent en poisson.
Les montagnes Cordilleras ne sont pas éloignées de cette province. (D. J.) | [
"Q2361249"
] |
Uraba, golphe | v17-954-1 | Uraba, golphe, (Géogr. mod.) autrement & plus communément le golphe de Darien ; c’est un golphe celebre de l’Amérique, à l’extrémité orientale de l’isthme de Panama, sur la mer du nord. Son entrée a six lieues de large, & plusieurs rivieres se déchargent dans ce golphe. (D. J.) | [
"Q761784"
] |
URAMÉA | v17-957-0 | URAMÉA, (Géog. mod.) petite riviere d’Espagne, dans le Guipuscoa. Elle sort des montagnes qui séparent le Guipuscoa de la Navarre, & se perd dans la mer de Basque, à S. Sébastien. (D. J.) | [
"Q2744506"
] |
URANIBOURG | v17-959-0 | URANIBOURG, (Géog. mod.) château de Suede, & autrefois du Danemarck, dans la petite île d’Huen ou de Ween, au milieu du détroit du Sund. Long. 30. 22. latit. 55. 54. 5.
Quoique ce château soit ruiné depuis long-tems, le nom en est toujours célebre, à cause de Tycho-Brahé qui le fit bâtir. Le roi de Danemarck Frédéric II. avoit donné à cet illustre & savant gentilhomme l’île de Weene pour en jouir durant sa vie, avec une pension de deux mille écus d’or, un fief considérable en Norwege, & un bon canonicat dans l’église de Roschild.
Cette île convenoit parfaitement aux desseins & aux études de Tycho-Brahé ; c’est proprement une montagne qui s’éleve au milieu de la mer, & dont le sommet plat & uni de tous côtés domine la côte de Scanie & tous les pays d’alentour : ce qui donne un très-bel horison, outre que le ciel y est ordinairement serain, & que l’on y voit rarement des brouillards.
Ticho-Brahé riche de lui-même, & rendu très-opu-lent par les libéralités de Frédéric, éleva au milieu de l’île son fameux château qu’il nomma Uranibourg, c’est-à-dire, ville du ciel, & l’acheva en quatre années. Il bâtit aussi dans la même île une autre grande maison nommée Stellbourg, pour y loger une foule de disciples & de domestiques ; enfin il y dépensa cent mille écus de son propre bien.
La disposition & la commodité des appartemens d’Uranibourg, les machines & les instrumens qu’il contenoit, le faisoient regarder comme un édifice unique en son genre. Aux environs de ces deux châteaux, on trouvoit des ouvriers de toute espece, une imprimerie, un moulin à papier, des laboratoires pour les observations chimiques, des logemens pour tout le monde, des fermes & des métairies ; tout étoit entretenu aux dépens du maître ; rien n’y manquoit pour l’agrément & pour les besoins de la vie ; des jardins, des étangs, des viviers & des fontaines rendoient le séjour de cette île délicieux. Ressenius en a donné un ample tableau dans ses Inscriptiones Uraniburgicæ, &c.
Ce fut là que Ticho-Brahé imagina le système du monde, qui porte son nom, & qui fut alors reçu avec d’autant plus d’applaudissemens, que la supposition de l’immobilité de la terre contentoit la plûpart des astronomes & des théologiens du xvj. siecle. On n’adopte pas aujourd’hui ce système d’astronomie, qui n’est qu’une espece de conciliation de ceux de Ptolemée & de Copernic ; mais il sera toujours une preuve des profondes connoissances de son auteur. Tycho-Brahé avoit la foiblesse commune d’être persuadé de l’astrologie judiciaire ; mais il n’en étoit ni moins bon astronome, ni moins habile méchanicien.
Non-seulement il vivoit en grand seigneur dans son île, mais il y recevoit des visites des princes mêmes, admirateurs de son savoir. Jacques VI. roi d’Ecosse, & premier du nom en Angleterre, lui fit cet honneur dans le tems qu’il passa en Danemarck pour y épouser la princesse Anne, fille de Frédéric II.
La destinée de Tycho-Brahé fut celle des grands hommes ; il ne put se garantir de la jalousie de ses compatriotes, qui auroient dû être les premiers à l’admirer ; il en fut au contraire cruellement persécuté après la mort du roi son protecteur. Dès l’an 1596, ils eurent le crédit de le dépouiller de son fief de Norwege & de son canonicat de Roschild. Ils firent raser ses châteaux d’Uraniboug & de Stellbourg, dont il ne reste plus rien que dans les livres de ceux qui ont pris le soin de nous en laisser la description.
Obligé de quitter l’ile de Ween en 1597, il vint à Coppenhague pour y cultiver l’astronomie dans une tour destinée à cet usage. On lui envia cette derniere ressource. Les ministres de Christiern IV. qui ne se lassoient point de le persécuter, lui firent défendre par le magistrat de se servir de la tour publique pour faire ses observations.
Privé de tous les moyens de suivre ses plus cheres études en Danemarck, il se rendit à Rostock avec sa famille & plusieurs de ses éleves qui ne voulurent jamais l’abandonner ; ils eurent raison, car bientôt après l’empereur Rodolphe se déclara le protecteur de Tycho-Brahé, & le dedommagea de toutes les injustices de ses concitoyens. Il lui donna une de ses maisons royales en Bohème, aux environs de Prague, & y joignit une pension de trois mille ducats. Tycho-Brahé plein de reconnoissance, s’établit avec sa famille & ses disciples dans ce nouveau palais, & y goûta jusqu’à la fin de ses jours, le repos que son pays lui avoit envié.
Il étoit né en 1546, & mourut en 1601, d’une rétention d’urine que lui avoit causé son respect pour l’empereur, étant avec lui dans son carrosse, qu’il n’avoit osé prier qu’on arrêtât un moment. (Le chevalier de Jaucourt.)
Tycho, sur la fin de sa vie, fit transporter de Danemarck à Prague, où il alla s’établir avec toute sa famille, les machines & les instrumens dont il s’étoit servi pour faire un grand nombre d’observations célestes très-importantes. De Prague, il les fit transporter au château de Benach ; & de-là il les fit ramener à Prague dans le palais de l’empereur, d’où on les fit passer dans l’hôtel de Curtz. Après la mort de Tycho, l’empereur Rodolphe, à qui les enfans de cet astronome avoient dédié un de ses ouvrages posthumes, craignant qu’on ne fit quelque aliénation de ces instrumens, ou quelque mauvais usage, voulut en avoir la propriété pour le prix de vingt-deux mille écus d’or, qu’il paya aux héritiers de Tycho ; & il y commit un garde à gage, qui tint ce grand trésor si bien renfermé dans l’hôtel de Curtz, qu’il ne sut plus possible à personne de le voir, pas même à Kepler, quoique disciple de Tycho, & favorisé de l’empereur. Ces machines demeurerent ensevelies de la sorte jusqu’aux troubles de Bohème en 1619 ; l’armée de l’électeur Palatin croyant mettre la main sur un bien qui étoit propre à la maison d’Autriche, les pilla comme des dépouilles ennemies, en brisa une partie, & en convertit une autre à des usages tout différens. Le reste fut tellement distrait, qu’on n’a pas pu savoir depuis ce que sont devenus tant de precieux monumens. On vint cependant à bout de sauver le grand globe céleste, qui étoit d’airain : il fut retiré de Prague, & emporté sur l’heure à Neissa en Silésie, où on le mit en dépôt chez les jésuites. Il fut enlevé treize ans après par Udalric, fils de Christiern, roi de Danemarck, conduit à Copenhague & placé dans l’académie royale.
M. de Fontenelle dit, dans l’éloge du czar Pierre, que ce prince ayant vu à Copenhague un globe céleste fait sur les desseins de Tycho, & autour duquel douze personnes pouvoient s’asseoir, en faisant des observations, demanda ce globe au roi de Danemarck, & fit venir expres de Petersbourg une frégate qui l’y apporta. C’est apparemment ce même globe dont nous parlons.
M. Picart ayant été faire un voyage à Uranibourg, il trouva que le méridien tracé dans ce lieu par Tycho, s’éloignoit du méridien véritable. D’un autre côté cependant M. de Chazelles ayant été en Egypte, & ayant mesuré les pyramides & examiné leur position, il trouva que leurs faces se tournoient exactement vers les poles du monde. Or comme cette position singuliere doit avoir été recherchée vraissemblablement par les constructeurs de ces pyramides, il paroîtroit s’ensuivre de-là que les méridiens n’ont point changé. Seroit-il possible que les anciens astronomes égyptiens eussent bien tracé leur méridienne, & que Tycho, si habile & si exact, eût mal décrit la sienne ? C’est sur quoi il ne paroît pas aisé de prononcer. Voyez Méridien. (O) | [
"Q79220",
"Q36620"
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URANOPOLIS | v17-961-0 | URANOPOLIS, (Géog. anc.) 1°. ville de l’Asie mineure, dans la Pamphilie & dans la contrée appellée Carbalie, selon Ptolomée, l. V. c. v.
2°. Ville de la Macédoine, dans la Chalcidie, sur le mont Athos, selon Pline, l. IV. c. x. Son fondateur, au rapport d’Athénée, l. III. fut Alexarque, frere de Cassandre, roi de Macédoine. (D. J.) | [
"Q17053258",
"Q105394773"
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URBANEA | v17-964-0 | URBANEA, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, dans l’état de l’Eglise, au duché d’Urbain, sur le Métro ou Météoro, à 6 milles au sud-ouest d’Urbain, dont son évêque est suffragant. Le pape Urbain VIII. l’embellit, & lui donna son nom. C’est l’Urbinum Metaurense des anciens.
Maccio (Sébastien), né à Urbanea au commencement du xvij. siecle, écrivit avec assez de politesse sur l’histoire romaine. On a de lui deux livres, dont l’un est intitulé, de bello Asdrubalis, & l’autre de historid Liviand. Il mourut à 37 ans. (D. J.) | [
"Q190134",
"Q23888813"
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URBIGENUS-PAGUS | v17-967-0 | URBIGENUS-PAGUS, (Géog. anc.) canton de la Gaule-belgique, dans l’Helvétie, dont parle César, l. I. c. xxvij de ses commentaires. Sa capitale se nommoit Urba ; c’est aujourd’hui Orbe. (D. J.) | [
"Q68213"
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URBIN, duché d’ | v17-968-0 | URBIN, duché d’, (Géog. mod.) pays d’Italie, borné au nord par le golfe de Venise, au midi par l’Ombrie, au levant par la Marche d’Ancone, au couchant par la Toscane & la Romagne. Sa plus grande étendue du septentrion au midi, est d’environ cinquante-cinq milles, & de soixante-six d’orient en occident. La Foglia, la Césena, & la Rigola, sont les principales rivieres de cette province, qui peut se diviser en sept parties, savoir, le duché d’Urbin propre, le comté de Mont-Feltro, le comté de Cita-di-Castello, le comté de Gubio, le vicariat de Sinigaglia, la seigneurie de Pesaro, la république de Saint-Marin.
Le duché d’Urbin, proprement dit, occupe le milieu de la province, & s’étend jusqu’à la mer, la Marche d’Ancone, la Romagne & la Toscane. C’est un pays mal-sain & peu fertile, dont la capitale porte son nom.
Ce duché a été possédé par la maison de Monte-Feltro, & par celle de la Rovere. François-Marie de la Rovere II. du nom, ne se voyant aucun enfant mâle, réunit le duché d’Urbin au saint siege en 1626, & mourut peu de tems après. (D. J.) | [
"Q649202"
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Urbin, ou Urbain | v17-968-1 | Urbin, ou Urbain, (Géog. mod.) anciennement Urbinum, petite ville d’Italie dans l’état de l’église, capitale du duché du même nom, sur une montagne entre les rivieres de Métro & la Foglia. Son évéché fut érigé en archevéché en 1551 ; & Clément X. y fonda une université. Le palais des ducs d’Urbin fut bâti par le duc Frédéric I. duc d’Urbin, qui embel-lit ce palais de statues, de peintures, & d’une bibliotheque de livres précieux. On peut consulter au sujet de cette ville un ouvrage intitulé, Memorie concernenti la citta di Urbino, Romæ 1724, in-fol. fig. Long. suivant Cassini & Bianchini, 30, 21. latit. 43, 48′. 30.
Urbin se vante avec raison d’avoir produit des hommes célebres dans les sciences. Il est certain que Virgile, ou plutôt Vergile (Polydore) né dans cette ville au xv. siecle, ne manquoit ni d’esprit ni d’érudition. Il fut envoyé en Angleterre au commencement du siecle suivant pour y lever le tribut que l’on nommoit denier de saint Pierre ; mais il se rendit si recommandable dans son ministere, & il se plut de telle sorte dans ce pays, qu’il résolut d’y passer sa vie ; il renonça donc à la charge d’exacteur de ce tribut, & obtint la dignité d’archidiacre de l’église de Wells. Il ne se dégoûta point du royaume lorsque les affaires de la religion changerent sous Henri VIII. & sous Edouart ; ce ne fut qu’en 1550 qu’il en sortit, à cause que sa vieillesse demandoit un climat plus chaud ; & le roi lui accorda la jouissance de ses bénéfices dans les pays étrangers. On croit qu’il mourut à Urbin l’an 1556.
Son premier livre fut un recueil de proverbes qu’il publia en 1498. Son second ouvrage fut celui de rerum inventoribus, dont il s’est fait plusieurs éditions. Son traité des prodiges parut l’an 1526 ; c’est un ouvrage bien différent de celui de Julius-Obsequens, augmenté par Lycosthènes ; car Polydore y combat fortement les divinations. Il dédia à Henri VIII. en 1533 son histoire d’Angleterre, dont les savans critiques anglois ne font aucun cas. Voici ce qu’en dit Henri Savil : Polydorus in rebus nostris hospes, & (quod caput est) neque in republicâ versatus, nec vir magni ingenii ; pauca ex multis delibans, & falsa plerùmque pro veris amplexus, historiam nobis reliquit, cùm cætera mendosam, tùm exiliter sanè & jejunè conscriptam.
Le comte Bonarelli (Gui Ubaldo) naquit à Urbin en 1563, & mourut à Fano en 1608, à 45 ans. Il est auteur de la Philis de Scyro, Filli di Sci o, pastorale pleine de graces & d’esprit, dont j’ai déjà parlé au mot Scyros.
Commandin (Fréderic) naquit à Urbin, en 1509, & mourut en 1575, âgé de 66 ans. Il étudia d’abord la médecine, mais trouvant trop d’incertitude dans les principes de cette science, & trop de dangers dans ses expériences, il s’appliqua tout entier à l’étude des mathématiques, & y gagna beaucoup de gloire. Le public lui est redevable de plusieurs ouvrages des mathématiciens grecs qu’il a traduits & commentés ; par exemple, d’Archimede, d’Apollonius, de Pappus, de Ptolemée, d’Euclide. On lui doit encore Aristarchus de magnitudinibus ac distantiis solis & lunæ, à Pésaro 1572, in-4°. Hero de spiritalibus, à Urbin, 1575, in-4°. Machometes Bagdedinus de superficierum divisionibus, à Pésaro 1570, in-fol. Le style de Commandin est pur, & il a mis dans ses ouvrages tous les ornemens dont les mathématiques sont susceptibles. Baldus (Bernardin) a fait sa vie, & nous assure que s’il n’avoit pas trop aimé les femmes, Momus n’auroit rien pu trouver à reprendre dans cet habile géometre. Commandin mérite sans doute d’être loué ; mais ce n’est pas la plus petite de ses louanges, que d’avoir eu le même Baldus pour disciple.
En effet, Baldus se montra un des plus savans hommes de son tems. Il naquit à Urbin l’an 1553, fut fait abbé de Guastalla, l’an 1586, & mourut l’an 1617, à 64 ans. Il passa sa vie dans l’étude, sans ambition, sans vaine gloire, plein de bonté dans le caractere, excusant toujours les fautes d’autrui, & cependant fort dévot, non-seulement pour un mathématicien, mais même pour un homme d’église, car il jeûnoit deux fois la semaine, & communioit tous les jours de fêtes.
Son premier ouvrage est un livre des machines de guerre, de tormentis bellicis, & eorum inventoribus. Les commentaires qu’il publia l’an 1582 sur les méchaniques d’Aristote, prouverent sa capacité en cette sorte de connoissances. Il mit au jour quelque tems après, le livre de verborum vitruvianorum significatione. Il publia, l’an 1595, cinq livres de novâ gnomonice.
Comme il possédoit les langues orientales, il traduisit sur l’hébreu le livre de Job, & les lamentation de Jérémie. Il fit aussi un dictionnaire de la langue arabe. Ce n’est pas tout, il traduisit Heronem de automaticis & balistis, les paralipomenes de Quintus Calaber, & le poëme de Musée. Enfin il donna dans le cours de ses voyages, quelques poëmes, les uns en latin, les autres en italien ; & c’est dans cette derniere langue qu’est écrit celui de l’art de naviger. II aimoit tellement le travail, qu’il se levoit à minuit pour étudier, & qu’il lisoit même en mangeant. Fabricius Scharloncinus a écrit sa vie que les curieux peuvent consulter.
Un des plus savans antiquaires du dernier siecle, Fabretti (Raphael), naquit à Urbin, l’an 1619. Il voyagea dans toute l’Italie, en France & en Espagne, où il demeura 13 ans, avec un emploi considérable que lui procura le cardinal Imperiali ; mais l’amour qu’il avoit pour les antiquités, lui fit desirer de revenir à Rome, où les papes Alexandre VIII. & Innocent XII. le comblerent de bienfaits. Fabretti en profita, pour se donner entierement à son étude favorite. Plusieurs excellens ouvrages en ont été les fruits. En voici le catalogue.
1°. De aquis & aquæ-ductibus veteris Romæ dissertationes tres. Romæ 1680, in-4°. Il y avoit dans l’ancienne Rome environ vingt sortes de ruisseaux que l’on avoit fait venir de lieux assez éloignés par le moyen des aqueducs, & qui y produisoient un grand nombre de fontaines. Ces aqueducs tenoient leur rang parmi les principaux édifices publics, non-seulement par leur utilité, mais encore par la magnificence, la solidité & la hardiesse de leur structure. Fabretti tâche dans cet ouvrage d’expliquer tout ce qui regarde ces sortes d’antiquités ; & son livre peut beaucoup servir à entendre Frontin, qui a traité des aqueducs de Rome, tels qu’ils étoient de son tems, c’est-à-dire sous l’empire de Trajan. Les dissertations de Fabretti contiennent quantité d’observations utiles, au jugement de Kuster. Elles ont été insérées dans le quatrieme volume des antiquités romaines de Grevius, avec des figures. Utrecht, 1697, in-fol.
2°. De columna Trajana, syntagma. Accesserune veteris tabellæ anagliphæ Homeri iliadem, atque ex Stesichoro, Archino, Lesche, Ilii excidium continentis & emissarii lacus Fucini descriptio. Romæ, 1683, in-fol. Ce livre est rempli de recherches d’antiquités fort curieuses.
3°. Inscriptionum antiquarum, quæ in ædibus paternis asservantur, explicatio. Romæ, 1699, in-fol. Cet ouvrage est divisé en huit chapitres. Le premier traite de titulis & columbariis. Pour l’intelligence de ces terme, il faut savoir que les anciens, & principalement les personnes de distinction, avoient de fort grands tombeaux qui servoient pour toutes les personnes de la même famille. Ces tombeaux étoient partagés en différentes niches, semblables à celles d’un colombier, ce qui leur a fait donner le nom de columbaria par les Latins.
Dans chaque niche il y avoit une urne où étoient les cendres d’une personne, dont le nom étoit marqué dessus ; ces inscriptions s’appelloient tituli. Fabretti prouve qu’il n’y a jamais eu de loi chez les Romains de brûler les morts ; & que depuis le tems deSylla le dictateur, qui est le premier dont on a brûlé le corps, l’ancien usage d’enterrer les morts n’a jamais entierement cessé. Les urnes où l’on recueilloit les cendres s’appelloient ollæ, & avant que les cendres y fussent mises, virgines. L’auteur établit dans ce même chapitre, que par les mots livia Augusti dans les inscriptions, les anciens désignoient la femme d’Auguste, & non sa fille ; & que tous les gladiateurs n’étoient pas de condition servile, mais qu’il y en avoit de l’ordre des chevaliers. Dans le chapitre second il justifie que le nom de genii se donnoit tantôt aux dii manes, tantôt aux ames humaines, tantôt à ces puissances qui tenoient le milieu entre les dieux & les hommes.
Il prouve aussi que la ville de Parme s’appelloit anciennement Julia Chrysopolis. Il observe dans le troisieme chapitre, que les anciens mettoient un point à la fin de chaque mot dans leurs inscriptions, mais toujours à la fin de chaque ligne, & quelquefois à la fin de chaque syllabe. Il recherche la signification du mot ascia dans les anciennes inscriptions ; terme, dit-il, qu’il ne trouve guere que dans les inscriptions des Gaules. Il remarque dans le quatrieme chapitre, que le mot d’alumnus, ne se prend jamais dans les bons auteurs dans un sens actif, mais dans un sens passif. Il montre dans le septieme, que les poids des anciens étoient plus grands que ceux des modernes. Il soutient dans le huitieme, que les vaisseaux de verre que l’on trouve auprès des tombeaux des anciens chrétiens, sont des preuves de leur martyre, & que les taches rouges qu’on y apperçoit, sont des restes du sang que les fideles y ont mis, ce qui n’est nullement vraissemblable, & est peu physique.
A la fin de ce recueil, il rend compte des corrections qu’il a faites dans les inscriptions recueillies par Gruter en deux volumes ; outre un grand nombre d’autres corrections sur divers autres compilateurs d’inscriptions, qui sont répandues dans l’ouvrage même.
M. Fabretti avoit une capacité merveilleuse pour déchiffrer les inscriptions qui paroissent toutes défigurées, & dont les lettres sont tellement effacées, qu’elles ne sont presque plus reconnoissables. Il nettoyoit la surface de la pierre, sans toucher aux endroits où les lettres avoient été creusées ; ensuite il mettoit dessus un carton bien mouillé, & le pressoit avec une éponge, ou un rouleau entouré d’un linge ; ce qui faisoit entrer le carton dans le creux des lettres pour en prendre la poussiere qui s’y attachoit, & dont la trace faisoit connoître les lettres qu’on y avoit autrefois gravées.
M. Baudelot dans son livre de l’utilité des voyages, indique un secret à-peu-près semblable, pour lire sur les médailles les lettres qu’on a de la peine à déchiffrer. (Le Chevalier de Jaucourt.) | [
"Q2759",
"Q741149",
"Q2376577",
"Q671745",
"Q560613",
"Q788614"
] |
URBINUM | v17-969-0 | URBINUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans l’Umbrie, près de la voie Flaminienne du côté du couchant, entre le Metaurus & le Pisaurus, à-peu-près à égale distance de ces deux fleuves, selon Tacite, Procope & Paul diacre. Elle conserve encore son ancien nom ; car on l’appelle Urbino.
Pline, l. III. c. xiv. nomme ses habitans Urbinates : mais il distingue deux sortes d’Urbinates, les uns surnommés Metaurenses, & les autres Hortenses ; & comme il est sans contredit, que les premiers demeuroient sur le bord du Metaurus, où étoit la ville Urbinum Metaurense, aujourd’hui Castel-Durante, il s’ensuit que les Urbanites Hortenses habitoient la ville d’Urbinum, devenue depuis la capitale du duché d’Urbin.
Procope dit qu’il y avoit dans Urbinus une fontaine, où tous les habitans puisoient de l’eau. Cette fontaine, selon Cluvier, Ital. ant. l. II. c. vj. est aujour-d’hui hors de la ville, au pié de la citadelle. C’étoit un municipe considérable, comme le prouvent plusieurs inscriptions qu’on y voit encore présentement. (D. J.) | [
"Q2759"
] |
URBS ou URBIS | v17-970-0 | URBS ou URBIS, (Géog. anc.) fleuve d’Italie, dans la Ligurie, selon Claudien, de Bel. get. v. 534. qui en parle ainsi :
. . . . . . . . Ligurum regione supremâ
Pervenit ad fluvium miri cognominis Urbem.
Ce fleuve se nomme encore aujourd’hui Urba ou Orba : il mouille la ville d’Ast. | [
"Q1101815"
] |
Urbs-Salvia | v17-970-1 | Urbs-Salvia, (Géog. anc.) aujourd’hui Urbi-Saglia, ville d’Italie dans le Piscenum, en-deçà de l’Apennin. La table de Peutinger, écrit Urbe-Salvia, & la marque à douze milles de Ricina. (D. J.) | [
"Q94982"
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URGEL | v17-978-0 | URGEL, (Géog. mod.) ville d’Espagne dans la Catalogne, sur la rive droite de la Segre, à 6 lieues au sud-ouest de Puicerda, & à 35 au nord-est de Tarragone, dont son évêque, qui jouit de 9 mille ducats de revenu, est suffragant. Long. 19. 10. latit. 42. 25. (D. J.) | [
"Q673412"
] |
URGENCE ou URGENS | v17-979-0 | URGENCE ou URGENS, (Géog. mod.) ville d’Asie nommée autrefois Korkang, à 20 lieues d’Allemagne de la côte orientale de la mer Caspienne, sur la gauche de l’ancien lit du Gihum : ses maisons sont de briques cuites au soleil. Long. 76. 30. latit. 42. 18. (D. J.) | [
"Q48472"
] |
URGO | v17-984-0 | URGO, (Géog. anc.) petite isle de la mer Ligustique, dans le golfe de Pise, au nord oriental de la pointe septentrionale de l’isle de Corse. Pline en parle, l. III. c. vj. ainsi que Pomponius Mela, l. II. c. vij. Cette isle s’appelle aujourd’hui Gorgona, ou Gorgone. (D. J.) | [
"Q19347"
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URI | v17-985-0 | URI, (Geogr. mod.) canton de Suisse le plus méridional, le quatrieme entre les treize, & le premier entre les petits qui vicatim habitant ; c’est-à-dire, qui n’ont que des villages & des bourgades pour habitation. Il est borné au midi par les bailliages d’Italie, au levant par les Grisons & le canton de Glaris ; au couchant par le canton d’Underwald, & une partie du canton de Berne. Le pays d’Uri est proprement une longue vallée d’environ 25 mille pas, entourée de trois côtés des hautes montagnes des Alpes, & arrosée par la Reuss, qui prend sa source au mont-Saint-Gothard.
Ce canton peut être regardé comme le séjour ancien & moderne de la valeur Helvétique. Les peuples qui l’habitent sont les descendans des Taurisques, Taurisci, & n’ont point dégénéré du mérite de leurs ancêtres. Uri a pris pour armes une tête de taureau sauvage, en champ de sinople.
Ce canton n’a qu’un seul bailliage en propre ; mais les bailliages d’Italie lui appartiennent en commun avec les autres petits cantons. Quoique situé plus avant dans les Alpes que ses voisins, cependant il est plus fertile qu’eux, & les fruits y sont plutôt mûrs, à cause de la réverbération des rayons du soleil qui se trouvent concentrés dans des vallons étroits ; & les montagnes fournissent des pâturages pour une grande quantité de bétail.
Le gouvernement est à-peu-près le même que dans les autres petits cantons qni n’habitent que des villages ; savoir, Schwitz, Underwald, Glaris & Appinzel. L’autorité souveraine est entre les mains de tout le peuple, & dès qu’un homme a atteint l’âge de seize ans, il a entrée & voix dans l’assemblée générale. Ces assemblées se tiennent ordinairement en rase campagne ; on y renouvelle les charges, on y fait les élections, & le président de l’assemblée est au milieu du cercle avec ses officiers à ses côtés, debout & appuyé sur son sabre. On forme aussi ces assemblées extraordinairement quand il s’agit d’affaires importantes, comme de traiter de la guerre & de la paix, de faire des lois, des alliances, &c.
Les peuples de ce canton vivent frugalement ; leurs manieres sont simples, & leurs mœurs sont honnêtes. Leur chef s’appelle amman ou land-amman, & est en place pendant deux ans. A cet amman ils joignent une régence pour régler les affaires ordinaires, & celles des particuliers. La régence d’Uri se tient ordinairement à Altdorff, qui est le lieule plus considérable du pays. Ce canton est catholique : il a été d’abord soumis à l’abbaye de Vettingen, mais il racheta cette soumission par de l’argent, & il dé-pend aujourd’hui, pour les affaires ecclésiastiques, de l’évêque de Constance ; cependant on y décide quelquefois des causes matrimoniales dans les assemblées générales du pays. (D. J.) | [
"Q12404"
] |
URIA | v17-986-0 | URIA, (Géog. anc.) 1°. ville de la Pouille Daunienne, selon Pline, l. III. c. ij. qui la met entre le fleuve Arbalus, & la ville Sipantum.
2°. Ville d’Italie dans la Messapie ou la Calabre, sur la voie Appienne, entre Tarente & Brindes, selon Strabon, l. VI. p. 283. (D. J.) | [
"Q4023116",
"Q51871"
] |
URICONIUM | v17-988-0 | URICONIUM, (Géogr. anc.) ville de la grande Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque sur la route du retranchement, à portus Rutupis, entre Rutunium & Uxacona, à onze milles de chacun de ces lieux. C’est la ville Viroconium de Ptolomée.
La Saverne, après avoir mouillé Shrewsbury, reçoit la riviere de Terne. C’est au confluent de ces deux rivrieres que les Romains avoient bâti la ville de Uriconium, afin de pouvoir passer & repasser la Saverne qui depuis sa jonction avec la Terne, n’est plus guéable.
Cette ville ne subsiste plus : on voit seulement quelques pans de murailles, & un petit village qui a retenu le nom de la ville ; car on le nomme Wrockcester, & par corruption Wroxeter. Dans le lieu où étoit la ville, la terre est plus noire qu’ailleurs, & rapporte de fort bon orge. A l’une des extrémités on trouve des remparts, des pans de murailles faits en voûte par dedans ; & on peut juger que c’étoit la citadelle de la ville : on a déterré quelques médailles romaines parmi ces ruines. (D. J.) | [
"Q1361580"
] |
URSEL | v17-1009-0 | URSEL, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, au cercle du bas-Rhin, dans le comté de Konigstein, à trois lieues de Francfort. Elle appartient à l’électeur de Mayence. Les troupes de Hesse & de Saxe ayant pris cette ville en 1645, la réduisirent en cendres, & elle ne s’est guere relevée depuis. (D. J.) | [
"Q7044"
] |
URSENTINI | v17-1010-0 | URSENTINI, (Géogr. anc.) peuples d’Italie, dans la Lucanie. Pline, l. III. c. xj. les marque dans les terres. On croit que leur ville s’appelloit Ursa ou Ursentum, & que c’est présentement celle d’Orso. (D. J.) | [
"Q4006517"
] |
URSO | v17-1014-0 | URSO, (Géog. anc.) ville de l’Espagne bétique, selon Pline, l. III. c. j. C’est l’Οὔρσωνα d’Appien, in iber. p. 291, & l’Ursaon d’Hirtius, de bel. hisp. Pline lui donne le surnom de Genua Urbanorum, ou Gemina Urbanorum, surnom qui lui fut donné, parce qu’on y mena une colonie formée d’une des légions surnommées Gemina ou Gemella ; & parce que les soldats de cette colonie avoient été levés seulement dans la ville de Rome.
On trouve dans Gruter une ancienne inscription avec le nom de cette ville : Resp. Ursonensium. Natalis qualifié presbyter de civitate Ursonensium, souscrivit au premier concile d’Arles. Le nom moderne de cette ville est Ossuna Mariana, l. III. hist. c. ij. (D. J.) | [
"Q3552479"
] |
URUGUAY, l’ | v17-1018-0 | URUGUAY, l’ (Géog. mod.) riviere de l’Amérique méridionale, qui se décharge dans le Parana, un peu au-dessus de Buenos-Aires ; par le 34 d. de latitude australe : c’est ici que le Parana prend le nom de Rio-de-la-Plata. (D. J.) | [
"Q18278"
] |
USBECKS | v17-1025-0 | USBECKS, (Géog. mod.) ou Tartares Usbecks, peuples tartares qui habitent sur la côte orientale de la mer Caspienne. Ils tiennent une grande étendue de pays, depuis le 72 degré de longitude jusque vers le 80, & depuis le 34 de latitude jusqu’au 40. Ils occupoient au seizieme siecle, & occupent encore le pays de Samarcande. On les distingue en tartares Usbecks de la grande Bucharie, & en tartares Usbecks de Charassin ; mais ils vivent tous dans la pauvreté, & savent seulement qu’il est sorti de chez eux des es-sains qui ont conquis les plus riches pays de la terre. Voyez Tartares. (D. J.) | [
"Q483047"
] |
USCOPIA | v17-1027-0 | USCOPIA, (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, dans la Servie, à 75 lieues au sud-est de Belgrade. C’est la résidence d’un sangiac & d’un archevêque latin. Long. 40. 8. latit. 42. 15. (D. J.) | [
"Q384"
] |
USCOQUES | v17-1028-0 | USCOQUES, (Géog. mod.) peuples voisins de la Hongrie, de la Dalmatie, de la Servie & de la Croatie impériale. Plusieurs gens d’entre ces peuples sortirent de leur pays dans le xvj. siecle pour fuir, dirent-ils, le joug des Turcs. De là vient, selon quelques-uns, le nom qu’ils prirent, tiré du mot scoco, qui dans la langue du pays veut dire fugitis ou transfuge. La premiere place que les Uscoques choisirent pour s’y domicilier, fut la forteresse de Clissa bâtie au-dessus de Spalatro ; cette place ayant été enlevée par les Turcs l’an 1537, les Uscoques se réfugierent à Segna, ville située vis-à-vis de l’île de Veglia. Ces gens féroces firent d’abord des merveilles, & battirent les Turcs ; mais bientôt ils exercerent sur les Chrétiens mêmes, toutes sortes de pirateries, qui obligerent la république de Venise d’armer contr’eux & de les poursuivre pour la sûreté de son commerce avec les sujets du grand-seigneur. Les Vénitiens supplierent l’empereur de réprimer les Uscoques ; mais comme les ministres autrichiens partageoient avec eux les profits, on ne se pressa pas d’expedier les ordres que Venise sollicitoit. Alors les Vénitiens envoyerent une escadre qui ravagea les côtes de Segna, & fit pendre tous les Uscoques qu’elle put attrapper en course. Enfin par le traité conclu à Madrid en 1618, les Uscoques furent contraints de sortir de Segna ; leurs familles furent transférées ailleurs, & leurs barques furent brûlées. (D. J.) | [
"Q845122"
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USEDOM | v17-1030-0 | USEDOM, (Géog. mod.) petite ile d’Allemagne, sur la mer Baltique, dans la Poméranie, au cercle de la haute Saxe. Elle a environ six milles d’étendue, & contient une ville ou bourg de même nom. Long. 38. 30. latit. 53. 47. (D. J.) | [
"Q3255"
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USELLIS | v17-1031-0 | USELLIS, (Géog. anc.) ville de l’île de Sardaigne. Ptolomée la marque sur la côte occidentale, & lui donne le titre de colonie. C’est présentement Oristagni, selon Cluvier. (D. J.) | [
"Q389355"
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USIATIN | v17-1034-0 | USIATIN, (Géog. mod.) petite ville de la Pologne, dans le palatinat de Podolie, sur la riviere de Sébrouce. (D. J.) | [
"Q1638961"
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Usipiens, les | v17-1036-1 | Usipiens, les, (Géog. anc.) Usipii, peuples de la Germanie, & nommés avec les Teucteri par les anciens auteurs, parce qu’ils ont habité dans le même quartier, & que leurs migrations & leurs expéditions ont été faites en commun. César, l. IV. Florus, l. IV. c. xij. & Tacite, annal. l. I. c. lj. disent Usipetes. Strabon, l. VII. écrit Νουσιπίους, Nusipios, & Ptolomée Οὐσιπίους.
Quoi qu’il en soit de l’ortographe, voici l’histoire des Usipiens & des Teucteres. Ces peuples habiterent d’abord entre les Chérusques & les Sicambres ; mais les Cattes les chasserent, & après qu’ils eurent erré avec divers autres peuples durant trois ans dans la Germanie, ils vinrent s’établir sur le Rhin, au voisinage des Sicambres. Les Ménapiens, nation d’en-deçà du Rhin, occupoient alors les deux bords de ce fleuve. Il y a apparence que ce fut du consentement des Sicambres, que les Usipiens & les Teucteres s’emparerent du pays des Ménapiens au-delà du Rhin, & passerent ensuite ce fleuve pour s’y fixer, s’étendant jusqu’aux confins des Eburons & des Condruses.
Dans la 698e année de Rome, & la 53e avant Jesus-Christ, les Usipiens & les Teucteres furent presque entierement exterminés par César ; il ne se sauva qu’un petit nombre de gens de cheval, qui ne s’étoient point trouvé à la bataille, parce qu’ils avoient passé la Meuse pour aller chercher des vivres & faire du butin. Ceux-ci après la défaite de leurs compatriotes, repasserent le Rhin, & s’établirent aux confins des Sicambres avec qui ils se joignirent. Cependant sous le regne d’Auguste leur nombre se trouva tellement accru, qu’ils furent en état de tourner leurs armes contre les Romains. Les expéditions de Drusus dans la Germanie nous apprennent que les pays des Usipiens & celui des Teucteres étoient distingués, lorsque les Sicambres habitoient dans leur ancienne demeure.
Les Usipiens s’étendoient le long de la rive droite de la Lippe ; car selon Dion Cassius, l. LIV. Drusus ayant passé le Rhin, & subjugué les Usipiens, il jetta un pont sur la Lippe, pour entrer dans le pays des Sicambres. Il paroît que les Teucteres habitoient à l’occident des Sicambres, & que le Rhin les séparoit des Ménapiens ; mais on ne sauroit décider s’ils demeuroient, de même que les Usipiens, sur la rive droite de la Lippe, ni quel espace les Usipiens occupoient sur le bord du Rhin.
Dans la suite, Tibere ayant transféré les Scam-bres dans la Gaule, afin que les garnisons romaines pussent veiller plus aisément sur eux, le pays qu’ils avoient occupé dans la Germanie, fut sans doute cédé par les Romains aux Usipiens & aux Teucteres ; car on voit que ces derniers posséderent les terres que nous avons dit appartenir aux Sicambres. Alors les Teucteres s’étendoient le long du Rhin, depuis le Segus jusqu’à la Rora, & dans les terres le long de la Lippe & de l’Asie. A l’égard des Usipiens, ils demeuroient sur les deux bords de la Lippe & sur le Rhin, peut-être jusqu’à l’endroit où ce fleuve se partage pour former l’île des Bataves. En effet, Dion Cassius les met au voisinage de cette île ; & Tacite qui leur donne pour voisins les Cattes, fait assez entendre que les Usipiens demeuroient au-dessous des Teucteres, ce qui devoit les approcher du commencement de l’île des Bataves.
Les Usipiens & les Teucteres ne demeurerent pas toujours dans cet état. Leurs bornes se trouverent resserrées par des migrations d’autres peuples ; & l’on apprit à Rome, au commencement du regne de Trajan, que les Teucteres avoient été presque détruits par les Chamaves & par les Angrivariens, qui s’étoient emparés d’une grande partie de leurs terres. Si ces peuples ne purent pas détruire aussi les Usipiens, il est du-moins certain qu’ils leur enleverent ce qu’ils possédoient à la droite de la Lippe.
Enfin du tems de Constantin, les Usipiens cesserent en quelque sorte de faire figure dans ces quartiers ; les Bructeres & les Chamaves prirent leur place, & soutinrent avec fermeté la guerre vigoureuse que les Romains leur firent. (D. J.) | [
"Q1517050"
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USKE | v17-1038-0 | USKE, (Géog. mod.) bourg à marché d’Angleterre, dans la province de Montmouth, à douze milles d’Albergaveny, sur le bord de la riviere qui lui donne son nom. C’est une place ancienne, connue sous le nom de Burrium, & les Gallois l’appellent Brunenbégie. (D. J.) | [
"Q573757"
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Uske, l’ | v17-1038-1 | Uske, l’ (Géog. mod.) riviere d’Angleterre. Elle a sa source dans Brecknocshire, aux confins de Caermarthenshire. Après avoir arrosé quelques endroits de la province de Montmouth, elle se jette dans la Saverne. (D. J.) | [
"Q19699"
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USSEAUX | v17-1044-0 | USSEAUX, (Géog. mod.) bourg de la vallée de Pragela, frontiere de Dauphiné du côté de Pignerol. Je parle de ce bourg, parce que les réformés ne m’excuseroient pas, & avec raison, si j’oubliois de dire que Saurin (Elie), célebre théologien calviniste, y naquit en 1639. Il servit en 1662 l’église d’Embrun, & fut appellé à Delft en Hollande, en 1667. Il exerçoit le ministere à Utrecht en 1672, lorsque Louis XIV. se rendit maître de cette ville. En 1691 il eut de grands différends théologiques avec M. Jurieu, dans lesquels il regna de part & d’autre (mais sur-tout dans M. Jurieu), beaucoup plus d’animosité qu’il ne convenoit à des gens de leur caractere. M. Saurin mourut en 1703, âgé de 64 ans. Il étoit plein de droiture & d’affabilité, constant dans sa conduite, & grand défenseur de la liberté tant civile qu’ecclésiastique. Il a fait un ouvrage généralement estimé, sur les droits de la conscience, Utrecht 1697 in-8°. son traité de l’amour de Dieu, parut dans la même ville en 1701 en deux volumes in-8°. & après sa mort, on a donné son traité de l’amour du prochain. Utrecht 1704, in-8°. (D. J.) | [
"Q10326",
"Q3587770"
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USSEL | v17-1045-0 | USSEL, (Géog. mod.) petite ville ou plutôt bourg de France dans le Limousin, à deux lieues au nord-est de Ventadour, & le seul lieu de ce duché. (D. J.) | [
"Q18101"
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USSON | v17-1046-0 | USSON, (Géog. mod.) en latin barbare Ucio, Uxo, Uxus, petite ville de France en Auvergne, élection d’Issoire, à quatre lieues de Brioude. Long. 20. 2. lat. 45. 24.
Rien n’a autant fait connoître la petite ville d’Usson, que le long séjour que fit dans son château Marguerite de France, premiere femme du roi Henri IV. princesse douée de beaucoup plus d’esprit & de beauté que de sagesse & de vertu. Elle demeura dans ce château près de vingt années, comme l’histoire nous l’apprend.
« Marguerite (dit le p. Hilarion de Coste) sortit d’Agen en habit de simple bourgeoise, fut portée en trousse par Lignerac, à qui elle donna le nom de chevalier de la fleur, & gagna pays toute la nuit avec un travail qui éprouva son courage, au péril de sa santé. De Martas la vint trouver sur la frontiere avec cent gentilshommes, la logea dans sa maison de Carlat, retourna à Agen pour sauver ses pierreries & recueillir les débris de sa suite ; sa mort l’en fit sortir au bout de dix-huit mois....
» Le marquis de Canillac l’emmena & l’enferma à Usson ; mais bientôt après ce seigneur d’une illustre maison, se vit le captif de sa prisonniere : il pensoit avoir triomphé d’elle, & la seule vue de l’ivoire de son bras triompha de lui ; & dès-lors il ne vequit que de la faveur des yeux victorieux de sa belle captive.... Au même instant qu’elle pensoit mourir captive, elle se vit assurée de regner libre en cette forte place, d’où elle délogea ceux qui l’avoient logée.
» Pendant ces vingt années, ajoute le p. de Coste, ce château d’Auvergne fut un Thabor pour la dévotion de la reine, un Liban pour sa solitude, un Olympe pour ses exercices, un Parnasse pour ses muses, & un Caucase pour ses affections ». Si le p. Hilarion a toujours pratiqué les autres vertus du christianisme avec la même fidélité qu’il pratique la charité dans cette occasion, nous ne devons pas hésiter à le regarder comme un saint. Il y auroit moins de médisance à comparer le château d’Usson avec l’île de Caprée qui fut la retraite de Tibere, qu’il n’y a de flaterie à le comparer à un Thabor de dévotion, pendant que Marguerite l’habita. Durant cet intervalle elle y eut deux fils, l’un du sieur de Chanlon, & l’autre du sieur d’Aubiac.
De retour à la cour de France, elle donna volontiers les mains à la dissolution de son mariage avec Henri IV. & passa le reste de ses jours dans un mêlange bisarre de galanterie, de dévotion, d’étude, de musique, & de conversations avec des gens de lettres. Elle mourut en 1615, âgée de soixante-trois ans. Le sage & fameux Pibrac avoit été son chancelier & son amant.
Le fort chateau d’Usson a été rasé en 1634 ; & la ville s’est insensiblement dépeuplée, au point que sa justice royale est la seule chose qui empêche qu’elle ne soit absolument abandonnée. (Le chevalier de Jaucourt.) | [
"Q383625",
"Q220845"
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USSUBIUM | v17-1047-0 | USSUBIUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule aquitanique ; l’itinéraire d’Antonin la marque sur la route de Bordeaux à Argantomagum, entre Sirione & Fines, à vingt milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du second. Quelques manuscrits portent Usubium, au-lieu d’Ussubium ; & la table de Peutinger lit Vesubium. On croit que c’est aujourd’hui la Réole, sur la rive droite de la Garonne. (D. J.) | [
"Q177743"
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USTICA | v17-1049-0 | USTICA, (Géog. anc.) 1°. île voisine de celle de Sicile, selon Ptolomée, l. III. c. iv. qui y met une ville du même nom. Pline, l. III. c. viij. dit qu’elle est à l’opposite de Paropus. Ustica est présentement une des îles de Lipari ; elle conserve son ancien nom, mais elle est deserte.
2°. Ustica étoit encore le nom d’une colline du Lucretile, dans le pays des Sabins, au territoire de Bandusie. La maison de campagne d’Horace étoit située sur ce petit coteau, & portoit le même nom : dans l’ode 17. liv. I. il invite Tydaris, fille spirituelle, & qui aimoit passionnément la Poésie, de venir se retirer pour quelque tems à sa campagne de Sabine ; il lui dit :
Nec metuunt hæduliæ lupos
Utcumque dulci, Tyndari, fistulâ
Valles & Usticæ cubantis
Lævia personuere Saxa.
« Tyndaris, sur le mont Lucrétile, les chevreaux n’appréhendent point la dent carnaciere des loups, dès que Faune fait entendre sa flûte aux échos des vallons & des collines d’Ustica ».
L’épithete cubans, marque que la pente d’Ustica étoit douce : le vieux Scholiaste cité par Ortélius & par Cellarius, a cru que le nom Ustica, convenoit aussi-bien à la vallée qu’à la montagne, & cela peut être. Ce qui nous intéresse le plus, c’est la maison de campagne d’Horace ; Mécénas la lui procura par la faveur d’Octavien, l’an de Rome 716 ; le poëte avoit alors 28 ans, & fit à cette occasion l’ode laudabunt alii clarum Rhodon aut Mitylenem, dont il ne nous reste plus qu’un fragment. Il ne pouvoit guere manquer après cela de nous donner une description poëtique de sa jolie terre d’Ustique ; & c’est ce qu’il a fait quelquefois, mais particulierement dans son épître à Quintius, epître xvj. livre I.
Ne perconteris, fundus meus, optime Quinti,
Arvo pascat herum, an baccis opulentet olivæ,
Pomisne & pratis, an amictâ vitibus ulmo,
Scribetur tibi forma loquaciter, & situs agri.
Continui montes, nisi dissocientur opaca
Valle : sed ut veniens dextrum latus aspiciat sol,
Lævum discedens curru fugiente vaporet.
Temperiem laudes. Quid si rubicunda benignè
Corna vepres & pruna ferant ? si quercus & ilex
Multa frugo pecus, multa dominum juvet umbra ?
Dicas abductum propius frondere Tarentum.
Fons etiam rivo dare nomen idoneus, ut nec
Frigidior Thracam, nec purior ambiat Hebrus.
Infirmo capiti fluit utilis, utilis alvo.
Hæ latebræ dulces, etiam (si credis) amœnæ
Incolumem tibi me præstant septembribus horis.
« Vous êtes donc curieux, mon cher Quintius, de savoir en quoi consiste le revenu de ma terre, si c’est en blé, en olives, en fruits, en prés, ou en vins. Afin que vous ne me fassiez plus de pareilles questions, je vais vous faire une description complete de sa nature & de sa situation. Imaginez-vous une chaîne de montagnes, interrompue seulement par une vallée bien couverte, de maniere que j’ai le soleil levant à ma droite, & le couchant à ma gauche. L’air y est fort tempéré ; vous en seriez charmé vous-même. Mais si vous voyiez nos haies & nos buissons étaler la pourpre des prunes & des cornouilles dont ils sont chargés, & nos chênes fournir en abondance du gland à nos troupeaux, & nous donner une ombre agréable, vous jureriez sans doute qu’on auroit transporté aux environs de ma maison la campagne de Tarente avec ses délicieux bocages. Outre cela j’ai une fontaine assez considérable pour donner son nom à un ruisseau, dont elle est la source. Ses eaux ne sont ni moins fraîches ni moins pures, que celles de l’Hébre qui baigne la Thrace ; & elles ont encore cet avantage, qu’elles sont souveraines contre les maux de tête, & contre les chaleurs d’entrailles. Ce sont ces paisibles retraites, (le dirai-je, & m’en croirez-vous enfin ?) c’est ce séjour enchanté qui garantit votre ami contre l’intempérie de l’automne ».
Cette terre d’Ustie d’Horace, devoit être réellement fort jolie ; le ruisseau qui la traversoit & qui y prenoit sa source, s’appelloit la Digence. D’ailleurs c’étoit une terre assez considérable, puisqu’il y occupoit toute l’année huit esclaves, & qu’elle avoit suffi autrefois à l’entretien de cinq familles. Elle avoit entre autres choses des vergers, des bois, & des prairies ; Horace fit faire à sa maison plusieurs changemens à différentes fois, & il la fit enfin rebâtir toute entiere de belles pierres blanches de Tivoli, qui étoit dans le voisinage. (Le chevalier de Jaucourt.) | [
"Q3593327",
"Q3323082"
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USTIUGA ou OUSTIOUG | v17-1051-0 | USTIUGA ou OUSTIOUG, (Géogr. mod.) province de l’empire Russien, dans la partie septentrionale de la Moscovie ; elle est coupée du midi au nord par la Dwina, & a pour capitale la ville qui lui donne son nom. Voyez Oustiouc. (D. J.) | [
"Q4478709"
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Ustiuga | v17-1051-1 | Ustiuga, (Géog. mod.) ville de l’empire Russien, capitale de la province de même nom, sur le bord de la Dwine, entre Archangel & Wologda. On nomme plus communément cette ville & sa province Oustioug. Voyez Oustioug. (D. J.) | [
"Q111048"
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UTILA | v17-1067-0 | UTILA, (Géog. mod.) île de l’Amérique, dans la nouvelle Espagne, & dans le golphe de Honduras. Son circuit est de trois milles. (D. J.) | [
"Q1572113"
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UTINA | v17-1070-0 | UTINA, (Géog. anc.) nom que les Latins donnent à une ville de Frioul, connue vulgairementsous celui d’Udine, & qui est aussi appellée en latin Udinum, & en allemand Weyden, selon Lazius.
Son origine est fort obscure ; on sait seulement que ce n’est pas une ville nouvelle, & qu’elle ne paroît pas avoir été bâtie depuis le tems des Romains. Cluvier, Ital. ant. liv. I. c. xx. veut que les Nedinates de Pline soient les anciens habitans de cette ville. (D. J.) | [
"Q2790"
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UTIQUE | v17-1072-0 | UTIQUE, (Géogr. anc.) ville de l’Afrique propre. Elle est nommée Ἰτύκη, Ityca, par les Grecs, quoique pourtant Dion Cassius, l. XLI. écrive Οὐτικὴ, Utica, à la maniere des Latins. Selon Pomponius Méla, Velléius Paterculus, Justin & Etienne le géographe, c’étoit une colonie des Tyriens. Elle fut bâtie 184 ans après la prise de Troie. C’est aujourd’hui Biserte, dans le royaume de Tunis, avec un grand port dans un petit golfe sur la côte de Barbarie, à l’opposite de l’île de Sardaigne. Les Romains en firent un entrepôt pour y établir un commerce réglé avec les Africains. Par sa grandeur & par sa dignité, dit Strabon, l. XVII. elle ne cédoit qu’à Carthage ; & après la ruine de celle-ci, elle devint la capitale de la province. Il ajoute qu’elle étoit située sur le même golfe que Carthage, près d’un des promontoires qui formoient ce golfe, dont celui qui étoit voisin d’Utique s’appelloit Apollonium, & l’autre Hermea.
Ses habitans sont appellés Ἰτυκαῖοι, par Polybe, l. I. c. lxxiij. Οὐτικήσιοι par Dion Cassius, l. XLIX. p. 401. & Uticenses par César, Bel. civ. l. II. c. xxxvj. Auguste leur donna le droit de citoyens romains : Uticenses cives romanos fecit, dit Dion Cassius, ce qui fait qu’on lit dans Pline, l. V. c. iv. Utica civium Romanorum.
On voit deux médailles de Tibere frappées dans cette ville. Sur l’une on lit : Mun. Ju ii. Uticen. D. D. P. c’est-à-dire, selon l’explication du p. Hardouin, Municipii Julii Uticensis Decuriones posuere. L’autre médaille porte : Immunis Uticen. D. D. ce que le même pere explique de la sorte : Immunis Uticensis (civitas) Decurionum Decreto. Dans la table de Peutinger, cette ville est appellée Utica colonia.
Elle est à jamais célebre par la mort de Caton, à qui l’on donna par cette raison le nom d’Utique. C’est dans ce lieu barbare que la liberté se retira, quittant Rome humiliée, & fuyant César coupable. Caton, pour la suivre à-travers les déserts de Numidie, dédaigna les belles plaines de la Campanie, & tous les délices que verse l’Ausonie. Il fallut bien, après sa mort, que cette fiere liberté pliât un genou servile devant ses tyrans, & qu’elle se soumît à accepter les graces humiliantes qu’ils voulurent lui accorder. Brutus ouvrit, pour ainsi dire, l’âge de la liberté romaine en chassant les rois, & Caton le ferma 473 ans après, en se donnant la mort, nobile lethum, pour ne pas survivre à cette même liberté qu’il voyoit sur le point d’expirer.
Ce grand homme mourut en tenant d’une main le livre de Platon de l’immortalité de l’ame, & de l’autre s’appuyant sur son épée : me voilà, dit-il, doublement armé !
The soul secur’d in her existence smiles
At the drawn dagger, and defies its point.
Let guilt or fear
Disturb man’s rest, Cato knows neither of’ em,
Indifferent in his choice to sleep, or die.
Il falloit bien alors que Caton eût un rang distingué dans les champs Elisées ; aussi Virgile nous assure que c’est là qu’il regne & qu’il donne des lois.
His dantem jura Catonem.
Tous les autres auteurs ont, à-l’envi, jetté des fleurs sur le tombeau ; mais voici l’éloge magnifique que fait de ce romain Velléius Paterculus lui-même, qui écrivoit sous le regne d’Auguste.
« Caton, dit cet historien, étoit le portrait de la vertu même, & d’un caractere plus approchant du dieu que de l’homme. En faisant le bien, il n’eut jamais en vue la gloire de le faire. Il le faisoit, parce qu’il étoit incapable d’agir autrement. Il ne trouva jamais rien de raisonnable qui ne fût juste. Exempt de tous les défauts attachés à notre condition, il fut toujours au-dessus de la fortune ».
Ses ennemis jaloux ne purent jamais lui reprocher d’autre foiblesse, que celle de se laisser quelquefois surprendre par le vin en soupant chez ses amis. Un jour que cet accident lui étoit arrivé, il rencontra dans les rues de Rome ces gens que différens devoirs réveillent de bon matin, & qui furent curieux de le connoître. On eût dit, rapporte Cesar, que c’étoit Caton qui venoit de les prendre sur le fait, & non pas ceux qui venoient d’y prendre Caton. Quelle plus haute idée peut-on donner de l’autorité que ce grand personnage avoit acquise, que de le représenter si respectable tout enseveli qu’il étoit dans le vin ? Nous ne sommes pas arrivés, écrit Pline à un de ses amis, à ce degré de réputation, ou la médisance dans la bouche même de nos ennemis soit notre éloge.
Caton, dans les commencemens, n’aimoit pas à tenir table long-temps ; mais dans la suite, il se le permit davantage, pour se distraire des grandes affaires qui l’empêchoient souvent pendant des semaines entieres de converser à souper avec ses amis, ensorte qu’insensiblement il s’y livroit assez volontiers. C’est là-dessus qu’un certain Memmius s’étant avisé de dire dans une compagnie que Caton ivrognoit toute la nuit, Cicéron lui répliqua plaisamment : « Mais tu ne dis pas qu’il joue aux dés tout le jour ».
Aussi jamais les débauches rares de Caton ne purent faire aucun tort à sa gloire. L’histoire nous apprend qu’un avocat plaidant devant un préteur de Rome, ne produisoit qu’un seul témoin dans un cas où la loi en exigeoit deux ; & comme cet avocat insistoit sur l’intégrité de son témoin, le préteur lui répondit avec vivacité : « Que là où la loi exigeoit deux témoins, il ne se borneroit pas à un seul, quand ce seroit Caton lui-même ». Ce propos montre bien quelle étoit la réputation de ce grand homme au milieu de ses contemporains. Il l’avoit déja acquise cette réputation parmi ses camarades dès l’âge de 15 ans. A la célébration des jeux troiens, ils allerent trouver Sylla, lui demanderent Caton pour capitaine, & qu’autrement ils ne courroient point sans lui.
Quoique, par la loi de Pompée, on pût recuser cinq de ses juges, c’étoit un opprobre d’oser recuser Caton. En un mot, sa passion pour la justice & la vertu étoit si respectée, qu’elle fit pendant sa vie & après sa mort, le proverbe du peuple, du sénat & de l’armée.
All what Plato thought, godlike Cato was.
Sa vie dans Plutarque éleve notre ame, la fortifie, nous remplit d’admiration pour ce grand personnage, qui puisa dans l’école d’Antipater les principes du Stoïcisme. Il endurcit son corps à la fatigue, & forma sa conduite sur le modele du sage.
Il cultiva l’éloquence nécessaire dans une république à un homme d’état ; & quoique l’éloquence suive d’ordinaire les mœurs & le tempérament, la sienne, pleine de force & de briéveté, étoit entremêlée de fleurs & de graces. Cependant le ton de sa politique étoit l’austérité & la sévérité ; mais sa vertu se trouvant beaucoup disproportionnée à son siecle corrompu, éprouva toutes les contradictions qu’un tems dépravé peut produire, & je crois qu’une vertu moins roide auroit mieux réussi.
Après avoir été déposé de sa charge de tribun, & vu un Vatinius emporter sur lui la préture, il essuya le triste refus du consulat qu’il sollicitoit. Il est vrai que, par la magnanimité avec laquelle il soutint cette disgrace, il fit voir que la vertu est indépendante des suffrages des hommes, & que rien n’en peut ternir l’éclat.
Dans la commission qu’il eut, malgré lui, d’aller chasser de l’île de Cypre le roi Ptolémée, son éloquence seule ramena les bannis dans Bysance, & rétablit la concorde dans cette ville divisée. Ensuite, dans la vente des richesses immenses qui furent trouvées dans cette île, il donna l’exemple du désintéressement le plus parfait, ne souffrant pas que la faveur enrichît aucun de ses amis aux dépens de la justice. A son retour, le sénat lui décerna de grands honneurs ; mais il les refusa, & demanda pour seule grace la liberté de l’intendant du roi Ptolémée, qui l’avoit servi très-utilement.
Il brilla dans toutes ses actions d’homme d’état. Il brigua le tribunat uniquement pour s’opposer à Metellus, homme dangereux au bien public, & en même tems il empêcha le sénat de déposer le même Metellus, jugeant que cette déposition ne manqueroit pas de porter Pompée aux dernieres extrémités ; mais il refusa l’alliance de Pompée, par la raison qu’un bon citoyen ne doit jamais recevoir dans sa famille un ambitieux, qui ne recherche son alliance que pour abuser de l’autorité contre sa patrie.
Il rendit dans sa questure trois services importans à l’état ; l’un de rompre le cours des malversations ruineuses ; le second, de faire rendre gorge aux satellites de Sylla, & de les faire punir de mort comme assassins ; le troisieme, aussi considérable que les deux premiers, fut d’empêcher les gratifications peu méritées. Il n’y a pas de plus grand desordre dans un état, dit Plutarque à ce sujet, que de rendre les finances la proie de la faveur, au-lieu d’en faire la récompense des services. Il arrive de-là deux choses également pernicieuses ; l’état s’épuise en donnant sans recevoir, & le mérite négligé se rebute, dépérit, & s’éteint enfin faute de nourriture.
Caton étendit ses soins jusque sur la fortune des particuliers, en modérant les dépenses exorbitantes introduites par le luxe d’émulation dans les jeux que les édiles donnoient au peuple. Il y rétablit la simplicité des Grecs, convaincu qu’il étoit nuisible de faire d’un divertissement public, la ruine entiere des familles.
Lorsqu’il n’étoit encore que tribun des soldats, il profita d’un congé, non pour vaquer à ses affaires, suivant la coutume, mais pour se rendre en Asie, & en emmener avec lui à Rome le célebre philosophe Athénodore, qui avoit résisté aux propositions les plus avantageuses que des généraux & des rois même lui avoient faites, pour l’attirer auprès d’eux. Caton, plus heureux, enrichit sa patrie d’un homme sage dont elle avoit besoin, & il eut tant de joie de ce succès, qu’il le regarda comme un exploit plus utile que ceux de Lucullus & de Pompée.
Les intérêts de Rome acquéroient de la force entre ses mains. C’est ainsi qu’il soutint avec éclat la majesté de la république dans l’audience que Juba lui donna en Afrique. Ce prince avoit fait placer son siege entre Caton & Scipion : Caton prit lui-même son fauteuil, & le plaça à côté de celui de Scipion qu’il mit au milieu, déférant tout l’honneur au proconsul, quoique son ennemi. C’est une action pleine de grandeur ; car on ignoroit alors nos petits arts de politesse.
Le désintéressement est une qualité essentielle dans un citoyen, & sur-tout dans un homme d’état. De ce côté-là Caton est un homme admirable. Il vendit une succession de cent cinquante mille écus, pour en prêter l’argent à ses amis sans intérêt ; il renvoya une grosse somme de Menillus, les riches présens du roi Dejotarus, & les sept cens talens (sept cens cinquante mille écus) dont Harpalus l’avoit gratifié.
L’humanité est le fondement de toutes les autres vertus. Caton, sévere dans les assemblées du peuple & dans le sénat, lorsqu’il s’agissoit du bien public, s’est montré dans toutes les autres occasions l’homme du monde le plus humain. C’est par un effet de cette humanité qu’il abandonna la Sicile, pour ne pas l’exposer à son entiere ruine en la rendant le théatre de la guerre ; il fit ordonner par Pompée qu’on ne saccageroit aucune ville de l’obéissance des Romains, & qu’on ne tueroit aucun romain hors de la bataille. Scipion, pour faire plaisir au roi Juba, vouloit raser la ville d’Utique, & exterminer les habitans, Caton s’opposa vivement à cette cruauté, & l’empêcha.
Pendant son séjour à Utique, Marcus Octavius vint à son secours avec deux légions, & s’étant campé assez près de la ville, il envoya d’abord à Caton un officier pour regler avec lui le commandement qu’ils devoient avoir l’un & l’autre. Caton ne répondit presque autre chose à cet officier, sinon qu’il n’auroit sur cet article aucune dispute avec son maître ; mais se tournant vers ses amis : « Nous étonnons-nous, leur dit-il, que nos affaires aillent si mal, lorsque nous voyons cette malheureuse ambition de commander regner parmi nous jusque dans les bras de la mort » ?
La veille qu’il trancha le fil de ses jours, il soupa avec ses amis particuliers & les principaux d’Utique. Après le souper, l’on proposa des questions de la plus profonde philosophie, & il soutint fortement que l’homme de bien est le seul libre, & que tous les méchans sont esclaves. Ensuite il congédia la compagnie, donna ses ordres aux capitaines des corps de garde, embrassa son fils & tous ses amis avec mille caresses, se retira dans sa chambre, lut son dialogue de Platon, & dormit ensuite d’un profond sommeil.
Il se réveilla vers le minuit, & envoya un de ses domestiques au port, pour savoir si tout le monde s’étoit embarqué. Peu de tems après, il reçut la nouvelle que tout le monde avoit fait voile, mais que la mer étoit agitée d’une violente tempête. A ce rapport, Caton se prit à soupirer, dit à Butas de se retirer, & de fermer la porte après lui. Butas ne fut pas plutôt sorti, que ce grand homme tira son épée & se tua.
Cette nouvelle s’étant répandue, tout le peuple d’Utique arrive à sa maison en pleurant leur bienfaiteur & leur pere ; c’étoient les noms qu’ils lui donnoient dans le tems même qu’ils avoient des nouvelles que César étoit à leurs portes. Ils firent à Caton les funérailles les plus honorables que la triste conjoncture leur permit, & l’enterrerent sur le rivage de la mer, où, du tems de Plutarque, l’on voyoit encore sur son tombeau sa statue qui tenoit une épée.
Si le grand Caton s’étoit réservé pour la république lorsqu’il en désespéra, il l’auroit relevée sans doute après la mort de César, non pour en avoir lagloire, mais pour elle-même & pour le seul bien de l’état. (Le chevalier de Jaucourt.) | [
"Q166523",
"Q193506"
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UTRECHT | v17-1073-0 | UTRECHT, (Géog. mod.) ville des Pays-bas, capitale de la province de même nom, sur l’ancien canal du Rhin, au centre, entre Nimegue, Arnheim, Leyde, & Amsterdam. Elle est à environ huit lieues de distance de chacune de ces villes, & à douze lieues nord-ouest de Bois-le-duc.
On croit qu’elle a été bâtie par les Romains, qui la nommerent Trajectum, parce qu’on y passoit le Rhin. De l’ancien nom Trajectum, on a fait Trecht, & on la nommoit encore ainsi sur la fin du treizieme siecle, comme on le voit par l’historien Froissart. Pour distinguer néanmoins cette ville de celle de Maestricht, nommée Trajectum superius, on appella l’autre Trajectum Rheni, Trajectum inferius, & ulterius Trajectum ; comme on le voit par la chronique de Saint-Tron. Enfin de ulterius Trajectum, on a fait Ultrajectum, d’où est venu le mot Utrecht. Longitude, suivant Harris, 22. 26. 15. latit. 52. 50.
Après la ruine de l’empire romain, cette place qui n’étoit alors qu’un château (castellum), fut tantôt occupée par les Francs, & tantôt par les Frisons. Sur la fin du septieme siecle, Pepin, maire du palais, s’empara d’Utrecht, & y établit pour évêque S. Willibrod. Au commencement du neuvieme siecle, cet évêché fut mis sous la métropole de Cologne, & a subsisté de cette maniere jusqu’au seizieme siecle.
La ville d’Utrecht avoit d’abord été bâtie sur le bord septentrional du Rhin, du côté de la Frise ; mais le nombre des habitans s’étant augmenté, on bâtit la nouvelle ville sur le bord meridional du Rhin, dans l’ile & le territoire des Bataves. La puissance de ses évêques s’accrut aussi par la libéralité des empereurs. En 1559, le pape Paul IV. érigea cet évêché en métropole, & lui donna pour suffragant les nouveaux évêchés de Harlem en Hollande, de Middelbourg en Zélande, de Leuwarde en Frise, de Déventer dans l’Over-Issel, & de Groningue dans la province de même nom. Le premier archevêque fut Frédéric Skenk de Tautenberg, président de la chambre impériale de Spire en 1561. Après sa mort, arrivée en 1580, les états généraux appliquerent à divers usages les revenu, de cet archevêché qui se trouvoient dans l’étendue de la généralité.
La ville d’Utrecht s’est extrémement agrandie, embellie, & peuplée, depuis la réformation, ensorte qu’on peut la mettre actuellement au rang des belles villes de l’Europe ; elle est de figure ovale, & peut avoir cinq milles de circuit ; elle a quatre gros faux-bourgs, & quatre paroisses ; mais elle n’est pas forte, quoique munie de quelques bastions & demi-lunes pour sa défense ; ses environs sont charmans, & le long du canal qui mene de cette ville à Amsterdam, on ne voit qu’une suite de belles maisons de plaisance, & de jardins admirablement entretenus.
La magistrature de cette ville est composée d’un grand bailli, de deux bourgmestres, de douze échevins, d’un trésorier, d’un intendant des édifices, d’un président, de trois commissaires des finances, & d’un sénateur ; cette magistrature est renouvellée tous les ans le 12 d’Octobre, & tient ses assemblées à la maison de ville, qui est un bel hôtel.
Utrecht est remarquable par le traité d’union des Provinces Unies, qui s’y fit en 1579 ; par le congrès qui s’y tint en 1712, & dans lequel la paix de l’Europe fut conclue, le 11 d’Avril 1713, le 13 de Juillet suivant, & le 16 de Juin 1714 ; enfin par son université, l’une des plus célebres de l’Europe. Les états de la province l’érigerent le 16 de Mars 1636 ; & elle a produit un grand nombre d’hommes illustres dans les sciences.
Hadrien VI. nommé auparavant Hadrien Florent, naquit à Utrecht l’an 1459, ou d’un tisserand, ou d’un brasseur de biere, ou d’un faiseur de barques, qui s’appelloit Florent Boyens. Ce pere destina son fils aux études, quoiqu’il n’eût pas le moyen de l’entretenir dans les écoles ; mais l’université de Louvain suppléa à cette indigence domestique ; elle donna gratis à Florent le bonnet de docteur en théologie, l’an 1491, & dans la suite il devint vice-chancelier de l’université.
En 1507, on le tira de cette vie collégiale pour le faire précepteur de l’archiduc Charles, alors âgé de sept ans ; cette place lui valut des recompenses magnifiques, car il fut envoyé ambassadeur en Espagne auprès du roi Ferdinand ; & selon quelques historiens, il ménagea les choses avec plus d’adresse que l’on n’en devoit attendre d’un homme qui avoit humé si long-tems l’air de l’université. Après la mort de Ferdinand il eut une petite part à la régence avec le cardinal Ximenes ; & dans la suite son autorité devint plus grande que celle de ce fameux ministre. L’archiduc Charles partant pour l’Allemagne, lui donna le gouvernement de ses royaumes d’Espagne, en lui associant pour collegues le connétable & l’amirante d’Espagne. Léon X. le nomma cardinal en 1517, & Charles-quint eut le crédit de l’élever à la papauté l’an 1622, après la mort de Léon X.
Le sacré college lui-même en fut surpris, & le peuple de Rome ne goûta point l’élection d’un barbare, qui témoignoit en toutes choses un éloignement du faste & des voluptés contre lequel la prescription étoit déja surannée. Les Italiens disoient publiquement que ce n’étoit qu’un tartufe incapable de gouverner l’Eglise. Il n’est pas jusqu’à sa sobriété dont on n’ait fait des railleries. La cour de Rome passa sous son pontificat d’une extrémité à l’autre. On sait qu’il n’y eut jamais de pape dont la table fut aussi délicate que celle de Léon X. On s’insinuoit dans ses bonnes graces par l’invention des ragoûts, & il y eut quatre grands maîtres en bon morceaux qui devinrent ses mignons ; ils inventerent une sorte de saucisse qui jetta dans l’étonnement Hadrien VI. lorsqu’il examina la dépense de son prédécesseur en ce genre. Il se garda bien de l’imiter, & prit tellement le contrepié, qu’il ne dépensoit que douze écus par jour pour sa table. On ne se mocqua pas moins de la préférence qu’il donnoit à la biere sur le vin, que de celle qu’il donnoit à la merluche sur tous les autres poissons.
Une autre chose le décria chez les Italiens, c’est qu’il n’estimoit ni la poésie, ni la beauté du style ; deux talens dont on se piquoit le plus dans ce pays-là depuis cinquante ans. La fable dont les poëtes embellissoient leurs ouvrages, ne contribua pas peu à la froideur que ce pape leur témoigna, car il n’entendoit point raillerie là-dessus. Il détourna les yeux lorsqu’on lui montra la statue de Laocoon, & dit que c’étoit un simulacre de l’idolatrie du paganisme. Jugez si les amateurs des beaux arts, si les Italiens qui admiroient ce chef-d’œuvre de sculpture, pouvoient concevoir de l’estime pour un tel homme. Les poëtes lui prouverent qu’on n’avoit pas dit sans raison, genus irritabile vatûm. Voici une épigramme dont Sannazar le régala.
Classe, virisque potens, domitoque oriente superbus
Barbarus in latias dux quatit arma domos,
In vaticano noster latet ; hune tamen alto,
Christe, vides cælo (proh dolor !) & pateris.
Tous les savans de son tems se promettoient de l’avancement à son avènement au pontificat, à cause qu’il devoit aux lettres son exaltation, & ce qu’il avoit de bonne fortune ; mais ils demeurerent confondus en voyant qu’il étoit plein de mauvaise volonté contre ceux qui se plaisoient à la belle littérature, les appellant Terentianos, & les traitant de telle sor-te qu’on croit qu’il eût rendu les lettres tout-à-fait barbares, s’il ne fût mort dans la deuxieme année de sa suprème dignité. Valérianus dit gentiment, qu’il usoit de ce mauvais traitement contre les plus beaux esprits de son siecle, avec le même goût dont il préféroit la merluche de ses Pays-bas, aux meilleurs poissons qui se mangeassent en Italie.
Autre sujet de haine, c’est qu’il ne dissimula point les abus introduits dans l’Eglise, & qu’il les reconnut publiquement dans son instruction au nonce qui devoit parler de sa part à la diete de Nuremberg. Il y déplora la mauvaise vie du clergé, & la corruption des mœurs qui avoit paru dans la personne de quelques papes. Quand il canonisa Antonin & Bennon, non-seulement il retrancha les dépenses ordinaires dans ces sortes de cérémonies, mais il les défendit comme contraires à la sainteté de l’Eglise. Ses successeurs n’ont pas été de son sentiment, ils ont toléré dans les canonisations la pompe mondaine jusqu’à des excès qui ont choqué le menu peuple.
L’histoire nous apprend, pour en citer un exemple, que tout le monde fut scandalisé dans Paris, l’an 1622, de la magnificence avec laquelle les carmes déchaussés y célébrerent la canonisation de sainte Thérese. Voyez le petit livre qui parut alors, & qui est intitulé le caquet de l’accouchée. « Pour moi, (dit dans ce livre la femme d’un avocat du grand conseil) j’eusse été d’avis de mettre toutes ces superfluités à la décoration de l’église de ces moines ; à tout le moins cela leur fût demeuré, & les eût-on estimé davantage ; sans faire évaporer tant de richesses en fumée, cela eût allumé le feu de dévotion dans le cœur de ceux qui les eussent visités ».
On peut dire qu’à tous égards, Hadrien eut très peu de satisfaction de la couronne papale ; elle étoit pour lui très-pesante, & il connoissoit trop mal le génie des Italiens, pour ne leur pas déplaire en mille choses. Les nouvelles qu’il apprenoit tous les jours des progrès des Ottomans, & son peu d’expérience dans les affaires, le chagrinerent au point de s’écrier qu’il avoit eu plus de plaisir à gouverner le college de Louvain, que toute l’égsise chrétienne. L’ambassadeur de Ferdinand lui ayant demandé audience, commença ainsi sa harangue : Fabius maximus, sanctissime pater, rem romanam cunctando restituit, tu verò pariter cunctando, rem romanam, simulque europam perdere contendis. Ce début déconcerta le pontife, & les cardinaux qui ne l’aimoient pas penserent éclater de rire. Il mourut le 14 de Septembre 1523. Sa vie a été amplement décrite par Moringus, théologien de Louvain.
Hadrien a mis au jour, avant son exaltation, quelques ouvrages, entr’autres un commentaire sur le maitre des sentences. Il soutenoit dans ce commentaire que le pape peut errer même dans les choses qui appartiennent à la foi, & l’on prétend qu’il ne changea point d’opinion quand il fut assis sur la chaire de S. Pierre (comme fit Pie II.) car il laissa subsister cet endroit de son livre, dans l’édition qui s’en fit à Rome durant son pontificat.
Henri V. est mort à Utrecht en 1125, à 44 ans, sans laisser de postérité. Voici le précis de sa vie par M. de Voltaire. Après avoir détrôné & exhumé son pere, en tenant une bulle du pape à la main, il soutint dès qu’il fut empereur, les mêmes droits de Henri IV. contre l’Eglise. Réuni d’intérêt avec les princes de l’empire, il marche à Rome à la tête d’une armée, fait prisonnier le pape Paschal II. & l’oblige de lui rendre les investitures, avec serment sur l’évangile de les lui maintenir. Paschal étant libre, fait annuller son serment par les cardinaux ; nouvelle maniere de manquer à sa parole. Henri se propose d’en tirer vengeance ; il est excommunié ; les Saxons se soulevent contre lui, & taillent ses troupes en pieces près de la forêt de Guelphe. Enfin craignant de périr aussi misérable que son pere, & le méritant bien davantage, il s’accommode en 1523, avec le pape Calixte II. & lui cede ses prétentions. Cet accommodement consistoit en ce que l’empereur consentit à ne plus donner l’investiture que par le sceptre, c’est-à-dire par la puissance royale, au-lieu qu’auparavant il la donnoit par la crosse & par l’anneau.
Ayant terminé à son préjudice cette longue querelle avec les pontifes de Rome, il entre en Champagne, pour se venger d’un affront qu’il prétendoit y avoir reçu dans un concile tenu à Rheims, où il avoit été excommunié à l’occasion des investitures. Le roi rassemble tous ses vassaux : tout marcha, jusqu’aux ecclésiastiques ; & Suger, abbé de saint-Denis, s’y trouva avec les sujets-de cette abbaye ; l’armée étoit de plus de deux cens mille hommes ; l’empereur n’ose pas se commettre contre de si grandes forces ; il se retire à la hâte, & se rend à Utrecht, où il finit ses jours, détesté de tout le monde, accablé des remords de sa conscience, & rongé d’un ulcère gangréneux qu’il avoit au bras droit.
Je me hâte de passer aux savans nés à Utrecht ; mais je dois me borner à faire un choix entre eux, dont M. Gaspard Burman a donné la vie dans son ouvrage intitulé : Trajectum eruditum, Traj. ad Rhenum, 1738. prem. édit. & 1750. in-4°. Cet ouvrage est plein de recherches, & personne n’ignore combien messieurs Burman, tous nés à Utrecht, brillent dans la littérature.
Heurnius (Jean & Otto), pere & fils, étoient deux savans médecins du seizieme siecle. Jean naquit à Utrecht en 1543, & mourut de la pierre en 1601, âgé de cinquante-huit ans. Il étudia à Louvain, à Paris, à Padoue, à Pavie, & revint dans sa patrie après une absence de douze années. Lorsque l’université de Leyde eut été fondée en 1581, Heurnius y fut appelle pour remplir une chaire de médecine ; & c’est dans ce poste qu’il a passé les vingt dernieres années de sa vie, avec beaucoup de réputation.
Un historien hollandois rapporte une anecdote curieuse sur son esprit dans la pratique de la médecine. Il s’agissoit de la princesse Emilie, qui épousa dom Emanuel de Portugal, fils du roi Antoine de Portugal, dépossedé par Philippe II. roi d’Espagne. Ce prince Emanuel, qui étoit catholique, gagna l’esprit d’Emilie de Nassau, par ses cajolleries & par sa gentillesse ; elle le prit pour mari, tout pauvre qu’il étoit, & de religion contraire ; & quoique le prince Maurice son frere s’opposât fortement à ce mariage, qu’il ne croyoit pas avantageux ni à l’un ni à l’autre.
Après l’avoir fait, la princesse tomba malade, refusant de prendre aucune nourriture, de-sorte qu’on craignit qu’elle ne se laissât mourir de faim. Les états généraux appellerent Heurnius, pour veiller à la vie de la princesse. Il ne gagna d’abord rien sur son esprit ; mais comme il étoit doux, honnête & ingénieux, il tint à la princesse le discours suivant.
Je suis désesperé, madame, de votre état & du mien ; V. G. qui est pleine de bonté, pourroit me rendre un service, & s’en rendre à elle-même. En quoi ? lui dit-elle. Ce seroit, reprit-il, en suivant mes avis ; je souhaiterois que V. G. voulût prendre quelque chose pour se fortifier, & qu’elle se mît l’esprit en repos, pour rétablir sa santé. Hé quel avantage vous en reviendroit-il, repliqua la princesse ? Très-grand, madame, répondit l’adroit médecin ; c’est une opinion générale que l’amour est une espece de phrénesie incurable ; de-sorte que si V. G. goûtoit mon conseil, votre cure me mettroit en réputation ; bientôt tous les amoureux auroient recours àmoi, & je guérirois la plûpart de ceux qui suivroient mes ordonnances. Je crois bien, mon bon docteur, que vous pourriez réussir sur plusieurs gens, lui répliqua la princesse ; mais personne ne peut guérir mon mal que le prince de Portugal, mon légitime époux, qu’on tient éloigné de moi contre tout droit, & par la plus grande tyrannie du monde, puisque je suis une personne libre, d’un âge mûr, & qui ne dépends de personne. J’ai choisi un époux qui ne déshonore point ma famille ; s’il a le malheur d’être privé de ce qui lui appartient, j’en suis contente, & je saurai me borner, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu d’en disposer autrement ; cependant voulant vous faire plaisir, je prendrai de la nourriture en attendant l’arrivée de mon frere, pour voir s’il en agira envers moi en frere, ou en tyran.
Il ne s’agit point ici de parler des suites de ce mariage d’amour, mais seulement des conseils d’Heurnius, qui réussirent effectivement à rétablir la princesse. Elle se retira à Genève l’an 1623, avec six filles qu’elle avoit, & l’année suivante elle y mourut de mélancholie. Voilà tout ce qu’en rapportent les auteurs ordinaires ; mais il faut lire l’historien hollandois, dont j’ai parlé, & qui est inconnu à ceux qui n’entendent pas la langue du pays. Cet historien est P. Bor, Ver volg van de Nederlantsche Oorlogen, l. XXXIV. fol. 22. & suiv.
Les œuvres médicinales de Jean Heurnius ont paru à Leyde en 1609, en deux volumes in-4°. à Amsterdam, en 1650, in-fol. & à Geneve, en 1657, in-fol. Il y a dans ce recueil une dissertation qui fait honneur à l’auteur ; elle regarde l’épreuve de l’eau pour ceux qui sont accusés de sortilége, & la décision de ce médecin fit abolir cette épreuve par la cour de Hollande.
Heurnius (Otto), fils de Jean, naquit à Utrecht en 1577. Il pratiqua la médecine avec honneur, & prit pour devise cito, tuto, jucunde, morbi curandi ; on doit guérir promptement, sûrement, & agréablement ; mais le tuto seul est une assez belle besogne. Heurnius le fils a mis au jour une histoire de la philosophie barbare, de barbaricâ philosoph â, libri duo. Leydæ 1600, in-12 ; cet ouvrage n’a pas eu l’approbation des connoisseurs ; il est rempli de choses communes ou étrangeres au sujet.
Leusden (Jean) naquit à Utrecht l’an 1624, & mourut en 1699, âgé de 75 ans. Il s’attacha particulierement à l’étude des langues orientales, & mit au jour un grand nombre d’ouvrages. Ses éditions de la Bible en hébreu, & du nouveau Testament en grec, sont estimées. Il a eu soin de l’édition du synopsis criticorum de Polus, faite à Utrecht ; il a partagé avec Villemandius la peine de l’édition des œuvres de Lightfoot ; sans parler du nouveau Testament syriaque imprimé à Leyde en 1708, en deux tomes in-4°. auquel il a travaillé conjointement avec Schaaf.
De Roy (Henri), en latin Regius, médecin & philosophe cartésien, naquit à Utrecht en 1598, & mourut en 1679. Il enseigna la nouvelle philosophie de Descartes, mais d’une maniere qui lui attira la haine des théologiens, & des partisans d’Aristote. Les curateurs de l’université furent obligés de se mêler de cette querelle, & eurent bien de la peine à l’appaiser. Regius eut encore des disputes avec Primerose & Silvius sur la circulation du sang qu’il admettoit ; cette question médicinale fut traitée de part & d’autre par des discours injurieux & outrageans ; aujourd’hui l’on rit des disputes élevées sur un fait aussi démontré.
Schoockius (Martin), littérateur, naquit à Utrecht en 1614, & mourut à Francfort-sur-l’Oder l’an 1665, âgé de 51 ans. Il a publié quantité de dissertations sur des sujets assez curieux ; par exemple, de naturâ soni ; de ovo & pullo ; de hellenistis ; de harengis ; de scepticismo ; de inundationibus ; de turfis, seù de cespitibus bituminosis ; de butyro ; de ciconiis ; de extasi ; de cerevisiâ ; de sternutatione ; de lino ; de tulippis, &c. Voyez le pere Niceron, mém. des homm. illustres, tom. XII. p. 364. 388.
Mais les Tollius freres (Corneille, Jacques & Alexandre), se sont acquis dans la littérature une réputation fort supérieure à celle de Schoockius.
Tollius (Corneille), mort en 1662, a donné quelques ouvrages, & entr’autres, I. palæphat. de incredibilibus cùm notis, Amsterdam, 1649, in-12. II. Joannis Cinnami de rebus gestis imperat. Constantinop. comnenorum histor. l. IV. Utrecht, 1652, in-4°. Tollius a été le premier qui ait publié cet auteur avec une version latine ; mais du Fresne en a donné une magnifique édition à Paris, 1670, in fol. de l’imprimerie royale.
Tollius (Jacques) mena une vie fort errante, tantôt en Hollande, tantôt en Allemagne, tantôt en Italie ; enfin il mourut très-pauvre dans sa patrie en 1696 ; voici ses ouvrages. I. Une édition d’Ausone, Gondæ, 1668 ; II. Fortuita, Amsterdam, 1687, in-8°. L’auteur se propose de faire voir dans ce livre, que presque toute la mythologie de l’antiquité, ne contient que des mysteres de la chimie ; rien n’est comparable à cette folie, & à son entêtement pour la pierre philosophale. III. En 1694, il publia à Utrecht son Longin. in-4°. Cette édition est très-belle & très bonne. Tollius s’est servi d’un exemplaire collationné sur un ms. de la bibliotheque du roi à Paris, & des leçons des trois mss. de la bibliotheque du Vatican. La version latine est entierement de lui. En 1710, M. Hudson donna à Oxford une nouvelle édition de Longin, in-8°. dans laquelle il a conservé la version de Tollius corrigée en quelques endroits. L’année suivante Lchurtzfleisch publia une nouvelle édition de Longin, Wittebergæ, 1711, in-4°. & cette derniere mérite la préférence pour les choses sur celle d’Angleterre, mais l’impression en est détestable.
En 1696, Jacques Tollius donna un ouvrage de Bacchini, traduit de l’italien, de sistris, eoiumque figuris, cum notis, Utrecht, in-4°. inséré dans le trésor d’antiquités romaines de Grævius, tome VI. La même année notre savant publia : insignia itinerarii Italici, quibus continentur antiquitates sacræ, Utrecht, 1696. Ce volume contient cinq anciennes pieces importantes, tirées des bibliotheques de Vienne & de Léipzig. Quatre ans après sa mort, M. Henninius a donné au public la relation des voyages de Tollius sous ce titre : Jacobi Tollii epistolæ itinerariæ, Amsterdam, 1700, in-4°. Il y a bien des choses curieuses dans ces lettres, sur-tout dans la cinquieme, qui contient la relation du voyage de Hongrie.
Tollius (Alexandre), mort en 1675, est connu par son édition d’Appien : Appiani Alexandrini roman. histor. Amsterdam 1670, in-8°. deux volumes. Cette édition d’Appien est belle, & d’un caractere fort net.
Utenbogaert (Jean), célebre théologien parmi les remonstrans, naquit à Utrecht en 1557, & mourut à la Haye en 1644, dans la 88e année de son âge. C’étoit un homme très-savant, dont l’esprit, la conduite & les manieres gagnerent d’abord le cœur de Maurice ; mais ce prince finit par le maltraiter sans aucun sujet légitime, ainsi qu’il paroît en ce que Louise de Coligni, & Fréderic Henri son fils, eurent toujours une estime singuliere pour Utenbogaert, étant bien convaincus que le prince d’Orange lui avoit fait tort.
Utenbogaert écrivoit en sa langue avec beaucoup de sagesse & de précision ; c’est ce qui se prouve par son histoire des contreverses d’alors, par sa vie, & par plusieurs autres écrits hollandois qu’il publia. S’il n’avoit pas l’étendue & la pénétration de génie d’Episcopius, il le surpassoit peut-être en netteté & en simplicité de style. Mais ils eurent toute leur vie unetrès-grande déférence l’un pour l’autre, & il n’y eut jamais aucnne diminution dans leur amitié, parce que la vertu en serroit les nœuds.
Il nous reste diverses lettres françoises d’Utenbogaert à Louise de Coligni. Si on les compare avec des lettres écrites en ce même tems par nos françois, on les trouvera aussi-bien tournées, & peut-être mieux ; & pour les choses même, on verra qu’il n’y a rien que de sage, & qui ne convienne au caractere d’un homme de bien, prudent & retenu.
Il a publié un grand nombre d’ouvrages tous en hollandois : les deux principaux sont, son histoire ecclésiastique, depuis l’an 400, jusqu’en 1619, imprimée en 1646 & 1647, in-fol. & l’histoire de sa vie, qu’il acheva en sa 82e année, en 1638. Cet ouvrage a paru après sa mort, en 1645, in-4°. & a été réimprimé en 1646. L’article de ce savant théologien, si long-tems persécuté dans sa patrie, a été fait avec grand soin par M. de Chaufepié dans son dictionnaire historique, & c’est un article extrémement curieux.
Je finis cette courte liste par un homme de goût, écrivain poli, Van-Effen (Juste), né à Utrecht en 1684, & mort à Bois-le-Duc en 1735, étant alors inspecteur des magasins de l’état dans cette ville. Il cultiva de bonne heure la langue françoise, dans laquelle il a composé tous ses ouvrages, & qu’il écrit aussi-bien que peut le faire aucun étranger. Un esprit philosophique, des connoissances diversifiées, une assez grande vivacité d’imagination, & beaucoup de facilité, mirent M. Van-Effen en état de travailler avec distinction sur toutes sortes de matieres. Il a eu beaucoup de part au journal littéraire ; & comme il entendoit fort bien l’anglois, il a donné la traduction entiere du Mentor moderne. Son parallele d’Homere & de Chapelain, qui se trouve à la suite du chef d’œuvre de l’Inconnu, par M. de Saint-Hyacinthe, est un badinage heureux, & très-bon dans son genre ; mais le principal ouvrage de cet ingénieux écrivain, est son Misantrope, qu’il fit à l’imitation du spectateur anglois. Cet ouvrage est mêlé de prose & de vers, & l’on peut dire qu’en général, le jugement y domine partout. La meilleure édition est celle de la Haye, en 1726, en deux volumes in-8°. (Le Chevalier de Jaucourt.) | [
"Q803",
"Q57087",
"Q151707",
"Q1697683",
"Q556932",
"Q1694746",
"Q743918",
"Q444858",
"Q1133972",
"Q2180370",
"Q2653305",
"Q2542932",
"Q2574405"
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Utrecht, seigneurie d’ | v17-1073-1 | Utrecht, seigneurie d’, (Géog. mod.) province des Pays-bas, & l’une des sept qui composent la république des Provinces-Unies, entre lesquelles ellé a le cinquieme rang. Elle est bornée au nord par la Hollande & le Zuiderzée ; au midi par le Rhein, qui la sépare de l’île de Betau ; à l’orient par le Veluwe & la Gueldre ; à l’occident par la Hollande encore. Ce pays étoit autrefois si puissant, qu’il pouvoit mettre sur pié une armée de quarante mille hommes, & quoiqu’il fût continuellement attaqué par les Bataves, par les Frisons, & par les Gueldrois, qui l’environnent de tous côtés, il se défendit néanmoins vaillamment contre de si puissans ennemis.
On divise aujourd’hui la province d’Utrecht en quatre quartiers, qui sont le diocèse supérieur & inférieur, l’Emsland, & le Montfort-land. On y respire un air beaucoup plus sain qu’en Hollande, parce que le pays est beaucoup plus élevé, & moins marécageux.
Son gouvernement est semblable à celui de la province de Zélande. Il a néanmoins cela de particulier, que huit députés laïcs, représentant l’ordre du clergé, ont séance dans l’assemblée des états de la province avec les députés des nobles, & de villes d’Utrecht, d’Amerfort, de Wyck, de Rhenen, & de Mont-fort.
Ce sont les cinq anciens chapitres de la ville d’Utrecht, qui fournissent les députés représentans le clergé. Les deux autres ordres élisent leurs députés, & c’est pour cela qu’on les nomme élus.
En 1672 les François se rendirent maitres de toute la seigneurie d’Utrecht ; mais ils furent obligés l’année suivante, d’en abandonner la conquête. Les Etats-Généraux mécontens de la conduite de cette province, & de son aversion pour le prince d’Orange, l’exclurent du gouvernement de la république, de même que les provinces de Gueldres & d’Over-Issel ; cependant ces trois provinces furent réunies à la généralité le 29 de Janvier 1674, & cette réunion a subsisté jusqu’à ce jour. (D. J.) | [
"Q2679365"
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UTZNACH | v17-1076-0 | UTZNACH, (Géogr. mod.) petite ville de Suisse au canton de Zurich, à quelque distance du lac de Zurich. Elle a son chef qu’on nomme avoyer, & son conseil. (D. J.) | [
"Q67106"
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VUCH’ANG | v17-1081-0 | VUCH’ANG, (Géog. mod.) grand ville de la Chine, sur le fleuve Kiang, dans la province de Huquand, où elle a le rang de premiere métropole, & renferme dix villes dans son territoire. Elle est de 3. 16. plus occidentale que Pékin, sous le 31 d. O. de latitude septentrionale. (D. J. | [
"Q11746"
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VULCANI insula | v17-1091-0 | VULCANI insula, (Géog. anc.) île voisine de la Sicile, selon Ptolomée, l. III. c. iv. & Tite-Live, l. XXI. c. xlix. C’est l’île d’Hiera, située entre la Sicile & l’île de Lipara. Elle étoit consacrée à Vulcain ; Strabon l’appelle le temple de Vulcain ; & Virgile la maison & la terre de Vulcain. Il faut transcrire ici sa description, c’est un chef-d’œuvre de poésie, mais un chef-d’œuvre que notre langue ne peut imiter.
Insula sicanium juxtà latus Æoliamque
Erigitur Liparem, fumantibus ardua saxis ;
Quam subter pecus, & Cyclopum exesa caminis
Antra Ætnæa tonant, validique incudibus ictus
Auditi referunt gemitum, striduntque cavernis
Stricturæ chalybum ; & fornacibus ignis anhelat ;
Volcani domus, & volcania nomine tellus,
Huc tunc ignipotens coelo descendit ab alto.
:::Ænéid. l. VIII. v. 416.
« Entre la Sicile & l’île de Lipara, l’une des Eoliennes, s’éleve une île couverte de rochers, dont le sommet vomit d’affreux tourbillons de flammes & de fumée. Sous ces rochers tournans, émules du mont Etna, est un antre profond, miné par les fournaises des Cyclopes, qui sans cesse y font gémir l’enclume sous leurs pesans marteaux. Là un feu bruiant, animé par les soufflets, embrase le fer, qui retentit & étincelle sous les coups redoublés des forgerons. C’est dans cette île ardente, demeure de Vulcain, dont elle porte le nom, que le dieu du feu descendit du haut des cieux ». (D. J.) | [
"Q207323"
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VULCANO ou VOLCANO, l’île de | v17-1092-0 | VULCANO ou VOLCANO, l’île de, (Géog. mod.) île d’Italie, voisine, & un peu moins grande que celle de Lipari. On en tire beaucoup de soufre. Sur le haut de cette île du côté du nord, il y a une montagne dont le sommet est ouvert, & dont il sort presque continuellement du feu & de la fumée ; c’est de cette île que nous avons donné le nom de volcans à toutes les montagnes qui jettent du feu. (D. J.) | [
"Q207323"
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VULGIENTES | v17-1095-0 | VULGIENTES, (Géog. anc.) peuples de la Gaule narbonnoise : Pline, l. III. c. iv. leur donne pour ville Apta Julia, qui est aujourd’hui la ville d’Apt. Les Vulgientes faisoient partie des Tricorii. (D. J.) | [
"Q3563831"
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VULTUR | v17-1100-0 | VULTUR, (Géog. anc.) montagne d’Italie, dans la Pouille, au pays des Peucetii, qui est aujourd’hui la terre de Bari. Le nom moderne de cette haute montagne du royaume de Naples est Montechio ; il y a sur son sommet deux lacs assez profonds, & des eaux minérales. Un des coteaux de cette montagne s’avançoit vers la Lucanie, & c’est ce qu’explique le passage d’Horace, l. III. ode 4. où il feint un prodige qui lui arriva sur cette montagne.
Mefabulosæ Vulture in Appulo,
Altricis extrà limen Apuliæ,
Ludo fatigatumque somno
Fronde novâ puerum palumbes
Texere.
« Un jour étant sur le Vultur, montagne de la Pouille ma patrie, je me retirai, las de jouer, & accablé de sommeil, sur un des coteaux où commence la Lucanie. Là les pigeons de Vénus, si célebres dans nos poëtes, me couvrirent d’une verte ramée ».
Lucain fait aussi mention du Vultur dans ces beaux vers de sa Pharsale, l. IX. vers. 183.
Et revocare parans hibernas Appulus herbas,
Igne sovet terras, simul & Garganus, & arva
Vulturis, & calidi lucent buceta matini. | [
"Q509433"
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VULTURNUS | v17-1102-0 | VULTURNUS, (Géogr. anc.) fleuve d’Italie, dans la Campanie, aujourd’hui le Volturno. Il donnoit son nom à la ville de Volturnum, située à son embouchure, & qu’on nomme encore présentement castello di Voltorno.
Pline, l. III. c. v. dit, Vulturnum oppidum cum amne. Tite-Live parle du fleuve, l. VIII. c. xj. l. X. c. xx. & l. XXII. c. xiv. & il nous apprend, l. XXV. c. xx. que dans la seconde guerre punique, on bâtit à l’embouchure de ce fleuve un fort qui devint dans la suite une ville, où l’on conduisit une colonie romaine. Varron, de ling. lat. l. IV. c. v. écrit Volturnum, & donne à la ville le titre de colonie : colonia nostra Volturnum. L’ortographe de Plutarque differe encore davantage : car il écrit Vaturanus, οὐατεράνος, à ce que dit Ortélius. (D. J.) | [
"Q572191"
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UXACONA | v17-1106-0 | UXACONA, (Géog. anc.) ou bien Usacona, Usocona, Usoccona, car les manuscrits varient ; c’est une ville de la grande-Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque sur la route du retranchement à Portus Rutupis, entre Uroconium & Pennocrucium. Camden croit que c’est présentement le village Okenyate, dans la province de Shrewsbury, au pié de Wreken-Hill. | [
"Q1665205"
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UXAMA-ARGELLÆ | v17-1107-0 | UXAMA-ARGELLÆ, (Géog. anc.) & dans Pline tout simplement Uxama ; ville de l’Espagne tarragonoise. Ptolomée, l. II. c. vj. la donne aux Arévaques. Uxama se nomme aujourd’hui El Borgo d’Osma, bourg de la vieille Castille, sur le bord du Duéro. D. J.) | [
"Q6158255"
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UXANTISSENA | v17-1108-0 | UXANTISSENA, (Géog. anc.) isle de la mer Britannique. L’itinéraire d’Antonin la met au nombre des isles qui étoient entre les Gaules & la grande-Bretagne. Les manuscrits & les exemplaires imprimés varient beaucoup dans l’orthographe de ce nom. Les uns portent Uxantissena, & les autres Uxantisina, Uxanisina, Usantisina, Vixantissima, Usantisma, Usantisana, Exantisma. Tous ces mots sont corrompus, & outre cela, de deux isles ils n’en font qu’une. Isaac Vossius à fort bien remarqué dans ses observations sur Pomponius Mela, l. III. c. vj. qu’il falloit lire dans l’itineraire d’Antonin Uxantis-sina. Camden & M. de Valois avoient eu l’idée de cette correction. L’isle Uxantis, l’Axantos de Pline, est présentement l’isle d’Ouessant, & Sina est l’isle des Saints, vis-à-vis de Brest. (D. J.) | [
"Q16685979",
"Q228472"
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UXELLODUNUM | v17-1110-0 | UXELLODUNUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule aquitanique. César, l. VIII. c. xxxij. la place chez les Cadurci, & dit que c’étoit une ville fortifiée par la nature : quelques autres auteurs ont voulu que ce fût la capitale des Cadurci, mais c’est une erreur, la capitale de ces peuples étoit Divona, aujourd’hui Cahors. D’ailleurs, comme César dit qu’Uxellodunum étoit sous la protection de Luterius, prince des Cadurci, cela ne conviendroit pas à la dignité de la capitale de tout un peuple.
Selon Papire Masson, de fluminib. Franciæ, pag. 574. Uxellodium étoit à 7 lieues au-dessous de Cahors, dans un lieu nommé aujourd’hui Podium Xolduni, vulgairement le Peuch d’Usselou, ou le Peuch d’Usseldun, parce que c’est un lieu élevé ; & Cadenac ou Capdenac tient la place de l’ancienne Uxellodunum. On voit encore aujourd’hui tout près de Cadenac, la fontaine dont César fait mention, & des ruines de l’ancienne ville. (D. J.) | [
"Q1290232"
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UXENTUM | v17-1111-0 | UXENTUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans la Calabre & dans les terres. Ptolomée, l. III. c. j. la donne aux Salentins. C’est, selon Léander, Usento, qu’on écrit aussi Ugenti & Ogento. (D. J.) | [
"Q52216"
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UXIENS, les | v17-1112-0 | UXIENS, les, (Géog. anc.) Uxii, peuples d’Asie dans l’Elymaïde. Arrien, in Indic. c. xxxx. qui donne une grande étendue à la Susiane, les place dans cette contrée : Susiorum gens quædam superne accolit, Uxii vocantur. Un manuscrit porte, Susiorum alia gens, parce que les Susiens étoient partagés en diverses nations.
Le même Arrien, de exped. Alex. c. xvij. dit qu’Alexandre étant parti de Suze avec son armée, & ayant passé le Pasitigris, entra dans le pays des Uxiens ; on lit la même chose dans Quinte-Curce, l. IV. c. iij. de sorte que les Uxiens habitoient au-delà de Pasitigris, & aux confins de la Perside propre. Le Pasitigris prenoit sa source dans les montagnes des Uxiens, selon Diodore de Sicile, l. XVII. c. lxvij.
Gronovius, ad Arian. p. 355. a remarqué qu’il y avoit deux nations différentes d’Uxiens ; l’une qui habitoit dans la plaine, & qui étoit soumise aux Perses ; l’autre qui habitoit les montagnes, & qui se maintenoit en liberté. Diodore de Sicile, l. XVII. c. lxvij. entend parler de la premiere, lorsqu’il dit que le pays des Uxiens est très-fertile, & arrosé de quantité d’eaux ; ce qui lui faisoit produire toutes sortes de fruits en abondance. Strabon, l. XV. p. 729. parle de la seconde nation, c’est à-dire, de celle qui habitoit les montagnes, & il dit qu’on trouveplusieurs détroits de montagnes, en passant chez les Uxtens, près de la Perside. Le même auteur donne au pays le nom d’Uxia, & ajoute que les peuples étoient de grands voleurs : caractere que leur attribue aussi Pline, l. VI. c. xxvij. qui les appelle Oxii. Dans Diodore de Sicile, l. XVII. c. lxvij. le pays des Uxiens est appellé Uxiana, l’Uxiane. (D. J.) | [
"Q11954148"
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UXISAMA | v17-1113-0 | UXISAMA, (Géog. anc.) Strabon, l. I. p. 64. dit que Pithéas nommoit ainsi la derniere des isles qu’il mettoit sur la côte du promotoire des Ostidamniens, autrement nommé Calbium, & qu’il la plaçoit à trois journées de navigation. Si on pouvoit certainement compter sur le rapport de Pithéas, l’île Uxisama seroit la plus occidentale des Açores ; cependant Strabon déclare que les Ostidamniens, le promontoire Celbium, l’ile Uxisama & toutes celles que Pithéas mettoit aux environs, n’avançoient point vers l’occident, qu’au contraire elles avançoient vers le septentrion, & n’appartenoient point à l’Espagne, mais à la Celtique, ou plutôt que c’étoit autant de fables que Pithéas avoit débitées.
M. Paulmier de Grentemesnil, Exercit. ad Strabon, l. II. a eu raison de sauver l’honneur de Pithéas, en disant que l’ile qu’il mettoit la derniere de toutes, à trois journées de navigation du promontoire Celbium, ou des Ostidamniens, pourroit être l’île Uxantos, aujourd’hui l’ile d’Ouessant, & que Pithéas ne l’avoit pas imaginée, comme l’en accuse Strabon. Enfin, Pithéas seroit à couvert de toute critique, si on pouvoit supposer qu’il eût connu les îles Açores, comme Ortelius semble en être persuadé ; ce qu’il y a de sûr, c’est que Strabon n’a jamais rendu justice à Pithéas. (D. J.) | [
"Q16685979"
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UZEDA ou UCEDA | v17-1115-0 | UZEDA ou UCEDA, Géog. mod.) ville d’Espagne dans la nouvelle Castille, à 7 ou 8 lieues au nord d’Alcala ; c’est le chef-lieu d’un duché. Long. 14. 30. latit. 40. 51. (D. J.) | [
"Q1641757"
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UZEGE | v17-1117-0 | UZEGE, (Géog. mod.) petit pays de France, dans le bas-Languedoc. Une partie de ce canton est couverte de montagnes, mais la plaine produit abondamment de blé & de bons vins ; ce pays a quelques manufactures de sole & de laine, il tire son nom d’Uzes, son chef-lieu. (D. J.) | [
"Q119792012"
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UZEL | v17-1118-0 | UZEL, (Géog. mod.) petite ville de France, en Bretagne, au diocèse de S. Brieux, dont elle est à 8 lieues, avec un bailliage & une châtellenie. Il s’y fait quelque commerce en toiles. Long. 14. 42. latit. 48. 15. (D. J.) | [
"Q728614"
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UZERCHE | v17-1119-0 | UZERCHE, (Géog. mod.) en latin barbare Uzerca ; petite ville de France, dans le bas-Limousin, au diocèse & à 11 lieues sud-est de Limoges, & au midi de Brive sur la Vezère. Elle n’a qu’une rue bordée d’assez jolies maisons, & une abbaye d’hommes de l’ordre de saint-Benoît. Longit. 19. 20. latit. 46. 24.
Grenaille (François de) né à Uzerche l’an 1616, entra d’abord dans l’état monastique, & le quitta bientôt après. Il fit plusieurs petits livres francois qui ne valent pas grand’chose. Voici ce qu’on en dit dans le Sorbériana. p. 150.
« Il y avoit à Paris un certain Grenaille, sieur de Chateaunieres, limousin, jeune homme de 26 ans, qui décocha tout-à-coup une prodigieuse quantité de livres, dont il nomma les uns, l’honnête fille, l’honnête veuve, l’honnête garçon ; les autres la bibliotheques des dames. Dans les plaisirs des dames, ce que je trouvois de louable, étoit qu’apparamment un homme de cet âge avoit demeuré dans le cabinet, & s’étoit abstenu de plusieurs débauches pour composer des livres ; mais au-reste les bonnes choses y étoient fort rares, & ce qu’il y en avoit de bonnes avoient été déja dites si souvent, que ce n’étoit pas grande gloire de les répéter : le style étoit assez fade, & faisoit juger de l’auteur, qu’il n’écrivoit que pour écrire. Son livre des plaisirs des dames est divisé en cinq parties, du bouquet, du bal, du cours, du concert, de la colation. D’abord il traite la question, si c’est le bouquet qui orne le sein, ou si au-contraire, c’est lui qui emprunte de lui toute sa grace ; sur quoi il juge en faveur du dernier, estimant que des deux hémispheres de la gorge d’une dame, il sort une influence qui anime le bouquet, & le rend non-seulement plus beau, mais de plus de durée.
« C’est, continue Sorbiere, de ces belles pensées qu’il espere l’immortalité, ayant paré le frontispice de tous ces livres de sa taille-douce, avec l’inscription orgueilleuse : Hâc evadimus immortales ». M. Guéret ne lui pardonne pas dans sa guerre des auteurs. « On veut bien vous laisser, dit-il, votrerelation de la révolution du Portugal, à la charge d’en ôter votre portrait, dont l’inscription est trop fanfaronne pour un auteur comme vous. Si vous n’y aviez marqué que le lieu de votre naissance, & que vous vous fussiez contenté d’y joindre, que vous vous êtes fait moine à Bordeaux, & que vous jettâtes le froc à Agen, on l’auroit souffert : mais vous y ajoutez que vous vous êtes rendu immortel à Paris ; c’est un article qui n’a rien de la vérité des trois précédens, & sous le bon plaisir d’Apollon, il sera rayé. (Le chevalier de Jaucourt.) » | [
"Q201906",
"Q930264"
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UZÈS, ou Usès | v17-1120-0 | UZÈS, ou Usès, en latin, Ucecia, Ucetia, castrum Ucesence, petite ville de France, dans le bas-Languedoc, à 6 lieues au nord de Nîmes, à 9 au couchant d’Avignon, & à 150 de Paris. Elle a un évêché établi dès le v. siecle, & qui est suffragant de Narbonne.
Cet évêché vaut environ vingt-cinq mille livres de rente, & son diocèse ne comprend que 181 paroisses. La vicomté d’Uzès a été érigée en duché en 1565, & en pairie pour Jacques de Crussol, duc d’Uzès en 1572. L’aîné de cette maison, est en cette qualité le premier pair laïc du royaume, mais il n’est pas le premier duc, car le duché de Thouars fut érigé en 1563.
Uzès a eu depuis le xj. siecle des seigneurs particuliers, tantôt nommés decani, & tantôt vicomtes. Cette ville avoit de grands privileges, dont elle a été dépouillée à cause de son vieil attachement au calvinisme. On a trouvé dans cette ville & aux environs quelques inscriptions antiques, que M. Lancelot a recueillies dans les mémoires de l’académie des belles-lettres, l. VII. in-4°. Le territoire produit du blé, de l’huile, des soies & de bons vins ; le commerce y florissoit autrefois. Long. 22. 6. latit. 41. 4.
Je connois trois ou quatre hommes de lettres nés à Uzès. Charas (Moïse) qui se distinguoit dans la pharmacie, étoit natif de cette ville. Il eut le mal-heur étant à Madrid, d’être déféré à l’inquisition, & contraint pour sortir des prisons, d’abjurer la religion qu’il croyoit la meilleure. De retour à Paris, il fut reçu de l’académie des sciences, & mourut en 1698, à 80 ans.
Croi (Jean de), en latin Croius, étoit d’Uzès, où il mourut en 1659, pasteur des calvinistes de cette ville. Son principal objet est intitulé, Observationes sacra & historia in novum Testamentum.
Le Mercier (Jean), en latin Mercurus, savant protestant, & l’un des plus habiles hommes de son tems dans la connoissance des langues greque, latine, hébraïque & chaldaïque. Il succéda à Vatable dans la chaire d’hébreu au college royal de Paris, & mourut à Uzès sa patrie en 1572, à 63 ans. Ses commentaires sur le vieux Testament sont estimés, sur-tout ceux qu’il a faits sur Job & sur les livres de Salomon. Son fils Josias le Mercier marcha sur ses traces en matiere d’érudition. Il mourut en 1526, & a eu pour gendre l’illustre Saumaire.
C’est encore à Uzès qu’est mort en 1724 (Jacques) Marsollier, chanoine régulier de sainte Génevieve, connu par plusieurs histoires bien écrites ; entr’autres par celle de l’inquisition ; par la vie du cardinal Ximenès, & par celle d’Henri VII. roi d’Angleterre ; ce dernier ouvrage passe pour le meilleur qu’il air fait. (Le chevalier de Jaucourt.) | [
"Q216966",
"Q3327030",
"Q114735542",
"Q6171180",
"Q21544247",
"Q52154099"
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WACHTENDONCK | v17-1124-0 | WACHTENDONCK, (Géog. mod.) petite ville des Pays-bas, dans la province de Gueldres, à 2 lieues au midi de la ville de Gueldres ; elle est environnée de marais, qui font toute sa force. Quelques historiens rapportent que c’est devant cette place qu’on s’est servi de bombes pour la premiere fois en 1588. Un incendie brula la meilleure partie de cette ville en 1708, & consuma sa cathédrale. Long. 23. 60. latit. 51. 22. (D. J.) | [
"Q243139"
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Subsets and Splits